- Journée mondiale du recyclage
Sortez les maillots de vos placards !
Depuis deux ans déjà, la société 1 Bag 1 Match, propose de donner une nouvelle vie aux maillots de football en les transformant en sacs de sport. Du recyclage, du made in France et du fait main : la recette d'un succès garanti.
Au fond de la petite boutique 727 Sail Bags, discrète enseigne de la rue du Jour dans le 1er arrondissement de Paris, un petit escalier descend vers l’atelier de Justine, n’en déplaise à Charles Aznavour. Dans ce petit espace, derrière un portant rempli de vieux maillots de football et de rugby, de petits doigts s’activent. Ils coupent, piquent, cousent et recousent une tunique laissée là par un client. Le bruit de la machine à coudre rompt à intervalles réguliers le silence de la pièce. Sur l’écran d’ordinateur derrière la couturière défilent les modèles déjà créés, ceux-là mêmes qui sont exposés devant elle sur un banc de vestiaire. C’est ici, dans cette cave près du forum des Halles qu’est née la société 1 Bag 1 Match. Ici que, depuis un an déjà, Justine est aux petits soins pour ses clients nostalgiques qui rêvent d’offrir à leur maillot fétiche la deuxième vie qu’il mérite. Alexandre, fondateur et gérant, regarde son employée le sourire aux lèvres. Depuis sa création, l’entreprise est en constante expansion et a manifestement de beaux jours devant elle, comme l’explique Alexandre.
Voiles de bateaux et centres de tri
En novembre 2013, Alexandre et Erwan, son associé, s’inspirent de la marque d’un copain qui recycle des voiles de bateau en mobiliers et déclinent son idée aux maillots de football. « C’était un pari risqué. Dans le milieu de la voile, il y a peu de cibles avec un très gros budget. Nous, on a beaucoup de cibles avec des budgets beaucoup plus réduits » , explique Alexandre en revenant sur la création de 1 Bag 1 Match. Après plusieurs mois de rodage, ce conseiller de métier quitte son emploi et se lance dans le grand bain. « Au début, j’entreposais les maillots dans un grenier et je faisais les ventes chez moi. Les gens venaient et me demandaient où sonner » , se remémore-t-il en souriant. Fan de football, forcément, de rugby et de tennis, Alexandre a logiquement étendu à ces sports sa petite affaire. Si les débuts n’ont pas été des plus faciles, il est fier de pouvoir aujourd’hui affirmer que son chiffre d’affaires double à la fin de chaque exercice. La réussite de son entreprise, il l’explique avant tout par les arguments majeurs qu’elle présente : des produits fabriqués à la main, en France, à partir d’une matière première recyclée.
1 Bag 1 Match a trois branches d’activités principales : la vente particulière (le client apporte son propre maillot et demande une transformation), le pro shop (les maillots sont récoltés, transformés et vendus sur la boutique web de la marque) et le corporate (les produits sont fabriqués en grande quantité pour des entreprises ou de grands événements). Du jet au sac, la démarche est très simple. « Il faut savoir qu’en France, approximativement 400 000 maillots sont jetés par an. Nos partenaires, le centre de tri Le Relais, trient et nous vendent les maillots récupérés. C’est à partir de cette matière première que nous, on fabrique des sacs, des besaces, et d’autres produits plus petits comme des pochettes d’ordinateurs, des trousses » , explique Alexandre, en prenant soin d’illustrer ces propos produit en mains. Seulement, depuis peu, l’idée a dépassé les frontières françaises et séduit bien plus que des particuliers. « On a de plus en plus de clubs, notamment en Allemagne, qui nous envoient des maillots et passent de grandes commandes pour leurs boutiques. Là, on parle de 200/300 pièces. »
Économie d’émotion et petite fiche cartonnée
Plus que de simples sacs, Alexandre l’assure, il vend de l’émotion. « Un vieux maillot, on en garde toujours des souvenirs : un match, une saison, un but. Et souvent il disparaît. Nous ici, on redonne une vie à ce souvenir, on le rematérialise. C’est l’économie d’émotion » , explique-t-il avant de donner un exemple plus précis. « Il m’est arrivé de voir des femmes arriver à la boutique avec un vieux maillot de leur mari. Elles voulaient leur offrir un cadeau unique, en lien avec leur passion du football du dimanche. » Pour bien mettre en valeur chaque sac, Justine est chargée de remplir une petite fiche cartonnée et de la coudre à l’intérieur du sac. Sur celle-ci, on retrouve toutes les informations liées à la fabrication du sac : où le maillot a été récolté, qui l’a déposé, à qui appartenait-il, quand, etc. « C’est un petit plus qui permet à chacun de se remémorer de bons souvenirs dès qu’il ouvre son sac de sport » , explique Alexandre.
Aujourd’hui, 1 Bag 1 Match aimerait bien développer un peu plus son service aux particuliers. En attendant de pouvoir le faire, Alexandre entend bien exporter son service aux entreprises à un nouveau marché prometteur : l’Angleterre. Puisque les clubs allemands sont manifestement ravis de pouvoir proposer ces produits aux clients de leurs boutiques, il n’y a apparemment pas de raison pour que l’engouement ne soit pas le même outre-Manche. « C’est sans aucun doute un marché porteur. Les Anglais sont de très gros supporters, comme les Allemands. Ils veulent montrer leur appartenance à un club de toutes les manières possibles » , confie Alexandre, qui s’apprête à recevoir un candidat pour le poste de directeur de la communication pour le marché anglais. Quoi qu’il en soit, 1 Bag 1 Match semble être promis à un bel avenir, que ce soit en France ou à l’étranger.
Par Gabriel Cnudde