- Italie
- Serie A
- 34e journée
- Cagliari/Udinese
Sous le Sau de la passion
S’il y a bien un joueur que l’on peut affubler du titre de « révélation de Serie A », c’est Marco Sau. L’attaquant de Cagliari en est à 12 buts cette saison, et a quasiment marqué contre tous les grands clubs. Portrait d’un homme déjà sur la liste de nombreux dirigeants.
Seuls les initiés le connaissaient avant son explosion à Cagliari. Car en réalité, Marco Sau n’en est pas à son premier coup d’essai. Lors des dernières saisons, le joueur s’était forgé dans les divisions inférieures une réputation de tueur des surfaces. D’abord avec le maillot de Foggia, en Lega Pro, sous les ordres d’un certain Zdenek Zeman, puis en Serie B, avec celui de la Juve Stabia. A chaque fois, des buts, des buts et encore des buts, indépendamment de la tunique qu’il revêtit. Mais cette saison, Marco Sau a passé l’examen. Ses buts, il ne les marque plus face à des équipes de deuxième ou troisième division, mais bien sur les pelouses de Serie A. 12 pions, très exactement, depuis le début de la saison, dont quelques pépites face à l’Inter, la Lazio, la Roma et, le week-end dernier, contre Naples. Cagliari a d’ores et déjà assuré son maintien, et Sau va donc pouvoir profiter des derniers matches qu’il reste (dont deux chocs face à la Juventus et la Lazio lors des deux derniers tours) pour arrondir ses statistiques. Et convaincre encore un peu plus les grandes écuries italiennes, qui le suivent déjà avec attention depuis quelques mois.
Zeman le mentor
L’histoire de Marco Sau, c’est aussi celle d’un retour au bercail. Car l’attaquant de Cagliari est un pur produit de local, tout ce qu’il y a de plus sarde. Il est né à Sorgono, en plein centre de la Sardaigne. Sa carrière débute évidemment dans le coin, à Tonara. Il est alors repéré par les émissaires de Cagliari, qui l’engagent alors qu’il n’est âgé que de 18 ans. On le considère alors comme un futur crack du club. Sau joue deux ans avec le maillot de la Primavera mais, comme bien souvent en Italie, personne ne lui donne sa chance en équipe première. A la place, le joueur est envoyé en prêt à Manfredonia, dans les Pouilles. Le club évolue alors en Serie C1 (l’ancêtre de la Lega Pro 1) et Marco Sau, malgré ses 20 ans, va immédiatement s’imposer comme un titulaire de l’équipe. Sa première saison est plus que convaincante : 31 matches et 10 buts inscrits. Commence alors une série de prêts qui va durer jusqu’à aujourd’hui. Chaque saison, Sau change de club, avec plus ou moins de réussite à chaque fois. Sa saison la plus compliquée est sans nul doute la seconde, lorsqu’il est prêté à Albinoleffe, en Serie B. Le natif de Sardaigne collectionne 18 apparitions, mais pas le moindre pion. Un vrai échec.
Mais Sau ne se démonte pas. S’il faut repartir de plus bas, il repartira de plus bas. Il est donc prêté lors de l’été 2009 à Lecco, en troisième division. Mais encore une fois, rien de bien dingue. Les promesses autour du joueur semblent s’envoler, lorsque son compteur affiche 4 misérables buts au terme de la saison. Mais un homme a repéré Sau. Il s’appelle Zdenek Zeman. Le coach tchèque vient de reprendre Foggia, et exige que le club recrute Sau en prêt. Là, c’est la révélation. Zeman redessine comme à son habitude un 4-3-3, avec, en attaque, un certain Lorenzo Insigne pour épauler Sau. Ensemble, les deux sont littéralement inarrêtables. Sau plante 20 pions en championnat, Insigne 19. Foggia n’est pas promu au terme de la saison, mais les deux joueurs se sont déjà fait une solide réputation. Insigne décide de suivre Zeman à Pescara, tandis que Sau, lui, préfère rentrer à Cagliari. Mais là encore, les dirigeants sardes lui font comprendre que la porte est fermée. Nouveau prêt, ce coup-ci à la Juve Stabia, en Serie B. Un nouveau palier.
Retour à la maison sarde
Après sa première expérience loupée en Serie B, à Albinoleffe, Sau retente donc sa chance. Et cette fois-ci, rien ne semble en mesure de lui résister. La Juve Stabia termine aux portes de la zone play-offs, tandis que Sau crée la sensation en se positionnant à la deuxième place du classement des buteurs (21 buts), derrière Ciro Immobile, de Pescara. Il inscrit d’ailleurs le plus beau but de la saison, à Marassi, contre la Sampdoria : un contrôle orienté-crochet du gauche en pleine course, et une exceptionnelle frappe enroulée du pied droit dans le lucarne. Cette fois-ci, les dirigeants de Cagliari n’ont plus d’arguments défavorables. Leur pépite a désormais 25 ans, et vient de claquer 41 buts en deux saisons, qui plus est avec deux maillots différents. Lors de l’été 2012, son définitif retour à Cagliari est donc officialisé, cinq ans après avoir quitté la Sardaigne.
Les dirigeants sardes ne mettent d’ailleurs pas longtemps à ne pas regretter leur choix. Dès sa première apparition en Serie A, il marque lors des dernières minutes du match face à Palerme (1-1). Pour le jour de la véritable consécration, il faut toutefois attendre le 18 novembre. Ce jour-là, Cagliari se déplace à San Siro pour y affronter l’Inter. Sau inscrit un doublé, pour un match nul 2-2. Les grands clubs italiens commencent alors à s’intéresser à lui, et cet intérêt ira grandissant au fil des semaines. Ironie du sort, le 1er février 2013, il réalise un match extraordinaire sur la pelouse de la Roma, avec un but et une passe décisive. Cette prestation avec un P majuscule entraîne, quelques heures plus tard, le licenciement de Zdenek Zeman, son mentor à Foggia. Sans pitié. A quelques journées de la fin du championnat, Sau en est désormais à 12 buts, et probablement qu’il va encore ajouter quelques unités à son compteur. La Roma en a déjà fait l’un de ses objectifs prioritaires pour l’été prochain. Cela tombe bien : Cagliari affrontera la Lazio lors de la dernière journée de Serie A. La meilleure façon, pour Sau, de séduire ses potentiels futurs dirigeants.
Par Eric Maggiori