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Son, le fils prodigue
Pour la première manche contre Dortmund en huitième de finale de C1, Mauricio Pochettino doit composer sans Dele Alli et surtout Harry Kane, blessé pour plusieurs semaines. Mais pas de souci, le technicien argentin peut toujours compter sur Heung-min Son. Depuis son retour de la Coupe d'Asie des nations, l'attaquant de 26 ans a pris les choses en main en enfilant les pions comme des perles et en confirmant son statut d'indispensable au collectif des Spurs.
Les malheurs des uns font le bonheur des autres. Cela ne fait aucun doute, le proverbe fonctionne à merveille quand il s’agit d’Heung-min Son. Pas plus tard que le 25 janvier, les amoureux de Tottenham ont certainement esquissé un sourire lorsqu’ils ont appris l’élimination de la Corée du Sud par le Qatar (0-1) en quarts de finale de la Coupe d’Asie des nations. Une mauvaise nouvelle pour les Guerriers Taegeuk, mais un petit plaisir pour des Spurs ravis de pouvoir à nouveau compter sur le joueur de 26 piges qui n’aura finalement manqué qu’un petit match de Premier League.
« Ce n’est pas évident pour moi de quitter l’équipe à un moment aussi important » , avait-il concédé à Sky Sports avant son départ pour les Émirats arabes unis. Et il n’aura pas mis longtemps à se faire pardonner : moins de 72 heures après son retour sur le sol londonien, il a réveillé tout le monde dans une rencontre délicate face à Watford avec une praline imparable pour égaliser à la 80e minute. Avant que Llorente n’offre un succès précieux à Tottenham (2-1). Un retour à point nommé, donc.
L’indispensable
Le retour prématuré de Son a surtout soulagé son entraîneur, Mauricio Pochettino. Car le technicien argentin a vu son équipe perdre deux joueurs clés pour une longue durée en janvier (Kane et Alli). Et si l’absence du natif de Chuncheon n’a pas eu d’incidence en Premier League, elle a certainement pesé dans les coupes nationales. L’attaquant a donc dû assister impuissant aux éliminations du club londonien de la FA Cup et de la Carabao Cup devant sa télévision. « Ça fait mal, vous ne pouvez même pas imaginer, expliquait-il aux médias britanniques à son retour. J’ai suivi tous les matchs à la télé. Car si je ne regarde pas, je ne peux pas dormir ! »
Mais voilà, Son est déjà revenu et il a décidé de ne pas blaguer. Peu importe la fatigue, le décalage horaire ou l’accumulation des matchs, le Sud-Coréen est en feu depuis son retour en Angleterre. Mieux, il est bouillant depuis le lancement de la période infernale des fêtes. Le bilan chiffré ? Neuf caramels et cinq offrandes en dix rencontres toutes compétitions confondues. Alors, Pochettino n’a pas hésité en conférence de presse à faire son éloge après le succès contre Newcastle (1-0) le 2 février grâce à un nouveau but de Son dans les dernières minutes du match : « Il travaille tellement dur. Il persiste toujours, et n’abandonne jamais. Il essaye, encore et encore… Il est toujours comme ça dans ses efforts, avec et sans le ballon. Il est très régulier et constant, c’est ce qui est le plus important. Sonny est comme une pile : il travaille, travaille, travaille. » Le coach l’a bien compris, Son est devenu indispensable au collectif.
Le moment de vérité
Elle est bien loin, cette saison 2015-2016. La première de Son sous le maillot de Tottenham, après des aventures à Hambourg et à Leverkusen. Non, l’intégration n’a pas été simple pour le joueur asiatique. Au point d’envisager un départ, après une petite année à Londres. « Bien sûr, après la première saison, il a compris ce que nous attendions de lui, se réjouissait Pochettino début février en conférence de presse. Si vous le voyez maintenant, c’est l’un des joueurs qui bouge le plus sur le terrain, cherchant à être présent dans les situations offensives comme défensives. Il donne toujours des options à ses coéquipiers. C’est un joueur très complet aujourd’hui, et nous sommes très heureux de ses performances. » Plus qu’un attaquant physique et énergique, Son est un joueur intelligent, capable d’anticiper les déplacements de ses partenaires et adversaires, de mettre de la vitesse dans le jeu des Spurs et de débloquer certaines situations grâce à sa finition remarquable.
Puis, le bonhomme s’est enlevé un sacré poids en gagnant le droit d’être exempté de service national depuis la médaille d’or obtenue aux Jeux asiatiques cet été. Tout ça sans faire trop de bruit. Car si le capitaine de la Corée du Sud est une véritable icône dans son pays, il n’a pas le même statut que Harry Kane, que Dele Alli ou même que Christian Eriksen. En l’absence des deux premiers, Son a l’occasion de confirmer sa forme étincelante et son rôle de leader face à Dortmund à Wembley. La saison dernière, Son avait marqué sans pouvoir empêcher la qualification de la Juventus. Son nouvel objectif : emmener Tottenham en quarts de finale de la Ligue des champions pour la première fois depuis 2011. Reste à savoir si le malheur du Borussia fera le bonheur des Spurs.
Par Clément Gavard