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Southampton, la vie sans Morgan
Cet été, Southampton s'est résolu à céder sa clé de voûte Morgan Schneiderlin à Manchester United. Si Louis van Gaal se frotte les mains, Ronald Koeman, lui, cherche toujours la solution pour compenser le vide laissé par l'Alsacien.
Bloqué il y a un an alors que Tottenham faisait le forcing, Morgan Schneiderlin a enfin quitté Southampton cet été contre un joli chèque signé par Manchester United. Douze mois plus tôt, saignés par les départs de Chambers (Arsenal), Lovren, Lambert et Lallana (Liverpool) ou encore Shaw (Manchester United), les Saints avaient serré les dents pour conserver une saison de plus la pierre angulaire de leur milieu de terrain et ainsi lancer un projet de reconstruction sous la direction de Ronald Koeman. Bien leur en a pris, car en dépit d’un tweet acide de l’Alsacien pendant ses vacances, le choix stratégique a payé : une 7e place en championnat synonyme de qualification pour les barrages de la Ligue Europa, et, pendant longtemps, l’espoir de finir dans le wagon Ligue des champions, finalement occupé avec 10 points d’avance par Manchester United.
60% de victoires avec Schneiderlin, 31% sans lui
Dans ce parcours surprise, Schneiderlin a joué un rôle prépondérant : 26 matchs « seulement » et 4 buts, mais une influence sur les résultats hallucinante. Avec le nouveau Mancunien en milieu axial – le plus souvent avec un partenaire comme Steven Davis, Victor Wanyama, voire Toby Alderweireld en fin de championnat -, Southampton affichait un ratio de 60% de victoires. Sans lui ? 31% seulement. Jusqu’à janvier, alors troisième, le club du Sud croyait encore à sa place dans le Big Four, ses plus gros coups de moins bien coïncidant, comme en décembre, avec les absences de « Spiderman » .
Si l’ancien Strasbourgeois a hérité d’un surnom de super héros par ses supporters, c’est en partie à cause des états de service : plus gros tacleur de Premier League (3,7 par matchs) et second meilleur intercepteur derrière le Gunner Francis Coquelin (avec 2,6 interceptions par match). Tout en étant l’un des milieux défensifs de Premier League avec l’apport offensif le plus évident, comme en attestent ses 89,3% de passes réussies, alors qu’il joue principalement vers l’avant, et ses quatre buts. Sans son Frenchy blessé au genou, Southampton a d’ailleurs fini la saison avec trois revers en quatre rencontres. Et depuis fin juillet, les Saints n’ont encore remporté aucun match de championnat, se contentant d’atomiser le Vitesse Arnhem en Ligue Europa.
La plus grosse perte de Southampton depuis trois ans
Si le club a perdu de nombreux joueurs cadres depuis trois saisons, la plupart des observateurs outre-Manche s’accordent à dire que Schneiderlin est le départ le plus critique à St Mary. Lui parti, c’est tout l’édifice défensif des Saints qui vacille : déjà cinq buts encaissés depuis la seconde journée de Premier League, alors qu’il y a un an, il avait fallu sept matchs pour en prendre autant. Certes, le Français n’est pas le seul à s’être fait la belle : l’arrière droit Nathaniel Clyne (Liverpool) et le stoppeur Toby Alderweireld (Tottenham) manquent aussi à l’appel. Mais c’est bien Schneiderlin qui a laissé le plus gros vide, lui qui assurait grâce à sa lecture du jeu et ses qualités d’interception une protection précieuse pour le « back four » des Saints.
Lors de la seconde journée de championnat contre Everton (0-3), c’est d’ailleurs au milieu de terrain que Southampton a pris l’eau, un secteur où le Toffee Ross Barkley a semblé pouvoir faire ce que bon lui plaisait. Pour se rassurer contre Watford (0-0), Ronald Keoman n’a pas hésité à façonner une charnière à trois éléments (Caulker, Fonte, Yoshida) pour colmater les brèches actuellement trop nombreuses dans son onze. Mais pour le Batave, le salut à long terme passera par l’émergence d’un vrai successeur dans l’entrejeu.
Wanyama, Clasie, Romeu, qui va prendre la place ?
Après sept matchs de compétitions officielles, quatre joueurs différents ont été essayés dans l’axe du milieu de terrain. Parmi eux, le Kenyan Victor Wanyama, débarqué en 2013 en provenance du Celtic Glasgow. Convaincant contre le Vitesse Arnhem, il a eu beaucoup plus de mal en Premier League, où son impact physique est précieux, mais ses aptitudes techniques plus limitées que celle de Schneiderlin. À ses côtés lors du match aller contre Arnhem, Jordy Clasie fait office de successeur officiel, Koeman l’ayant débauché du Feyenoord une fois le départ du Français acquis. Mais à 24 ans, l’international hollandais « doit s’adapter à l’intensité de la Premier League » , a admis son coach. Or, blessé et absent depuis cette première apparition, Clasie est pour le moment à l’arrêt.
Déjà présent à Southampton la saison passée, Steven Davis est quant à lui bien moins performant depuis le départ du Français, tandis que le pur produit local James Ward-Prowse, s’il a affirmé vouloir s’imposer dans le onze de départ, a un profil beaucoup trop offensif pour remplir le rôle de l’Alsacien la saison passée. La solution viendra peut-être d’Oriol Romeu. Formé à Barcelone, prêté la saison passée par Chelsea à Stuttgart, l’international olympique espagnol a été transféré cet été à Southampton. Son entrée en jeu contre Everton avait coïncidé avec une amélioration du jeu des Saints malgré la défaite, et depuis, il n’a plus quitté le onze de Ronald Koeman. Une chose est certaine, il faudra du temps à Southampton pour oublier les sept saisons de Morgan Schneiderlin à St Mary.
Par Nicolas Jucha