- Qualifs Euro Espoirs 2019
- France-Luxembourg
Souviens-toi… le printemps 2006
Tout va bien pour l’équipe de France. Après avoir vu les grands décrocher la deuxième étoile en Russie cet été, les Bleuets, qui accueillent ce mardi soir le Luxembourg à Strasbourg (20h45), se sont déjà qualifiés sans forcer (8 victoires en 8 matchs) pour l’Euro Espoirs 2019. Une première depuis 2006 et la fin d’une longue succession d’échecs retentissants. À l’époque, le sélectionneur s’appelait René Girard, le taulier de la défense Grégory Bourillon, Yoann Gourcuff et Jérémy Toulalan brillaient dans l’entrejeu et Bryan Bergougnoux faisait trembler les filets. Récit.
C’est la fin d’une époque. Pour la première fois depuis douze ans, les Bleuets vont enfin pouvoir participer à un championnat d’Europe du 16 au 30 juin prochain en Italie et à Saint-Marin. La récompense d’un sans-faute pour l’équipe de Sylvain Ripoll, invaincue depuis le début des éliminatoires. Mieux encore, les Espoirs ont gagné leurs huit matchs et dominent le groupe 9 sans aucune contestation possible. Une énorme satisfaction avant de conclure leur campagne à domicile contre le Luxembourg et la Slovénie. Surtout que cette qualification met fin à un enchaînement de fiascos. Des échecs retentissants, dont certains sont restés gravés dans la mémoire collective. La liste est longue, trop longue : une élimination contre Israël en 2006 pour la génération de Benzema et Nasri, une défaite à la dernière minute contre l’Allemagne en 2008, une prestation insipide face à la Belgique en 2009, un revers historique en Norvège (5-3) après la fameuse virée nocturne de Griezmann et compagnie en 2012, la vengeance des Suédois après le chambrage de Kurzawa en 2014 et une deuxième place derrière la Macédoine en 2016. Ouf, c’est la fin d’une bonne décennie de galères pour les Bleuets, enfin de retour au premier plan. Mais au fait, ça s’était passé comment à l’Euro 2006 ?
Les terreurs de la phase de poules
Pour l’événement qui se déroule au Portugal, le sélectionneur convoque vingt-deux joueurs. Dans les cages, le très prometteur Steve Mandanda est le gardien titulaire derrière une charnière centrale 100% rennaise composée de Grégory Bourillon et Jacques Doudou Faty. Au milieu de terrain, c’est très prometteur entre Julien Faubert, Mathieu Flamini, Rio Mavuba, Jérémy Toulalan ou encore le tout jeune Yoann Gourcuff. Régalade en perspective pour les attaquants Florent Sinama-Pongolle, Jimmy Briand, Yoann Gouffran et Bryan Bergougnoux. Une belle équipe sur le papier. Et sur le terrain, elle tient toutes ses promesses en phase de poules. Dans le groupe A, les Bleuets se retrouvent face à la Serbie-Monténégro, le Portugal et l’Allemagne.
Il en faut plus pour faire peur aux jeunots français qui raflent tout sur leur passage. Au grand bonheur du duo Thierry Roland-Frank Lebœuf, aux commentaires de chaque rencontre sur W9. Les Portugais sont les premiers à tomber devant la France de René. Un coup franc bien placé de Faubert sur la tête de Briand pour l’unique but du match, et « la voix du football » s’enflamme pour la première fois de la quinzaine. Dans la foulée, les Bleuets mangent l’Allemagne (3-0) avec des réalisations signées Sinama-Pongolle, Gouffran et Mavuba. Déjà qualifiés, ils se permettent de finir le travail proprement en disposant de la Serbie-Monténégro (2-0). Bergougnoux et Toulalan sont les buteurs. Trois succès en trois matchs, six buts marqués, aucun encaissé et un jeu plutôt séduisant. Qui dit mieux ? Personne. Les favoris sont dans la place.
La loi des Pays-Bas de Klaas-Jan Huntelaar
Sur leur route, les Bleuets doivent cependant faire face aux Pays-Bas dans le dernier carré. Les Hollandais se sont qualifiés de justesse au tour précédent, mais peuvent compter sur leur star : Klaas-Jan Huntelaar. L’attaquant de 22 ans sort d’une saison magistrale avec 33 pions en 31 matchs d’Eredivisie avec Heerenveen puis l’Ajax Amsterdam. Le natif de Voor-Drempt est un précoce et donne du boulot à la défense française. Cette dernière perd son invincibilité et craque par deux fois en première période. Un premier but signé Nicky Hofs (Feyenoord) en tout début de match et une merveille de lob d’Huntelaar sur Mandanda avant la pause. Chirurgical. Et cruel pour les ouailles de Girard.
Costauds dans la tête, les Bleuets ne s’avouent pas vaincus. Au retour des vestiaires, l’espoir vient d’un but de Faubert, avant que Bergougnoux, tout juste entré en jeu, ne vienne égaliser à la 85e minute. Les deux cracks remettent la France dans le droit chemin et offrent une prolongation inespérée. Un simple sursis puisque les Tricolores s’effondrent à nouveau : Faubert est expulsé pour un second carton jaune, et dans la foulée, Hofs claque son doublé pour donner la victoire aux Pays-Bas (3-2 ap). « Nous sommes montés en régime pendant le tournoi » , explique Huntelaar au site de l’UEFA. Difficile de le contredire, surtout que les Hollandais corrigent l’Ukraine en finale (3-0) avec deux pions de ce cher Klaas-Jan. Les Bleuets repartent, eux, la queue entre les jambes. Douze ans plus tard, Mandanda a fêté son titre de champion du monde après une victoire des Bleus contre les Pays-Bas. Et les Espoirs vont retrouver les joies d’un Euro. La boucle est bouclée.
Par Clément Gavard