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  • Ligue Europa – 16e de finale aller – Villarreal/RedBull Salzbourg

Soriano, le prince de Salzbourg

Par Antoine Donnarieix
5 minutes
Soriano, le prince de Salzbourg

Dans l'autre Bundesliga, le championnat autrichien, un homme fait parler la poudre depuis son arrivée dans le berceau de Mozart : Jonathan Soriano. Un parcours atypique pour un joueur désormais considéré comme un dieu chez les Bullen.

En Espagne comme en Europe, personne ne s’étonne de savoir que la Catalogne est un vivier de jeunes joueurs prêts à entrer dans l’une des meilleures écoles de football au monde, la fameuse Masia. Lionel Messi, Andrés Iniesta, Sergio Busquets… Des noms connus de tous que l’on retrouve aujourd’hui dans la traditionnelle short list de l’équipe FIFA, à chaque fin d’année civile, mettant régulièrement la Liga à l’honneur. Pourtant l’an passé, un homme a créé la surprise dans le dévoilement des 40 finalistes retenus pour faire partie du XI FIFA 2014 : Jonathan Soriano. Un nom que beaucoup d’amateurs du ballon rond ne connaissaient guère, surtout lorsque l’on fait référence à son club actuel derrière son patronyme : le Red Bull Salzbourg.

Que vient faire cet attaquant aux côtés de Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et Zlatan Ibrahimović ? Y a-t-il une erreur de casting ? Une question à laquelle les fans de statistiques pouvaient répondre aisément par la négative. Jusqu’au mois de novembre, le dénommé Soriano avait en effet le meilleur ratio buts/match de tout le Vieux Continent avec 53 pions inscrits en onze mois. Oui oui, devant CR7 et Messi. À l’heure où le nombre de buts donne un avantage non négligeable à l’attribution du Ballon d’or, on pouvait donc comprendre que le natif d’El Pont de Vilomara fasse partie de la sélection de la FIFA. « C’est une vraie joie d’être dans une équipe autrichienne et de figurer parmi les 40 sélectionnés, avouait Soriano à Sport. Cela montre que lorsque l’on est performant sur la durée, la récompense tombe. » Un beau cadeau quand on sait que sa carrière a mis du temps à décoller.

« C’était notre Messi »

Repéré par le second club de la région, l’Espanyol Barcelone, Jonathan Soriano Casas accepte de signer dans un club où on fait confiance à son talent. Dans les équipes de jeunes, le garçon récite ses gammes et montre rapidement un toucher de balle au-dessus de la moyenne, au point d’entrer dans le groupe professionnel en 2004, puis d’être régulièrement convoqué chez les Espoirs. Toutefois, Soriano ne trouve pas un temps de jeu suffisant chez les Perruches et doit enchaîner les prêts en division inférieure : Almería en 2005-2006, Ejido la saison suivante. Barré au club barcelonais par le duo Tamudo-Luis García, le Catalan va donc opter pour la meilleure des écoles : le Barça B. Arrivé en 2009, il découvre cette institution prête à mettre en avant ses qualités de déplacement. Son intégration se fait progressivement avec son nouvel entraîneur, un certain Luis Enrique. Ses prestations deviennent de plus en plus complètes, à tel point qu’en 2010-2011, la réserve blaugrana réalise la meilleure saison de son histoire en terminant troisième de Segunda B. Moteur de cette bonne dynamique, Soriano excelle : 32 buts en 37 matchs. La machine est lancée. « Tout le monde au club parlait en bien de lui lorsque je suis arrivé, surtout au niveau de son intelligence sur le terrain, explique Eusébio Sacristan Mena, son coach en 2011-2012. C’est un garçon doté des qualités idéales pour permettre de faire fonctionner la philosophie de jeu du Barça. Avec sa technique développée, il combine à merveille avec les milieux de terrain, autant pour faire des passes que pour marquer des buts. »

Fan absolu de Fernando Redondo, Soriano fait passer le collectif avant son ego d’attaquant et sait sentir le moment propice pour faire gagner son équipe. Un statut de joueur cadre qui rappelle forcément une autre référence argentine. « Aujourd’hui, le 4-3-3 offre deux ailiers au Barça, plus un joueur de pointe habitué à redescendre pour combiner avec le milieu de terrain, comme le fait Leo Messi, analyse Sacristan Mena. Soriano au Barça B, c’était notre Messi. Il était capable de créer du danger en attaque comme depuis le milieu de terrain. » L’éloge fera sûrement plaisir à l’intéressé, mais ne cache pas la réalité. « Le seul inconvénient qu’il avait au Barça, c’était Messi. Quand vous voyez la quantité de matchs joués par Leo sur les dernières saisons, Soriano a compris qu’il ne pouvait pas espérer plus de temps de jeu. Ils étaient trop similaires dans leur style, et Leo avait plus besoin d’un joueur complémentaire. Ce que le Barça souhaitait, c’était un chasseur de but proche de Leo Messi pour terminer le travail. » David Villa arrive à l’intersaison 2011-2012, Soriano part quant à lui six mois plus tard : direction la neige de Salzbourg.

Le torero des Red Bull

Il faut bien le dire, un Espagnol habitué aux plages et au soleil qui part s’exiler au milieu de l’hiver autrichien, ça questionne. Si le défi paraît osé, le passionné de karting avait pourtant pesé le pour et le contre avant de s’engager. « Si je dois retenir une chose de Jonathan, c’est son amour pour sa famille, explique son ancien coach au Barça. À cette époque, il avait déjà deux enfants avec sa femme, et il portait toujours une attention particulière à ce que tout se passe bien de ce côté-là. Quand il a décidé de partir à Salzbourg par exemple, l’avis de sa femme était une donnée fondamentale à son départ. » Déjà compétitif depuis plusieurs saisons, le Red Bull Salzbourg fait venir Soriano avec des objectifs bien établis : participer à la Ligue des champions et remporter le championnat. Après trois ans passés au club, la Ligue des champions est seulement restée au stade du tour préliminaire. Pour le reste, c’est un franc succès : une Buli remportée en 2012, un doublé coupe-championnat en 2014 et déjà le statut de meilleur buteur de l’histoire du club, avec 114 buts plus 47 passes décisives en 127 matchs disputés sous la tunique des Taureaux. Des chiffres hallucinants justifiant son statut de capitaine emblématique et lui autorisant quelques absences, comme ce penalty à faire passer Sergio Ramos pour un tireur d’élite. Sûrement le genre d’occasion que Soriano, déjà buteur à 32 reprises cette saison, ne laissera pas passer contre Villarreal…

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