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- Chievo-Juventus (2-3)
Sorrentino : 39 ans, toujours plus haut
Auteur d’un récital face à Cristiano Ronaldo et la Juve, samedi soir, Stefano Sorrentino a fini par céder sa place à la 91e minute alors que le score était de 2-2. Le gardien du Chievo venait de se faire fracturer le nez par CR7, ce qui l'obligeait à céder sa place à Andrea Seculin, qui allait encaisser le but de la défaite quelques secondes plus tard par Bernardeschi. Un épilogue insuffisant pour enlever son statut de héros de cette première journée de Serie A à Sorrentino, qui aura 40 ans en mars prochain et continue de façonner sa légende avec ses deux outils préférés : l’humilité et le travail.
Ce déplacement au Marcantonio devait être le lancement de la belle histoire de Cristiano Ronaldo en Italie. Un nouveau départ que le Portugais ne voyait que par une victoire, et surtout l’ouverture de son compteur buts en Serie A. Avant de pénétrer sur le gazon de Vérone, CR7 n’avait sûrement pas prévu de tomber face à Stefano Sorrentino, 39 ans, gardien qui connaît son championnat comme sa petite poche. Ce n’est qu’au retour des vestiaires que le Portugais a décidé de franchir lui-même le mur gialloblù. Dès la 47e minute, sa première tentative est boxée sans difficulté. Sa deuxième, beaucoup plus puissante, a offert l’opportunité à Sorrentino d’étendre son mètre quatre-vingt-cinq et des belles photos à la clé. Ce ne sera pas non plus sur un coup franc surpuissant excentré côté droit que Cristiano réussira à trouver le chemin des filets. Ni sur aucune autre occasion.
Le numéro 70 du Chievo était déterminé à ne pas laisser Ronaldo marquer, au point d’accepter presque de son propre fait de se faire fracasser le nez par le quintuple Ballon d’or (91e). Un fait de jeu pris avec philosophie par Sorrentino, moins par sa femme Sara Ruggeri dans un premier temps qui « ne pouvait pas se résoudre à admirer ce champion » , qui s’est tranquillement replacé en marchant pendant que quelques-uns de ses coéquipiers turinois allaient tout de même vérifier que Sorrentino respirait encore. Un incendie bien vite éteint par le portier aux cheveux grisonnants qui, du fond de son lit d’hôpital, a confié que CR7 avait finalement fait le boulot pour lui remonter le moral : « J’ai reçu un message de bon rétablissement de la part de Cristiano Ronaldo. Merci légende ! » Un cas de figure qui résume bien l’attitude du bonhomme.
Sara Ruggeri moglie di #Sorrentino anche lei ora diventerà antijuventina?Il suo sfogo su istagram riguardo lo stile juve e #CR7 pic.twitter.com/Jnq5yUjrzj
— Robinhood (@Robinho56894545) 19 août 2018
GRAZIE per i vostri messaggi di vicinanza, affetto e stima. Siamo un gruppo fantastico e ieri abbiamo sfiorato l’impresa: mentre CR7 mi ha preso in pieno! #ChievoJuve pic.twitter.com/gVZ9uU6YL5
— Stefano Sorrentino (@Sorrentino) 19 août 2018
Fils de
Vivre dans l’ombre des plus grands n’a jamais été un problème pour Stefano Sorrentino. Il faut dire que depuis qu’il est né ou presque, l’enfant de Cava de’ Tirreni – ville de quelque 50 000 habitants de la province de Salerne située au centre de la région Campanie – n’a pas tellement eu le choix et a en permanence dû batailler pour se faire une place au soleil. À cause d’un homonyme de neuf ans son aîné, déjà, en la personne de Paolo Sorrentino, l’un des réalisateurs italiens majeurs de ces dernières années. De par son poste de prédilection, surtout, le même que celui de Roberto Sorrentino, qui n’est autre que son paternel et qui est loin d’être un anonyme et pas seulement à Catane, où il a passé le plus clair de son temps. Ce même Roberto n’aurait pas vu d’un mauvais œil la signature de son fils cet été au Napoli, comme il le confiait à CalcioNapoli24 : « Stefano est né à Cava de’ Tirreni au moment où je jouais au Napoli.(…)Je ne sais pas s’il y a des discussions, mais ça me ferait plaisir. J’ai démarré ma carrière sous ce maillot, le voir finir la sienne ici serait un beau signe du destin. » Raté pour cette fois. Il n’aurait toutefois pas été complètement fou d’imaginer Sorrentino rejoindre un gros club de Serie A malgré son âge.
Si Vérone et Palerme représentent les plus belles années de sa vie de footballeur, c’est entre la Juventus et la Lazio que Sorrentino a commencé à bloquer ses premiers ballons à un niveau respectable. Le Torino et quelques prêts pour se faire les dents, avant de s’envoler en Grèce à l’AEK Athènes pour goûter à la Ligue des champions en 2006. La suite ? Une saison complète en Liga avec le Recreativo Huelva, où sa cote était à son zénith auprès des supporters, avant de retourner au pays avec des expériences plein la tête. Et surtout suffisamment de références pour s’installer dans la durée parmi l’élite.
Loyauté et autobiographie
Au-delà de ses qualités de footballeur, Sorrentino est un gars respecté par ses confrères, au point de parfois faire office de grand frère. Cet été, lors de sa signature à Palerme, l’ancien portier buteur de Benevento Alberto Brignoli parlait par exemple de Sorrentino comme « d’un mec exceptionnel » , ce dernier, du haut de ses 120 matchs à Palerme (2013-2016), n’ayant pas hésité à répondre à toutes les questions de Brignoli au sujet du club sicilien.
Stefano est aussi attaché à une certaine idée du foot, qui l’empêche par exemple de rejoindre le Hellas en 2016 du fait d’une première expérience au Chievo. Il était attendu en tant qu’investisseur pour relancer le club de l’Argentina Arma, actuellement en Serie D, qui a finalement vu arriver… son père, en tant qu’entraîneur. L’an passé, le gardien a décidé qu’il avait suffisamment vécu de choses pour prendre la plume et écrire son autobiographie (Les Yeux du Tigre) et d’y partager ses mémoires et sa vision du monde. Et tant pis si sa carrière n’est pas terminée. La fin approche fatalement, mais nous n’y sommes pas encore. L’objectif ? « Continuer à détourner des frappes jusqu’à au moins 40 ans. » Stefano Sorrentino les fêtera le 28 mars prochain. Avec un nez tout neuf.
Par Andrea Chazy