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Sporting-Porto, duel pour des miettes
Le championnat portugais est plié. C'est en tout cas l'avis de José Mourinho, invité à donner son avis sur la Liga Sagres. Derrière, il reste encore un peu de suspens entre le Sporting, deuxième, et le FC Porto, troisième. Deux points séparent les formations qui vont livrer une bataille pour la place de dauphin dans une ambiance particulière...
« Le classico de dimanche ne nous intéresse pas. » Jorge Jesus a beau dire son indifférence envers le Sporting-Porto à venir, il ne fait aucun doute qu’il suivra la rencontre entre ses deux ennemis dimanche soir. Le tout en priant pour un match nul qui repousserait Lions et Dragons à neuf et onze longueurs du trône. Interrogé par A Bola, José Mourinho estime pour sa part que le classico n’aura aucune influence sur le dénouement de la Liga Sagres : « Le titre est pour Benfica. » Au vu du niveau de jeu pratiqué par les trois premiers du championnat, il est difficile de ne pas donner raison au Special One. Dimanche, le Sporting et Porto se battront donc pour des miettes. Mais des miettes qui valent de l’or. Le triple champion en titre a besoin de victoires pour retrouver une confiance perdue en février, tandis que le Sporting veut assurer sa présence en Ligue des champions, fait inédit depuis 2008-2009. À l’époque, les Leos avaient quitté la scène européenne après s’être fait rouler dessus par le Bayern Munich (12-1 sur les deux matchs). Une bonne raclée qui fêtait ses cinq ans ce mardi.
Bruno de Carvalho en croisade contre l’arbitrage
Évidemment, personne n’a célébré ce triste anniversaire du côté d’Alvalade. D’une parce que c’est le genre de souvenir dont les supporters léonins se seraient bien passés, et de l’autre parce qu’ils ont la tête ailleurs. Leur président, Bruno de Carvalho, est en croisade contre l’arbitrage portugais depuis le week-end dernier et un match nul 2-2 concédé sur la pelouse de Setúbal à l’issue d’une partie entachée par de nombreuses erreurs commises par l’arbitre Vasco Santos. Deux pénaltys imaginaires (dont un pour le Sporting), un but invalide en faveur de Setúbal et un pion injustement refusé à Adrien Silva ont coûté la victoire et peut-être le championnat aux hommes de Leonardo Jardim. Il n’en faut pas plus pour provoquer l’ire du président du Sporting qui demande réparation. D’après lui, les sept points de retard qu’accuse son équipe sur Benfica sont le fruit d’erreurs d’arbitrage et il est prêt à se battre sur le terrain de la justice pour obtenir gain de cause, comme en témoigne le communiqué pondu par le club.
« Le Sporting annonce qu’il a demandé à ses services juridiques de poursuivre tous les responsables de l’arbitrage effectué l’année dernière ayant contribué à ce que le Sporting reste en dehors des compétitions européennes cette année, et qui sont cette saison responsables de la confiscation d’au moins 7 points dans le championnat national, ce qui, associé à l’attribution injustifiée de points aux adversaires du Sporting, explique le classement actuel du club. La Coupe du Portugal et la Coupe de la Ligue feront également l’objet d’analyses. » Un gros coup de pression auquel s’ajoutent des plaintes formulées auprès de l’UEFA et la FIFA ainsi que la volonté d’intégrer immédiatement des arbitres étrangers en Liga Sagres. En parallèle, les socios des Leões ont lancé le mouvement « Basta » ( « ça suffit » ), dont la première manifestation anti-arbitres – pacifique – aura lieu à côté du Estadio de Alvalade à quelques heures du coup d’envoi du classico. Ou comment mettre la pression sur M. Pedro Proença avant le match le plus important de la saison pour les deux équipes.
Les miracles de Luis Castro
Dans le clan « azul e branco » , on ne prête pas trop attention aux histoires d’arbitrage – même s’il est probable que Pinto da Costa ait déjà préparé une ou deux punchlines sur l’influence que les événements récents auront eu sur l’arbitrage du soir en cas de déconvenue. Et pour cause, le FC Porto se porte mieux depuis le départ de Paulo Fonseca. Son successeur, Luis Castro, comptabilise deux victoires en autant de rencontres, dont la dernière contre Naples en Europa League (1-0). Face aux Napolitains, la troisième meilleure défense portugaise a réussi à garder sa cage inviolée pour la première fois en sept rencontres. Laborieusement, certes, mais c’est suffisant pour redonner confiance à un quatuor défensif tétanisé à chaque fois que la pression montait ces derniers temps. De l’autre côté du terrain, Jackson Martínez sort lui aussi de l’ombre (deux buts sur les deux derniers matchs) à petits pas après avoir été le plus mauvais élément de l’équipe au mois de février.
Enfin, et c’est le plus important, le nouvel entraîneur semble avoir résolu en très peu de temps l’équation du milieu de terrain portista, la même qui a rongé Paulo Fonseca pendant son séjour sur le banc des Dragons. Luis Castro a laissé tombé le système à deux récupérateurs pour ne laisser que Fernando en 6. Juste devant lui, un relayeur, Steven Defour – qui joue enfin à son poste – et un créateur en la personne de Carlos Eduardo. Mais le Brésilien a du souci à se faire, car le prodige Juan Fernando Quintero revient comme une balle. Mis de côté par Fonseca, le Colombien a la cote auprès de Castro qui souhaite en faire, à terme, la pierre angulaire du FC Porto. En attendant, il devra se contenter du rôle de joker à l’instar de Nabil Ghilas, et dans une très moindre mesure Lica. C’est là le réel point fort de Luis Castro. Faire confiance à ses joueurs et faire tourner son effectif autant que possible malgré un banc limité. Il faut au moins cela quand on affronte deux fois Naples et le Sporting en l’espace de sept jours…
par William Pereira