Stade Rennais : attention à la marche !

On commence à connaître la chanson. Le premier couplet évoque un potentiel d’outsider. Le deuxième, sa lente montée en puissance. Le troisième, tout en crescendo épique, la possibilité d’un titre ou d’une qualif’. Recette éprouvée, le tube s’acclimate à toutes les saisons : hit d’un printemps où bourgeonnent les espoirs, mélodie doucereuse pour réchauffer un hiver glacial, single solaire pour éclairer le début d’un automne, voire comme aujourd’hui, pour s’offrir un rab’ d’été indien. Rennes, sur la route de la Ligue des Champions… Dans son édition du dimanche, L’Equipe va même jusqu’à demander à ses lecteurs si la plus haute marche pourrait s’offrir aux Rouge et Noir.

A se fier au bilan comptable, l’interrogation n’a rien d’incongru. Trois victoires, trois matches nuls, c’est ce qu’il est coutume de qualifier de parcours de champion. Ou presque. Car pour accrocher la Ligue des Champions, il faut désormais tourner à une moyenne de… champion, une exigence qui ne permet pas les creux saisonniers. Le retour des gros aux affaires, depuis un an, a pour corollaire une cadence toujours plus élevée à soutenir. Alors, l’équipe d’Antonetti peut-elle réussir là où ses devancières ont échoué dans des circonstances plus favorables ?

Les indices donnés par les Leroy and co. indiquent tout et son contraire. A l’exception d’une partie suffocante à Nice, Rennes a toujours dominé son sujet. Rennes a marché sur l’OM, le prétendu favori pour le titre, Rennes a surclassé Lens à Bollaert pendant les 45 premières minutes façon big boss, mais ni les sudistes, ni les nordistes ne se sont soumis à la loi des hommes de l’Ouest. Avec ces deux nuls convertis en victoires, Rennes pointerait en tête de la Ligue 1 en compagnie de Bordeaux. Mais avec des si, le Stade Rennais aurait déjà cumulé les participations en Ligue des Champions et gagné la Coupe de France 2009.

Au-delà des scenari des rencontres et de leurs dénouements divers, Rennes, disposé cette saison en 4-3-3, avec trois véritables attaquants, fait peser la menace dans la surface adverse de façon bien plus prégnante que sous l’ère Guy Lacombe. Toutefois, les Bretons marquent peu. Travers corrigé à Grenoble certes, mais face à une équipe trop affaiblie pour y voir du significatif.

L’an dernier, le Stade Rennais s’était affirmé comme un prétendant aux plus hautes places après un déplacement à Chaban-Delmas. Avec un impact physique chabalien, les hommes de Lacombe avaient fait plier le futur champion de France, sans le faire rompre toutefois (1-1). Face à un onze de Laurent Blanc parfaitement rodé, qu’en sera-t-il cette année ? Le déplacement en Gironde étant programmé pour dimanche prochain, la Ligue 1 pourra mesurer la véritable force de ces Rouge et Noir version Antonetti.

L’an dernier, dans la dernière ligne droite du championnat, le Stade Rennais avait flanché, pénalisé par les absences de longue durée de Jimmy Briand et Kader Mangane. Cette saison, Rennes n’a pas encore sorti tous les atouts qui pourraient l’aider à perdurer dans les hautes sphères : en décembre, Jimmy Briand fera son retour dans l’effectif, et le nouveau débarqué, Alexander Tettey, parfait mix, au moins physique, entre Michael Essien et John Obi Mikel, n’en est encore qu’au stade de la prise de marques. Autre joker, Mickaël Pagis. Mis au pain sec depuis le début de saison, l’attaquant taciturne a connu ses premières minutes de liberté à Grenoble, et régalé illico le Stade des Alpes d’un virtuose échange Kung-fu Panda avec Leroy.

A Bordeaux, Rennes passera un examen décisif face à une équipe invaincue à domicile depuis le 7 octobre 2007. Un véritable test pour son édifice défensif, perçu comme l’un des plus robustes, mais qui a tout de même réussi à en prendre deux à Lens, dont un à onze contre dix… Un test aussi pour Gyan. Le Ghanéen a retrouvé la confiance mais peut-il devenir le buteur providentiel qui manque au Stade Rennais depuis le départ d’Alex Frei ? L’an passé, le meilleur réalisateur rennais se nommait Moussa Sow (9 buts). Surtout l’occasion de voir, dans un championnat où la qualif’ en C1 passera forcément par la capacité à sortir de l’ordinaire, si Rennes a les tripes pour forcer son destin. Mais attention à la marche, pour ne pas faire un nouveau bide.