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Soir de match à Montréal

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Soir de match à Montréal

En ciblant Montréal comme première ville-test pour son opération exportation du football français, Frédéric Thiriez a-t-il visé juste ? La métropole multiculturelle québécoise respire-t-elle le soccer ? Nous sommes allés le vérifier cette semaine au stade Saputo de l'Impact de Montréal, le club local. Au cœur des ultras.

Pour les supporters, la partie débute une bonne heure avant le coup d’envoi, au Pub 99, un abreuvoir à Budweiser sans charme –serveuse mise à part– mais qui présente le double avantage de servir de généreuses portions de poutine (frites, sauce barbecue, fromage, le plat traditionnel local est un cauchemar pour nutritionniste) et d’être situé à deux pas du stade Saputo.

Cette nouvelle enceinte sportive montréalaise, qui jouxte le stade olympique, a été entièrement conçue pour la pratique du soccer, moyennant 15 millions d’euros. Une rareté en Amérique du Nord, c’est la tête de gondole du club pour draguer les boss de la Major League Soccer (l’Impact est actuellement en “deuxième division”, la United Soccer League –rappelons au passage qu’en Amérique du Nord, les championnats sont fermés, sans promotion ni relégation, ce sont les thunes, les structures et le bagou des dirigeants qui peuvent permettre d’évoluer à l’échelon supérieur). D’une capacité de 13 000 places, il doit bientôt être agrandi pour atteindre les 20 000. Trois tribunes à l’anglaise le composent pour une ambiance réputée comme étant la meilleure de la Ligue USL. Pour vrai ?

Assiettes et pichets vidés, direction le stade. Les Ultras montréalais, groupe créé en 2002, revendiquent une bonne trentaine de membres et plus du double de sympathisants. La grande majorité a entre 20 et 30 ans, un service trois pièces, une écharpe au cou et un maillot de l’équipe sur les épaules. Ni Lonsdale ni Sherman. Sur le terrain, la délégation guingampaise, tout juste arrivée, est présentée au public, qui applaudit poliment mais s’en fout pas mal en vérité. Puis les deux adversaires du soir arrivent, avec près d’une demi-heure de retard sur l’horaire prévu. Pas grave, on prend quand même le temps de faire retentir les hymnes américain et canadien et de présenter la mascotte (un chien ? Un écureuil ? Un rouquin ça c’est sûr). C’est le show.

Derrière les buts, les ultras ont sorti le matos, classique : bâche, drapeaux, calicots, un tambour, un (petit) mégaphone et une bonne dose de courage, alors qu’à peine une cinquantaine de fans ont daigné lever leur séant au coup d’envoi pour donner de la voix et agiter les bras, à l’invitation du kapo, qui fait un peu la gueule pour le coup : « Criss’, vous dormez ?! Oh, là, derrière, vous savez, vous pouvez vous lever, c’est correc, on va pas vous engueuler pour ça… » Le public est très familial, bon enfant. Dans le reste de la tribune, des petits groupes de jeunes ados mettent l’ambiance à leur manière : les gars, torses nus peinturés, agitent des mains en plastique qui font un bruit insupportable, les filles, mini bermudas affriolants, vocalisent façons groupies. Régulièrement, après une action dangereuse ou au moment d’un coup de pied arrêté, la sono du stade crache un bon riff d’AC/DC ou des Ramones (sic) pour inciter les gens à se bouger. Fun.

Le stade est très largement rempli avec plus de 12 000 entrées payantes. Très satisfaisant quand on sait que l’Impact reste sur une série de cinq rencontres sans victoire, neuf buts encaissés, zéro marqué. Il faut dire que la victoire est quasi assurée puisqu’en face, ce sont les City Stars de Cleveland, équipe réputée la plus faible du championnat. De fait, même pas dix minutes de jeu et l’Impact ouvre le score. But assez vilain, mais but. On s’excite pas mal en tribune, le pop-corn valdingue, tout le monde se retourne vers l’écran géant pour voir le ralenti. Même pas le temps de fêter ça en appelant le serveur qui déambule entre les sièges, plateau de bières sur la tête –oui, ici au Québec, la buvette vient à toi– que Cleveland égalise sur une énorme erreur de marquage.

D’ailleurs au passage, le niveau footballistique n’est pas franchement reluisant. Tactiquement naïf, techniquement faible, le jeu se résume le plus souvent à de longs ballons balancés au petit bonheur la chance dans la profondeur, et advienne que pourra. Les latéraux de Cleveland oublient de défendre et l’Impact en profite pour reprendre l’avantage avant la mi-temps. Celle-ci dure pas loin d’une demi-heure, décidément on ne s’embête vraiment pas avec les horaires.
En deuxième période, les locaux déroulent et plantent deux nouveaux pions, sans forcer. Du coup, l’ambiance se fait nettement plus chaude dans le coin des ultras, qui double de volume. Quelques pogos bien sentis se forment, on se tient par les épaules, on chante du très classique : “Aux armes”, “Seven Nation Army”, Allez allez allez allez oh, etc. Petit originalité à l’américaine : un chant sur l’air de “Hey baby”, de Bruce Channel. Oui, la chanson de Dirty Dancing !

Verdict ? Une hostie de belle victoire qui remonte le moral des troupes. A l’échelle du stade, l’ambiance en tribune est plutôt bonne, avec un joyeux mélange d’une poignée d’ultras très influencés par les animations à l’européenne et une majorité de familles venues voir le show, plus à l’américaine. Sur le terrain en revanche, c’est du niveau National, au mieux. Pour prétendre figurer en MLS, l’équipe doit gagner en maturité. A ce titre, le match amical contre Bordeaux mardi prochain est certainement plus important pour l’Impact que pour les Girondins.
En attendant, aux derniers chiffres, plus de 28 000 billets auraient été vendus pour le Trophée des Champions au stade olympique. Le record de l’épreuve, 30 500 spectateurs à Gerland en 2006, devrait être battu.

La vidéo du match

Totò Schillaci, pour une nuit éternelle

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