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- Saint-Étienne-Caen (2-1)
Stairway to Neven
Dernière recrue hivernale de Saint-Étienne, le solide et tout terrain Neven Subotić devrait beaucoup apporter aux Verts. Grâce à sa grande expérience, sa dimension athlétique impressionnante et son caractère de guerrier.
Yann M’Vila, Paul-Georges Ntep et Neven Subotić. Ils étaient tous les trois là. Alignés ensemble pour la première fois. Et comme un symbole, Saint-Étienne s’est imposé, malgré l’ouverture du score de Caen. Le premier a sobrement fait son taf, le deuxième a été l’auteur de l’égalisation, et le troisième, peut-être le meilleur homme de champ du onze vert avec Kévin Monnet-Paquet, a tenu la baraque derrière. De bons présages ? Peut-être. En tout cas, tous ceux qui ne supportent pas l’Olympique lyonnais ont envie d’y croire. Croire en un avenir un peu plus serein. Croire à ce nouvel ASSE. Croire à ce mercato hivernal joliment organisé et bien plus rafraîchissant que l’état de santé sportif du club – même s’il faut bien évidemment attendre pour le qualifier de bon. Croire en ses recrues. Croire, en particulier, à la dernière arrivée qui n’a pas coûté un centime. Car elle offre de belles promesses sur le papier.
Neven #Subotic est officiellement qualifié pour #ASSESMC ! L’international serbe aspire à faire partie du groupe de joueurs que convoquera pour la rencontre Jean-Louis Gasset. #ASSE pic.twitter.com/SZYACqF99V
— AS Saint-Etienne (@ASSEofficiel) 26 janvier 2018
Le calme après la tempête
Subotić, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a donc décidé de quitter son Allemagne adoptive et sa rigueur rassurante pour la France voisine et son dangereux charme. Ne tournons pas autour du pot : d’une certaine manière, ce transfert excite. Pourquoi ? Parce que le défenseur aux trois nationalités (serbe, américaine et bosnienne) n’est pas né de la dernière pluie. À 29 ans – il les a eus le mois dernier –, le défenseur en connaît même un rayon quand il est question de météo. Après avoir fui l’orage de sa Yougoslavie en guerre pour les États-Unis quand il était enfant, l’arrière central s’est acheté une place au soleil, quoiqu’un peu ombragée, dans le monde du ballon rond.
Sa formation achevée au South Florida Bulls, le voilà qui fait le grand pas européen en rejoignant Mayence à peine sa majorité arrivée. Le temps d’un match, l’immense jeune homme (1,93 mètre) y découvre une Bundesliga faite pour lui, avant de sortir une grosse saison au sein de l’échelon inférieur sous les ordres de Jürgen Klopp. Ni une ni deux, l’entraîneur allemand le coince dans sa valise à 4,5 millions d’euros quand il est nommé à la tête du Borussia Dortmund en 2008. Suivront alors cinq saisons de beau temps qui le voient être élu dans le onze type du championnat (2008), soulever le titre de champion à deux reprises (2011 et 2012) ainsi qu’une coupe nationale (2012), et connaître une épopée sensationnelle en Ligue des champions, seulement stoppée par le Bayern Munich sur la dernière marche (2013).
Coup de foudre
Un vécu du haut niveau qui plaît énormément à Jean-Louis Gasset, son nouvel entraîneur : « Neven Subotić est un grand professionnel. Il va nous amener de l’expérience. Il a l’habitude des grands matchs, de la pression. Il a joué une finale de Ligue des champions… C’est quelqu’un qui va amener de la sérénité et de la confiance aux autres joueurs. » Mais alors, comment expliquer que le chevelu se retrouve aujourd’hui dans le Forez, un lieu qui n’a plus connu la C1 depuis 1977 ? C’est bien simple : à partir de novembre 2013, de mauvaises herbes sont venues polluer le jardin de Neven.
D’abord, il se rompt le ligament croisé du genou droit. Blessure qui l’éloigne des terrains autant qu’elle lui montre les limites, jusque-là inconnues, de son imposante carcasse. Un an plus tard, le natif de Yougoslavie se brouille avec Dick Advocaat, son sélectionneur, mettant un terme officieux à sa carrière internationale. Les années suivantes, Subotić peine pour retrouver son niveau de jeu, jusqu’à atterrir à Cologne, en 2017, où il ne dispute que douze rencontres en tout et pour tout. Son retour à Dortmund cette saison tourne au fiasco (quatre titularisations toutes compétitions confondues) et le bonhomme préfère quitter le pays avant que son image de solide footballeur ne soit définitivement écornée.
L’arc-en-ciel pour bientôt ?
Pas super en forme actuellement, le Subotić ? Sans doute. Encore que sa prestation de samedi incite à l’optimisme. De toute façon, celui qui a demandé conseil auprès de Pierre-Emerick Aubameyang quand la question de sa signature à l’ASSE s’est posée conserve une qualité que personne ne pourra lui enlever et qui devrait lui permettre d’aider Sainté à court terme : la combativité. Raison pour laquelle il s’est engagé dans l’Hexagone, chez des Verts en galère : « La L1 est un championnat très athlétique, l’un des meilleurs. Je sais qu’en France, généralement, il y a de belles batailles physiques. J’aime particulièrement les championnats où les qualités physiques priment. J’affectionne le combat.(…)Je n’ai pas regardé seulement les derniers matchs du club. Je vois plus loin. En Allemagne, je ne connais pas un club qui ait connu la même stabilité que l’ASSE. Le classement actuel n’est pas significatif. Quand j’ai commencé au BvB, nous étions 13e. Puis nous avons fini 6e, puis en Ligue des champions. J’aime ça. Je suis quelqu’un qui cherche les challenges, les défis. » Un discours qui sent bon le renouveau du printemps.
Par Florian Cadu
Propos tirés de conférence de presse