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- Lyon-Ajax (3-1)
Souviens-toi le 24 février 2016…
Il y a quinze mois, l’OL quittait la Youth League en huitième de finale, lessivée par une Ajax où évoluait Dolberg, de Ligt et Van de Beek.
Que les choses soient claires : l’élimination de l’Olympique lyonnais en demi-finale de la Ligue Europa n’est certainement pas l’échec de sa formation. Dire ça coïnciderait à oublier que ce soir au Parc OL, six titulaires ont fréquenté le centre de formation du club rhodanien ces dernières années : Anthony Lopes, Mouctar Diakhaby, Maxime Gonalons, Corentin Tolisso, Nabil Fekir et Alexandre Lacazette. Voilà le genre de constat qu’on a envie de crier par la fenêtre en agitant un drapeau bleu blanc rouge pour saluer l’efficacité des centres de formation français. Pas sûr, toutefois, que cette statistique soit suffisante pour impressionner l’Ajax Amsterdam.
Joyeux anniversaire Laurent Ruquier !
Avant de valider leur ticket pour la finale du 24 mai prochain à Solna face à Manchester United, les Néerlandais ont certainement abordé l’échéance lyonnaise en s’appuyant sur une rencontre perceptible à l’aide d’un simple coup d’œil dans le rétro. C’était il y a moins de quinze mois. Le 24 février 2016, le 53e anniversaire de Laurent Ruquier est éclipsé par une vraie belle affiche : les U19 de l’Ajax débarquent à Lyon pour y disputer un 8e de finale de Youth League. Et s’il y en a un qui ne blague pas avec cette compétition, c’est Jean-Michel Aulas. Tranquillement installé dans un siège de camping au sommet d’une butte surplombant la pelouse, le président lyonnais a annoncé clairement que l’objectif était de succéder à Chelsea au palmarès et n’a manqué aucune rencontre de « l’épopée » lyonnaise. Autour du terrain 10 de la Plaine de Jeux de Gerland, l’atmosphère est d’une effervescence à faire pâlir n’importe quel Efferalgan. Dans le public, on trouve, en vrac, Sonny Anderson, Grégory Coupet et environ 200 Bad Gones. Noyés parmi les quelque 1200 spectateurs, David Friio est venu superviser pour Manchester United et Gilles Grimandi pour Arsenal. Parce qu’ils ont marché sur Valence, La Gantoise et le Zénith Saint-Pétersbourg en poule, les Lyonnais sont présentés comme légers favoris. 90 minutes plus tard, la baffe est monumentale : 0-3 pour l’Ajax. La manière est saisissante, les disciples de Cruyff ont avalé les hommes de Joël Fréchet. Sur le terrain, le n°69 et l’énergie de Gédéon Kalulu (le petit frère d’Aldo) dans son couloir gauche ravissent d’abord des supporters rhodaniens fiers de leur plaque d’immatriculation, mais tranchent rapidement avec onze soldats néerlandais au service de l’institution et numérotés de 1 à 11. Le gardien porte le n°1, l’arrière droit le 2, les centraux les 4 et 5, et ainsi de suite. Aucun ne fanfaronne avec un numéro de footballeur américain et c’est très bien comme cela.
Quasiment quinze mois après cette balade hollandaise, l’heure est venue de jeter un coup d’œil sur cette vieille feuille de match. Aucun des quinze Lyonnais présents cet après-midi-là ne figurait dans le groupe de Bruno Génésio ce soir. Côté Ajax, trois ont grandi plus vite que les autres. Donny van de Beek, soyeux nuémro 10 qui avait trompé Stanislas Lebongo et qui a secoué la barre transversale d’Anthony Lopes. Kasper Dolberg, qui avait impressionné avec son numéro 9 et qui a marqué à l’aller et au retour en 2017. Et enfin Matthijs de Ligt, qui avait seize ans à peine et déjà les muscles qui lui ont permis de s’offrir une sélection avec l’équipe des Pays-Bas A autant qu’un penalty à Alexandre Lacazette ce soir. Pas un hasard aussi de constater que Mouctar Diakhaby, forfait lors de cette rencontre de Youth League, a réalisé l’un des matchs les plus aboutis de sa carrière ce soir. Cette génération lyonnaise, qui avait coincé en quart de finale de la Gambardella contre Brest, n’est pas bonne à rien. Mais elle a grandi bien moins vite que son homologue amstellodamoise. Et ça, n’importe quel homme qui a un jour posé ses fesses sur un siège de camping le sait.
Par Matthieu Pécot