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Southampton, mauvais fournisseur ?
Depuis un an, Liverpool a balancé plus de 80 millions d'euros dans les caisses de Southampton pour quatre joueurs. Et à l'exception de Nathaniel Clyne cette saison, les recrues chèrement payées ont été soit en demi-teinte, soit totalement à la ramasse.
En un an, Liverpool a claqué plus de 60 millions de livres (82 millions d’euros) en transferts rien qu’en achetant à Southampton. Une habitude prise par Brendan Rodgers qui se disait que l’herbe était peut-être plus verte à St-Mary, et donc les joueurs plus en forme. Dejan Lovren, Adam Lallana et Rickie Lambert il y a un an, Nathaniel Clyne cet été. Difficiles à accepter en début de saison passée pour les supporters des Saints, ces mouvements n’inspirent plus forcément de regrets douze mois après. Car les recrues liverpuldiennes ont peiné à justifier les lourds investissements consentis par le board des Reds, et au moment de l’annonce de la signature de Nathaniel Clyne pour 17,5 millions d’euros, on a préféré répondre avec humour, à l’image de l’ancienne gloire de Southampton Francis Benali (311 matchs en 16 saisons), qui a twitté une photo de l’une de ses chaises de jardin avec un auto-collant aux couleurs de Southampton. Et dans le texte d’accompagnement, c’est clairement la fixette de Brendan Rodgers sur les Saints qui était épinglée : « J’ai lutté pour vendre en ligne cette chaise pendant des semaines, mais je viens juste de mettre ceci (un logo de Southampton ndlr) et Brendan Rodgers a fait une offre à 8 millions de livres ! » Un peu onéreux pour meubler son jardin.
Dejan Lovren (été 2014, 25 millions d’euros)
Hahahaha Rodgers’s face! Lovren is woeful. Remember when people thought he was better than Sakho… Dear god. pic.twitter.com/9Mrs2dwt7m
— PranceNation. (@ReeceKirk88) 18 Mai 2015
Il est arrivé à Liverpool en star, avec l’aura du futur taulier de la défense après une saison de haute volée à Southampton. Même Jamie Carragher l’a adoubé, persuadé que le Croate était le chaînon manquant dans la défense liverpuldienne. Un an plus tard, une autre ancienne gloire des Reds, Mark Lawrence – vainqueur de la Coupe des clubs champions 1984 – n’a pas hésité à dire au Liverpool Echo que la blessure de l’ancien Lyonnais contre Carlisle en League Cup était une bénédiction. Pourquoi tant de méchanceté à l’égard de celui qui a dû fermer son compte Instagram après un match particulièrement raté contre West Ham ? Parce qu’à Anfield, le manque d’assurance et d’intelligence de jeu du stoppeur sont en train d’avoir raison de la patience des supporters, lesquels réclament depuis des mois la titularisation de Mamadou Sakho. En 26 matchs de Premier League, 4 de Ligue des champions et 2 autres en Ligue Europa contre le Beşiktaş Istanbul la saison passée, Lovren a plus souvent étalé sa fébrilité chronique que son assurance entrevue dans le Sud de l’Angleterre. Lors de l’une de ses rares bonnes sorties, lors de l’élimination en Turquie, le Croate a conclu sa soirée avec un tir au but au-dessus de la barre qui scellait le sort des Anglais. Too much pour un joueur acheté 25 millions d’euros.
Adam Lallana (été 2014, 35 millions d’euros)
Cinq buts et trois passes décisives en Premier League, c’est loin d’être un fiasco pour un milieu de terrain. Mais quand on s’appelle Adam Lallana et qu’on a rejoint Liverpool pour 35 millions d’euros, c’est d’autant plus léger que l’international anglais n’a pas su peser dans le parcours européen raté des siens en Ligue des champions. Ancien défenseur des Reds, Steve Nicol n’a pas hésité à dire de l’ancien Saint qu’il « n’avait rien montré en douze mois à Anfield » . Un constat sévère qui souligne l’écart entre les attentes suscitées par l’international anglais et son rendement. Perturbé par plusieurs blessures, pas forcément à son avantage dans les grands matchs, son cas divise les supporters, certains voyant en lui un merveilleux joueur capable de prouesses techniques, d’autres préférant comparer son rapport qualité-prix à celui d’André Ayew. Après un retour à la compétition convaincant en Ligue Europa contre Bordeaux, Lallana avait de lui-même admis qu’il devait « produire cette qualité de jeu de manière plus régulière » . À Liverpool, on espère désormais que Jürgen Klopp réussira à faire ressortir le potentiel endormi, mission dans laquelle Brendan Rodgers a échoué.
Rickie Lambert (été 2014, 6 millions d’euros)
À 32 ans, Rickie Lambert était clairement un pari pour Liverpool. Et son indemnité de transfert, 6 millions d’euros, une broutille dans le budget des Reds. Pour autant, son échec sur les bords de la Mersey n’en a pas été moins douloureux pour celui qui supportait le club étant gosse. Après cinq saisons et 117 buts pour Southampton, Lambert a dû se contenter de deux pions en 25 matchs – seulement 7 titularisations – en Premier League, et d’un but de la tête à Ludogorets en Ligue des champions. Dès l’hiver, les Reds ont tenté de le refourguer à Aston Villa, le deal était quasiment fait, mais émotionnellement, le joueur ne pouvait pas quitter son club de cœur aussi rapidement. Six mois après, il s’est fait une raison, et a bouclé ses valises pour rejoindre West Bromwich Albion, où il n’a toujours pas mis son premier but. Et malgré la mauvaise affaire financière qui a découlé de son départ, les supporters d’Anfield ne le regrettent pas plus que cela.
Nathaniel Clyne (été 2015, 17,5 millions bonus inclus)
Si Nathaniel Clyne a été l’objet des railleries de Francis Benali, son recrutement est probablement la moins mauvaise blague de Brendan Rodgers. Car pour 17,5 millions d’euros bonus inclus, personne ne peut accuser le manager gallois d’avoir surpayé un arrière droit titulaire indiscutable l’an passé à Southampton et appelé régulièrement en sélection nationale. Depuis le début de saison, il n’a d’ailleurs pas bougé de son poste, que ce soit en Premier League ou en League Europa. Mais son match difficile contre Sion le 1er octobre en C3 a rappelé aux fans qu’une autre menace guettait la recrue : un manque de solutions de remplacement qui ne lui permet pas de souffler. Or, Nathaniel Clyne a beau avoir démontré qu’il était une recrue de qualité, il n’en est pas plus à l’abri du burn out.
Par Nicolas Jucha