Sorin au bout du chemin

Juampi est mort le 30 juin 2006, autour de 20 heures, au Stade Olympique de Berlin… En quarts de finale de la Coupe du Monde, il est le super capitaine d’une super équipe d’Argentine qui se fait éliminer stupidement par une Mannschaft en carton bouilli, 4 tirs au but à 2, après 1-1 au terme des prolongations. Un match que l’Albiceleste n’aurait JAMAIS dû perdre, tellement les Argentins ont baladé les Allemands de façon éhontée. Remontés au score à la 80ème, alors qu’ils menaient tranquille 1-0. Les Argentins paient une erreur de coaching de Pekerman qui a sorti Riquelme huit minutes plus tôt, privant les Gauchos d’un gars capable de mettre le pied sur le ballon au milieu jusqu’à la fin du match. Une rivière de larmes emportera les illusions d’une Argentine en route pour des demies de rêve contre la Squadra… Putain d’année 2006 ! Deux mois plus tôt, Sorin a connu une autre désillusion avec Villarreal en demi-finale de Ligue de Champions. Après la défaite 1-0 contre Arsenal à l’aller, le Sous-Marin Jaune fait match nul 0-0 au Madrigal… avec un penalty manqué par Riquelme dans les arrêts de jeu. Le reste n’est que descente aux Enfers…

Juste après le Mondial allemand, on pense que Juampi (qui quitte Villarreal) va intégrer un grand club, vu ses qualités encore phénoménales et son statut de capitaine de l’Argentine. Problème : il a 30 ans… Et ça, ça refroidit un peu les recruteurs. Pourtant, l’indemnité de transfert n’est pas énorme, c’est juste son salaire qui est un peu élevé. A Paris, on se met à rêver du retour du fils prodige (saison 2003-04)… En fait, ce sont les clubs de Portsmouth, Bolton et Newcastle qui s’intéressent vraiment à lui. Finalement, il signe à Hambourg. Le montant du transfert est dérisoire (2,5 millions d’euros). A ce moment précis, on sait que sa carrière va mal finir, même si Hambourg n’est pas le club le plus crade de Bundesliga. Deux saisons pourries par les blessures et seulement 24 matchs joués. En août 2008, il retourne au Cruzeiro (il y a joué en 2000-01) : une saison pourrie toujours par les blessures (lésions répétées à la cuisse droite et au mollet gauche) et seulement 6 matchs joués. Hier, l’ancien international (76 sélections, 12 buts) a donc annoncé sa retraite : « Après 15 ans de carrière, c’est difficile. Mais je vais arrêter le football. J’ai eu une très belle carrière. J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même. Ma carrière est passée très rapidement, mais je crois que le moment d’arrêter est arrivé ».

Une carrière contrastée

Que dire de Juan Pablo Sorin ? Tout simplement qu’il a bien sûr été un grand défenseur latéral gauche (l’un des meilleurs au monde en 2006) et qu’il a connu une carrière contrastée, à l’image de tous les grands Argentins de sa génération (Riquelme, Batistuta, Veron, Aimar, Heinze, Crespo…). Leur manquera toujours une Coupe du monde, gagnable en 2002 ou 2006. Sorin a fait partie de ces innombrables équipes de jeunes d’Argentine, championnes du Monde juniors ou médaillées d’or aux JO, mais qui oublient de conclure en A. Joueur pro d’Argentinos Juniors (où il a été formé), Juampi était le capitaine de l’Albiceleste junior championne du monde 1995 au Qatar. C’est ce qui l’enverra de suite à seulement 19 ans à la Juve. Un échec qui le renvoie au bout d’une saison au pays, à River Plate, où il va rester quatre ans (1996-2000) et récolter ses premiers titres : une Copa Libertadores, quatre championnats et une Super Copa d’Amérique du Sud. En 2000, il file au Cruzeiro pour deux saisons et s’impose enfin à l’étranger (Coupe du Brésil 2000).

Il tente à nouveau l’Europe en se faisant prêter à la Lazio (2002) : deuxième échec… Heureusement, le Barça se manifeste. Sorin rejoint la Catalogne en janvier 2003, toujours en prêt. Mauvaise pioche : des prestations convaincantes, mais il n’est pas conservé. Il faut dire que la saison 2002-2003 fut la plus catastrophique de l’ère Joan Gaspart : le Barça termine à la 6e place à 22 points du champion, le Real Madrid, et se qualifie lors de la dernière journée pour la Coupe UEFA…

Un morfal chevelu

Retour express au Cruzeiro… puis arrivée au PSG pour la saison 2003-04, sous les ordres de Vahid Halilhodzic. En France, on découvre ce morfal chevelu qui déglingue tout le couloir gauche avec son jumeau argentin, Gabriel Heinze. Polyvalent, capable de montées ravageuses et sachant éliminer, il est aussi capable de jouer milieu gauche, en pistonnant avec Gaby… Superbe année du PSG qui finit 2ème de L1 et gagne la Coupe de France. A noter que le club parisien n’a jamais connu la défaite quand il était aligné… Coup de théâtre ! Après une altercation avec Vahid (à ce qu’on raconte), Paris ne lève pas son option d’achat et Juampi quitte la capitale… Il file à Villarreal où il s’impose au sein de la grande colonie sud-américaine. Ses trois saisons parisienne et espagnoles (2003-06) seront son sommet.

Que rajouter de plus ? En marge du footballeur, l’homme était fin, cultivé et curieux de tout. Lors de son passage à Paris, il écumait les musées et arpentait certains quartiers historiques de la Capitale, à la découverte de petites rues et de monuments méconnus. Homme de cœur, Sorin soutient également un projet caritatif qui a pour but de lever des fonds pour construire des écoles et des hôpitaux dans son pays natal. Un livre a d’ailleurs été publié pour cette œuvre, dans lequel il avait lui-même pris la plume pour écrire une histoire intitulée « Grandes Chicos » (Grands garçons). Respect pour Juampi !