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Spinosi : «Fier de représenter Marseille»
Laurent Spinosi, c'est un peu le Rémy Vercoutre des années 90. Remplaçant à l'OM, il était loué pour son état d'esprit, son côté boute-en-train. A la suite d'une blessure, le club lui proposa même un rôle d'entraîneur des gardiens. Pour beaucoup d'observateurs, il n'est bon qu'à faire des vannes avec Paganelli sur le bord du pré. Sauf que pendant le mondial, il ira piger avec la Côte d'Ivoire et Sven Goran Eriksson. Alors, encore une blague ?
Laurent, tout d’abord, tu viens d’être sacré champion de France avec l’OM. Toi qui a vécu de près tous les échecs précédents, comment le vis-tu ?
C’est sûr que là, je savoure. Et puis ce qui est bien, c’est qu’on a pris le temps de le sentir venir (rires). Depuis deux, trois ans, on voit que le club progresse de manière significative. Ce doublé, il fallait bien qu’il arrive. Cette année, on est champions trois journées avant la fin. Dans le groupe, depuis la victoire contre Lyon avec ce but en fin de match de Taïwo, il y a une confiance énorme. On s’est dit qu’on avait fait le plus dur et qu’on était partis pour triompher. Après, il y a toujours des gens pour nous reprocher de ne pas avoir gagné au panache, à la dernière journée, contre un concurrent direct. Mais personne ne veut ça. Les scénarios comme contre Lyon la saison dernière, ça suffit. Pour le panache, il y a la coupe de la Ligue, que l’on a gagnée contre Bordeaux. Et puis être sacré à l’avance, ça permet aussi d’être entre nous, de profiter de cette ambiance. Si tu gagnes à la dernière journée, le lendemain, tu pars en vacances. C’est dommage.
Des vacances, tu ne vas pas en avoir beaucoup. Tu vas rejoindre la sélection ivoirienne pour la coupe du monde. Comment ça s’est fait ?
Ça fait dix jours qu’ils m’ont contacté. Moi, j’étais loin de m’imaginer que c’était possible. En fait, ils ne savaient pas que l’OM était capable de me libérer. Basile Boli l’a dit à la fédération et à partir de là, ça s’est enchaîné : les adjoints, les responsables… Moi, j’étais tellement heureux que je n’ai pas pu tenir ma langue. J’en ai parlé autour de moi, c’est dans ma nature. D’ailleurs, les internationaux africains m’ont chambré. Taïwo, M’Bia, ils m’ont dit que ça ne servait à rien de prendre mes billets pour un mois. Avec le Brésil et le Portugal dans le même groupe… Mais c’est gentil, c’est pour chambrer.
C’est une belle revanche pour toi. En France, on te présente surtout comme un blagueur plus que comme un entraîneur.
Au début, j’accordais beaucoup d’importance à ça. J’étais vexé d’être systématiquement rabaissé, d’être vu comme le Marseillais de base. Et puis, avec le temps, je me suis dit que ce qui compte, c’est d’avoir la reconnaissance des gens du club. A Marseille, il y a eu des entraîneurs de renom qui sont passés par là, des gardiens internationaux avec Fabien (Barthez), Mandanda et Carrasso. Cette année encore, voir quelqu’un comme Guy Stephan satisfait de mon travail, c’est une belle marque de respect. Je sais que changer une étiquette, c’est difficile. Les gens peuvent parler, ce n’est pas grave. Moi, je vais faire le mondial avec la Côte d’Ivoire, je vais représenter Marseille. C’est une fierté.
Sur place, tu vas retrouver une autre connaissance, Didier Drogba…
C’est un plaisir. Quand on l’a connu il y a six ans, on a vu quelqu’un de sain, qui aimait l’OM. C’est un détail mais il prenait soin de saluer tout le personnel du club. Il avait un mot pour chacun d’entre eux.
Le gardien de la sélection, Copa Barry, ce n’est pas le même niveau que Mandanda.
A la dernière CAN, on a beaucoup critiqué les gardiens africains. Copa Barry, il joue quand même en Europe, et ça fait un moment qu’il est là. Je vais essayer de lui apporter mon vécu. Il n’y a pas de secret, on va travailler dès les premiers jours. Et si jamais sur place, je suis impressionné par un joueur, j’hésite pas, j’appelle Deschamps.
Romain Canuti, qui remercie Claude Medam.
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