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Stade national belge : récit d’un gâchis (in)évitable

Par Julien Duez, à Bruxelles
Stade national belge : récit d’un gâchis (in)évitable

L’UEFA a tranché : Bruxelles ne sera pas ville-hôte de l’Euro 2020. Envolés les trois matchs de poule (en plus du match d’ouverture) et le huitième de finale promis à la capitale belge, qui n’a, depuis trois ans, pas été capable de trouver une solution à l’épineux problème de son stade national. Retour sur un feuilleton cauchemardesque où l’absurde a été le maître-mot.

Six heures. C’est le temps qu’il aura fallu à l’UEFA pour communiquer sa décision. Réunie à dix heures ce jeudi, la commission qui a hérité du dossier a donné la nouvelle en milieu d’après-midi. Froide, implacable, sans appel. Bruxelles a perdu son statut de ville-hôte de l’Euro 2020. En cause : l’incapacité de la Belgique à faire sortir de terre l’Eurostadium, une nouvelle enceinte moderne de 60 000 places qui aurait dû accueillir les cinq matchs promis à la capitale belge. Contrairement aux rumeurs, ce n’est pas Stockholm, mais Rome qui hérite du match d’ouverture, tandis que Wembley, déjà titulaire des deux demi-finales et de la finale, récupère les quatre rencontres restantes, y compris un huitième de finale.

Le vieillissant stade Roi-Baudouin (où s’est déroulé le drame du Heysel en 1985) n’étant plus aux normes pour accueillir un tournoi international, il fallait donc une nouvelle arène correspondant aux standards du football moderne. Or, depuis la répartition des matchs de l’Euro 2020 en septembre 2014, la première pierre n’a toujours pas été posée. Pire encore, le consortium Ghelamco-BAM, qui avait remporté l’appel d’offre un an plus tard, pour un chantier estimé à 315 millions d’euros, n’a même pas obtenu les permis nécessaires au démarrage des travaux.

Problème mauve et « bain de sang social »

Pour rentabiliser l’Eurostadium, il fallait lui trouver un club résident. Et cela tombait bien, puisque le Sporting Anderlecht souhaitait s’agrandir. Mais pas question de transformer le Parc Astrid, les riverains craignant une augmentation des nuisances sonores. On se décide alors pour un terrain appartenant à la région bruxelloise, mais situé en territoire flamand, dans la commune voisine de Grimbergen. Le lieu-dit du Parking C du plateau du Heysel possède toutes les qualités requises. Premier coup de théâtre, la direction du club mauve fait volte-face en déclarant qu’elle n’est plus en phase avec le projet proposé… avant de changer d’avis un mois après, en octobre 2015.

Un an et demi plus tard, en février 2017, nouveau coup de massue. Le Sporting d’Anderlecht déclare de nouveau ne plus être intéressé par le projet. Et cette fois-ci, sa décision est irrévocable. Il se murmure qu’un déménagement aurait provoqué un « bain de sang social » vis-à-vis des nombreux partenaires économiques implantés dans le quartier du Parc Astrid. Catastrophe. Comment rentabiliser l’Eurostadium si les seuls Diables rouges n’y jouent qu’une dizaine de fois par an ? Pendant ce temps-là, l’UEFA s’impatiente.

Brabant-Flamand et magouilles financières

Quelle logique y a-t-il à construire un stade bruxellois sur le territoire flamand ? Plutôt que de le détruire, ne serait-il pas possible de plutôt rénover le Roi-Baudouin, dont les coûts sont similaires à ceux de l’Eurostadium, les galères administratives en moins ? Une question sur laquelle s’écharpent les édiles politiques locaux. D’un côté, Alain Courtois, député libéral bruxellois, qui milite pour un nouveau stade dans la capitale depuis 1987. De l’autre, une flopée d’adversaires de tous bords, à commencer par des membres de son propre parti, qui vont jusqu’à dénoncer un dossier « mal torché et cochonné depuis le début par des amateurs » , à l’exemple du Premier ministre Charles Michel en conseil interne ce lundi. Le tout sans compter le ministre flamand de la mobilité Ben Weyts (membre de la N-VA, nationaliste et majoritaire), qui refuse de céder deux parcelles de terrain cruciales, mais appartenant à sa région et de donner son aval au dossier en l’absence de la garantie d’un club résident.

Quant à la province du Brabant-Flamand, où se situe Grimbergen, elle refuse de donner au groupe Ghelamco-BAM le permis environnemental, pointant les conséquences néfastes du projet en matière de mobilité et de pollution. Et comme si cela ne suffisait pas, une fonctionnaire de l’urbanisme du Brabant-Flamand a révélé ce lundi que le promoteur tentait de masquer la superficie totale de son projet, en réalité deux fois plus grand qu’annoncé et qui comprendrait quelque 20 000 mètres carrés de bureaux, sans aucun lien avec une quelconque activité footballistique. Quand les magouilles financières entrent dans la danse.

Mais à côté des politiques, il y a aussi les habitants de Grimbergen. Craignant les nuisances, ils se sont unis pour tenter de retarder l’échéance au maximum. Quitte à passer par les recours les plus absurdes. Comme ce chemin vicinal présent sur la carte du chantier et qui rend impossible toute modification du terrain. Or, ce chemin n’existe de facto plus depuis l’Exposition universelle de 1958, sauf qu’il n’a jamais été supprimé administrativement. En attendant, il faut… attendre. Mais devant tant d’amateurisme, l’UEFA a perdu patience.

Et demain ?

Il n’y aura pas de temps additionnel. Si Ghelamco-BAM assurait être capable de construire l’Eurostadium en tout pile un an et demi, soit pour le printemps 2019, l’absence d’avancées concrètes a fini par lasser. Une aubaine pour les partisans de la rénovation du stade Roi-Baudouin, qui continuent d’espérer la transformation du site en un grand complexe sportif moderne, pas seulement réservé au football. Car sur le Heysel se tient aussi chaque année le Mémorial Van Damme, l’un des plus importants meetings d’athlétisme de la Diamond League. Et si la piste du stade ne faisait pas vraiment débat à l’époque où les Diables rouges squattaient les tréfonds du classement FIFA, elle est aujourd’hui devenue incompatible avec le spectacle attendu lors des matchs de l’équipe nationale.

Alors quid désormais ? Alain Courtois le martèle, Euro 2020 ou pas, il y aura un nouveau stade à Bruxelles, sans quoi il sera impossible de continuer d’accueillir des compétitions internationales. Mais après le fiasco de l’Eurostadium, la Belgique va faire face à une crise de confiance, la faute aux imbroglios administratifs, communautaires et linguistiques dont elle est coutumière. Au fond, rien ne change vraiment, mais la situation actuelle est bien paradoxale au vu des performances des Diables, derniers ambassadeurs crédibles d’un pays qui semble incapable de moderniser son sport.

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