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- Tottenham-Olympiakos (4-2)
Sous Mourinho, Serge Aurier reprend du poil de la bête à Tottenham
Souvent moqué depuis plusieurs années, Serge Aurier a rappelé qu'il pouvait aussi être un bon joueur de foot, mardi soir, lors de la victoire de Tottenham contre l'Olympiakos (4-2). Une première réussite pour José Mourinho, dont l'arrivée sur le banc du club londonien pourrait aider le défenseur ivoirien à retrouver son niveau. Il était temps.
Pour une fois, personne ne pourra se moquer de Serge Aurier. En Angleterre comme en France, c’est presque devenu une tradition mensuelle : être à l’affût de la nouvelle bêtise du latéral droit ivoirien. Une exclusion ridicule, une erreur défensive grotesque, un petit tour en garde à vue, il faut dire que l’ancien Parisien est loin d’être irréprochable depuis son arrivée à Tottenham, en août 2017. Récemment, il s’était fait remarquer pour une faute aussi maladroite que stupide sur Sadio Mané, lors de la défaite à Liverpool fin octobre (2-1). Les réseaux sociaux s’étaient gaussés, et Roy Keane avait sorti son joujou préféré, la tronçonneuse, sur le plateau de Sky Sports : « Les deux latéraux de Tottenham (Aurier et Rose) ont été horribles. Ils ont vraiment été très faibles. Je les appelle Dumb and Dumber. En studio, on savait cinq secondes avant la faute d’Aurier ce qui allait se passer. Ce latéral est une catastrophe. » Ce mardi soir, Aurier a répondu sur la pelouse du Tottenham Hotspur Stadium : non, il n’est pas une catastrophe. Et, oui, quand il veut, il est capable de faire très bien son boulot. Pour le plus grand plaisir de José Mourinho.
Toujours plus haut
Le 6 novembre dernier, Mauricio Pochettino, pas encore débarqué, parlait d’un « choix tactique » pour expliquer l’absence d’Aurier dans le groupe de Tottenham pour le match contre l’Étoile rouge de Belgrade (4-0). Trois semaines plus tard, le défenseur de 26 ans vient de livrer une prestation très convaincante contre l’Olympiakos. Pas vraiment à son avantage sur les deux premiers buts grecs (comme tout le reste de la défense), il a ensuite vécu une soirée de rêve. Comme cela n’avait plus été le cas depuis très longtemps. Aurier a tout simplement joué un rôle majeur dans ce scénario renversant, se retrouvant impliqué dans trois des quatre buts londoniens : passeur décisif chanceux pour Alli, réactif pour jouer rapidement une touche sur l’égalisation de Kane et auteur d’une superbe demi-volée pour mettre les Spurs devant au tableau d’affichage. Bluffant. La récompense d’une grosse activité sur le côté droit, sur lequel il a pu prendre des libertés en jouant très haut, tout en restant propre dans ses transmissions (88% de passes réussies).
Contre l’Olympiakos, Aurier a pu jouer très haut dans son couloir droit pour créer le surnombre
Le début d’une renaissance ? Il n’est pas question de s’enflammer, surtout après un tel désert, mais l’arrivée de Mourinho sur le banc de Tottenham pourrait bien aider Aurier à redevenir un joueur de foot, un vrai. Pas un esthète, juste un latéral capable d’exploiter ses qualités physiques pour s’imposer comme un titulaire indiscutable chez le vice-champion d’Europe. Dans le système du technicien portugais, le natif d’Ouragahio pourrait trouver sa place. Il avait déjà montré des signes encourageants lors de la victoire à West Ham samedi (2-3) : une passe décisive pour Kane, un gros volume de jeu, une présence dans les duels et des passes bien dosées. Son confort ? La volonté de Mourinho de voir son 4-2-3-1 se transformer en une sorte de 3-2-4-1 avec le ballon, ce qui permet à Aurier de prendre son couloir avec une certaine liberté. Une perspective alléchante pour l’Ivoirien, à condition de se ranger et de faire preuve (enfin) de régularité. En attendant, Tottenham s’est assuré la deuxième place du groupe derrière le Bayern Munich, et peut s’attendre à choper un gros pour le prochain tour en février. Parmi les adversaires potentiels des Spurs d’Aurier, il y a le PSG. Imaginez le pied de nez.
Par Clément Gavard