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Souley Diawara : « Amener un deuxième club dans la deuxième ville de France »
Plus de deux ans après avoir dit adieu aux pelouses de Ligue 1, Souleymane Diawara fait son retour dans le monde du ballon rond. Et s’il renoue avec le Vieux-Port, ce n’est cette fois pas à l’OM, mais chez son petit frère de National 1, Marseille Consolat, où il devient investisseur et conseiller du président, alors que son compère Mamadou Niang intègre le staff technique. Des renforts de choix qui vont dans le sens d’un objectif pour le club des quartiers nord de la cité phocéenne : découvrir la Ligue 2, au plus vite.
Tu avais dû quitter les terrains en 2015 avec tes problèmes judiciaires, après une dernière pige à l’OGC Nice. Qu’est-ce que tu as fait depuis avant d’arriver au GSC ?Après mon incarcération, pendant un an, je n’ai rien fait. Il fallait que je me remette de mes problèmes, alors j’ai profité de ma famille, je suis allé voir des matchs… J’ai eu beaucoup de propositions pour jouer, j’avais eu des appels en première et deuxième divisions. Mais j’ai décliné les offres : je n’avais plus la tête à jouer au foot, je n’y pensais plus.
Tu as tout de même eu cette envie de rester dans le foot, dans un rôle de dirigeant.Bien sûr. Avec Consolat, ça ne date pas d’aujourd’hui. Ça a pris du temps. On avait discuté de ça après mon incarcération, on était au bureau avec le directeur sportif, Djamal Mohamed, et il voulait que je vienne les aider. Je lui avait dit que je ne voulais plus jouer. Mais il y avait cette idée d’aider Consolat. J’ai pris le temps de connaître le sujet, le projet. En deux ans, j’ai vu qu’on avait failli monter à deux reprises, la première fois d’un point et ensuite de quelques buts. L’année dernière, on a commencé à parler plus sérieusement, on s’est revu, on a bien réfléchi. Ils m’ont exposé leurs idées, et pour moi qui voulait rester dans le foot, c’était un excellent projet. C’est pour ça qu’on a foncé. Je voulais rester dans un milieu, si ce n’est professionnel, au moins semi-pro.
Tu retrouves donc une ville où tu as passé une bonne partie de ta carrière et laissé une certaine empreinte. Pour ta reconversion, c’était Marseille ou rien ?Je suis toujours attaché à Marseille. C’est ma deuxième ville, après Le Havre. J’ai beaucoup d’amis là-bas, j’ai beaucoup aimé cette ville et je l’aime encore ! Ce projet m’a aussi excité parce qu’on est à Marseille, c’est la deuxième ville de France, et écrire l’histoire en amenant un deuxième club ici, c’est un beau projet.
Tu arrives accompagné de ton pote Mamadou Niang, qui intègre le staff du coach Éric Chelle en qualité d’adjoint. Vous étiez restés très proches, tous les deux ?On ne s’est pas connus sur un terrain de foot, avec « Mamad’ » , on est très, très proches. Quand les dirigeants nous ont proposé ce projet, on était tous les deux au bureau. Lui, c’est plus quelqu’un du terrain : tout le monde sait que c’est un passionné de foot, qui regarde tous les matchs, tous les championnats, toutes les divisons… Moi, je ne suis pas comme ça, je suis plus dans l’aspect direction. Je pense que ça fait un bon duo dans l’optique de faire grandir ce club. Il le mérite.
Le club a indiqué que vous étiez des habitués des travées de La Martine. Vous alliez les voir jouer quand ils évoluaient en CFA, puis après leur montée ?Oui, ça nous est arrivé. Je voulais voir comment c’était, j’ai dû y aller une ou deux fois. Mais c’est surtout Mamad’ qui était plus souvent là-bas.
Ton arrivée à Marseille Consolat est également l’occasion de retrouver ton frère Abdoul (arrivé en 2014). Ça a joué dans ta décision ?Oui, il entame sa troisième saison ici. C’est quelque chose qui a pesé dans la balance : je ne vais pas le nier, ça a facilité mon choix. Mais même s’il n’avait pas été là, je pense que j’aurais accepté ce projet quand même.
