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  • Europe – Crise financière

SOS clubs en danger

Par Régis Delanoë
SOS clubs en danger

« Les nuages s'accumulent (…). Je vous l'annonce et je ne plaisante pas, de grands clubs français vont déposer le bilan. » Frédéric Thiriez joue les oiseaux de mauvais augure, lui qui doit déjà déplorer la chute de Sedan et du Mans, alors que Lens devrait pouvoir s'en tirer ric-rac. Ailleurs aussi en Europe, plusieurs clubs – et certains assez réputés – tirent la langue. La preuve par cinq que la crise touche aussi le football.

Heart of Midlothian, un gros cœur ne suffit pas

Parce que le football écossais ne se résume pas à la rivalité entre les deux ennemis de Glasgow. Parce qu’à Edimbourg aussi, on adore le ballon rond. Parce que c’est le troisième club le plus titré du pays. Parce que c’est une institution vieille de plus de 138 ans. Pour toutes ces raisons, c’est bien triste de voir « Hearts » se faire violemment punir par le Conseil de gestion de la ligue écossaise de foot, qui a infligé une pénalité de 15 points pour débuter la nouvelle saison, assortie d’une interdiction de recruter. La raison ? Près de 30 millions de dettes accumulées, que la direction ne parvient plus à combler. Le principal créancier du club depuis 2005, le Lituanien Vladimir Romanov, a en effet vu sa fortune fortement fragilisée il y a peu par la banqueroute d’un établissement financier de son pays. Les supporters ont bien essayé de se mobiliser cet hiver en opérant une collecte de fonds, mais autant garnir un portefeuille de petite monnaie quand les liasses, elles, s’envolent au vent. Dans l’incapacité de payer les joueurs et le personnel, Heart of Midlothian a logiquement été placé en redressement judiciaire le 19 juin. L’effectif entier a été mis sur la liste des transferts, histoire d’essayer de trouver des liquidités rapidement. Mais franchement, qui voudrait de cette équipe, auteur la saison passée du pire classement du club ces 30 dernières années (10e sur 12) ? Grand fan, le premier ministre écossais Alex Salmond a parlé d’un « grand moment d’angoisse » . Tu m’étonnes.

CSKA Sofia, Stoichkov arrive-t-il trop tard ?

Et dire que le 5 juin, le CSKA Sofia apparaissait dans le flux RSS de tous les sites d’actu foot en Europe… Ce jour-là, on était heureux d’avoir des nouvelles de ce bon vieux Hristo Stoichkov, qui venait d’être débauché du Litex Lovech pour évoluer sur le banc du club le plus titré de Bulgarie (31 championnats nationaux, deux demi-finales de C1 en 67 et 82). Non vraiment, on était contents. Mais rapidement, une mauvaise nouvelle est tombée : malgré une qualification européenne obtenue sportivement, le CSKA annonçait son impossibilité financière de s’aligner en Ligue Europa. Puis dans la foulée, une seconde mauvaise nouvelle : le club est à vendre, mais aucun acheteur ne se signale, alors que les dettes actuelles sont comprises entre 6 et 8,7 millions d’euros. Comme en plus les caisses sont vides, les prêts ne sont pas honorés et le déficit continue de se creuser chaque jour un peu plus. Stoichkov a voulu dealer d’effacer l’ardoise et de repartir à zéro, quitte à ne pas pouvoir recruter. Sauf que la proposition pue un peu trop la panique et les instances bulgares de foot ne semblent pas décidées à laisser filer la bête blessée. L’idée, ça a plutôt l’air d’être de la laisser crever. Moche.

Panathinaïkos, l’Europe lui tourne le dos

Après l’AEK, place au Pana ? La Grèce déprime, la crise est gravissime et tous les pans de la société sont touchés. Pas seulement l’économie, la culture aussi, les médias – le choc de l’arrêt soudain de la télé publique – et donc aussi le sport. Pourquoi serait-il éternellement protégé ? Oh, il y a bien l’Olympiakos pour continuer à faire le malin, mais derrière, c’est l’hécatombe. Quelques clubs ont déjà sombré, dont le célèbre AEK Athènes, sous respirateur artificielle et relégué en D2 pour la première fois de son histoire. Et son grand rival Panathinaikos n’a pas à jouer au plus malin, car s’il ne fait pas gaffe, ça pourrait vite être son tour de chuter. On n’en est pas encore là, mais l’UEFA vient déjà d’indiquer qu’elle refusait au club sa licence pour participer à la C3, tout comme elle l’a refusée aussi au PAS Giannina. Chaque été ou presque, c’est la même histoire : l’Europe refuse aux vilains canards grecs tout déplumés de venir squatter au grand bal des cadors du continent. L’été 2009, avec ses 35 millions d’euros dépensés sur le marché des transferts, dont pas loin de 10 millions pour le seul Djibril Cissé, est loin, loin, loin. Aujourd’hui c’est aux supporters, réunis depuis un an autour du projet Panathinaiki Symmaxia, de faire les fonds de tiroir pour gratter de la thune et essayer de sauver ce qui peut l’être, façon socios.

Salamanque, un club aux enchères

Ok, l’Union Deportivo Salamanca n’est pas un grand d’Espagne. Tout juste un de ces clubs qui avait l’habitude d’évoluer en D2 les saisons normales, en Liga quand ça veut bien rigoler – 12 saisons entre 1974 et 1999 – et en troisième div’ quand ça va mal. Là, ce n’est même plus que ça va mal, c’est carrément la grosse cata. Une cata avec deux gros mots qui font peur mis bout à bout : liquidation judiciaire. Là, ça ne rigole plus du tout. Le 18 juin dernier, les créanciers du club avaient convenu d’une réunion de crise pour essayer de voir comment se dépatouiller de ces foutues dettes qui s’accumulent. Sauf que la Banco Popular, premier créancier qui a déjà ses propres emmerdes à gérer, a carrément décidé de sécher la réunion ! Du coup, tous les actifs du club devraient être rapidement vendus aux enchères, le stade El Helmantico compris. Allez zou, adjugé, vendu, oublié. Un club qui venait de fêter ses 90 ans d’histoire.

Beerschot, plus triste qu’un Zola

Récemment encore, un club en Belgique avait un des noms les plus rigolos de la map-foot. Germinal Beerschot, ce qui faisait, avec un peu d’imagination et de mauvaise traduction, un truc en rapport avec un fameux roman de Zola et des shooters à bière. Bref, c’était drôle. Et pas que, c’était du sérieux aussi parfois, avec quelques trophées amassés (deux Coupes de Belgique) et quelques campagnes européennes (l’avant-dernière contre l’OM en 2005 en C3). C’est un club qui comptait. Mais qui, aujourd’hui, n’existe plus en tant qu’entité professionnelle. Déjà en 2011, l’appellation de Germinal a été virée. Histoire de fuir la misère, peut-être bien, sauf que ça n’a pas suffi. Le scénario est aussi prévisible qu’un jeu de mot de Laurent Ruquier : problèmes d’argent, sanction, faillite. Et disparition totale ? Pas exactement. Il était question ces derniers jours d’un rapprochement avec un petit club voisin à Anvers, Wilrijk. A priori, on s’oriente donc vers une participation à la rentrée du KFCO Beerschot-Wilrijk en division provinciale, le cinquième niveau de foot en Belgique. Là, tout de suite, c’est nettement moins rigolo.

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Par Régis Delanoë

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