Malgré son ambition grandissante, le club reste modeste, notamment au vu de son stade.Les installations sont petites, mais c’est ce qui est excitant dans ce projet : on part de rien, et on espère faire quelque chose de grand, marquer l’histoire. Pour le moment, il n’y a rien. Et si demain, on a la chance d’accéder à la Ligue 2, tout ça va changer. C’est pour cela qu’on se motive à fond pour qu’on puisse atteindre nos objectifs et faire grandir le club. Notre but, c’est d’amener un deuxième club dans la deuxième ville de France.
Après deux exercices canons, le début de saison est compliqué pour le GSC, avec une douzième place au classement. L’espoir d’atteindre la Ligue 2 dès cette saison est toujours intact ?Dans tous les clubs, quand on est passé à deux doigts de monter, on veut atteindre cet objectif le plus rapidement possible. Il va peut-être nous falloir un peu plus de temps, peut-être deux ans. Mais l’objectif premier est de décrocher la montée à la fin de la saison.
C’est un projet ambitieux, surtout si l’on regarde les dernières saisons du Paris FC et du Red Star, les « autres » clubs de la capitale, qui ont des difficultés à se maintenir en Ligue 2 et demeurer sur la durée une alternative au PSG.Paris c’est Paris, Marseille reste Marseille. Je ne fais pas de comparaison, je ne vois pas ça comme ça. Chaque ville a son truc. Marseille est une grande ville, ici, le foot est une religion, et il faut réussir à y implanter un deuxième club de football. Je sais que c’est possible, sinon je ne prendrais pas le risque, et du temps, là-dedans.
En même temps que votre arrivée, le club a enregistré celles de deux joueurs qui ont connu le haut niveau (Rafik Djebbour et Karim Aït Fana). C’est par là que passera le développement du club ?On va essayer de ramener cette touche de professionnalisme qui manque peut-être, en s’entourant de personnes d’expérience comme Karim ou Rafik. Ça ne peut être qu’un plus pour agrandir ce club. Le championnat de National 1 est très dur, mais quelqu’un comme Karim, qui a joué en Ligue 1 et Ligue 2, va apporter.
Pendant que tu réfléchissais sur la direction à prendre dans ton après-carrière, Frank McCourt et son Champions Project arrivaient à l’OM, où tu as laissé derrière toi une empreinte importante. Tu te serais vu rentrer dans la direction olympienne, ancienne ou nouvelle ? C’est la vie, il y a plein de choses que j’aurais aimé faire. Mais il n’y a pas eu de contact. Le dernier que j’avais eu, c’était avec Vincent Labrune, avec qui j’avais de très bonnes relations. Il me disait qu’après le foot, si je voulais venir à ses cotés… Mais avec tout ce qui s’est passé, ça ne s’est pas fait : Vincent Labrune n’est plus là, le club n’appartient plus à Margarita Louis-Dreyfus. Ça aurait pu être possible, je m’entendais très bien avec les dirigeants, il n’y avait pas de souci par rapport à ça. C’est le foot : tu fais ton bonhomme de chemin, la vie ne s’arrête pas. Maintenant mon ambition, c’est Consolat, et on va essayer de tout faire pour atteindre nos objectifs. J’ai d’excellents rapports avec l’Olympique de Marseille, mais la nouvelle direction, je ne la connais pas.
Tu gardes un œil sur ce nouveau projet, ou tu as pris de la distance par rapport à l’OM ?Je m’y intéresse, ça reste l’OM, le club qui m’a offert énormément. J’ai passé un tiers de ma carrière là-bas, donc je suis obligé de m’y intéresser. Mais j’ai d’autres ambitions maintenant, en dehors de l’OM, et je vais me concentrer dessus.
Toi qui as porté le maillot de l’OM et t’installes désormais au GFC, comment se situe ce dernier par rapport à son « grand frère » ? Une rivalité peut-elle un jour exister entre les deux ?On ne peut pas parler de rivalité, on parle de l’Olympique de Marseille. Consolat reste Consolat. On veut être le deuxième club professionnel à Marseille, et en aucun cas il ne faut parler de rivalité. On est à des années-lumière de l’OM. On va essayer de se rapprocher de l’OM même si l’écart est très grand, et de cohabiter avec lui au niveau professionnel.
Passer de l’un à l’autre doit être dépaysant, notamment dans la mentalité.Vous avez un club pro, et un autre disons semi-pro. C’est normal qu’il y ait une différence de mentalité. Même dans les structures, les installations… On ne peut pas comparer.
Propos reccueillis par Jérémie Baron