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Sohn : « J’ai dû regarder le but de Bergkamp douze fois d’affilée »

Propos recueillis par Matthieu Rostac
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En Angleterre, on naît supporter par le sang ou le sol. Sohn, lui, a choisi le sol, celui d'Arsenal, en vrai Gunner d'origine. Désormais exilé à Vienne, le musicien suit à distance le jeu léché des boys d'Arsène. Entre deux parties de Football Manager.

T’es fan d’Arsenal, c’est ça ?

Ouais, depuis que j’ai sept ans. J’ai grandi juste à côté de là où Arsenal a été fondé : dans le Sud-Est de Londres, à Woolwich. En fait, il y avait vraiment un arsenal là-bas, dans lequel ma grand-mère a travaillé durant la Seconde Guerre mondiale. Donc je pense que j’ai commencé comme n’importe quel gamin : c’est ton quartier et puis après, on te file une tenue complète du club. Et tu te dis : « Yes ! C’est mon club ! » Même si le club est dans le Nord de Londres depuis bien longtemps maintenant, tu t’identifies toujours. Mon père supporte Charlton Athletic parce que c’est vraiment le club du coin. Mais bon, quand t’es gamin, c’est dur de supporter Charlton… Un club de troisième division, sans terrain parce qu’ils le partageaient avec Crystal Place, je crois. Dur, quoi.

Ton premier souvenir d’Arsenal ?

Le tout premier, je crois que ça reste la saison du titre en 1990-91, la première où j’ai vraiment suivi. Il y avait Paul Merson et Alan Smith. Ils avaient l’air tellement pourris comparés à l’ère Wenger. Et puis cette défense : Martin Keown, Tony Adams, Lee Dixon, Nigel Winterburn. Ils gagnaient tous leurs matchs 1-0 ! (rires) C’était même devenu une marque de fabrique pour Arsenal parce qu’ils étaient tellement bons défensivement. Je crois qu’ils n’ont perdu qu’un ou deux matchs cette saison-là. Bon, ils ont fait plein de matchs nuls, hein, genre quatorze fois. Il y avait Anders Limpar, aussi. J’ai toujours adoré les laissés-pour-compte, même s’ils étaient mauvais. Par exemple, mon joueur préféré de l’époque, c’était Eddie McGoldrick. Une année, j’ai même acheté le maillot de Stefan Schwarz alors qu’il n’a joué que trois matchs. Mais j’étais super fier. Après, Ian Wright est arrivé. Puis Bergkamp. Quand Bergkamp a signé, on s’est dit : « Hein, quoi ?! » C’était complètement dingue qu’il vienne chez nous. Je crois que Bruce Rioch était encore le manager cette année-là. Je me rappelle aussi de ces maillots très moches. Mais il y avait le logo JVC. JVC, JVC, JVC… Et après, Sega Dreamcast ! Sérieux ? Berk… Quand t’es gamin, le sponsor est presque aussi important que l’écusson, tu vois.

Sega Dreamcast, c’est la période Wenger.

Ouais, c’est dingue la façon dont les gens sont soudainement devenus fiers d’être pour Arsenal. Il a repris la base de cette équipe avec un jeu très à l’anglaise et en a fait une sorte de spin-off. Bien sûr, il y avait Vieira, Overmars, Bergkamp, Ljungberg, Anelka à l’époque. J’étais tellement excité quand j’ai vu Anelka jouer pour la première fois. En plus, je suis un gros joueur de Football Manager, donc je connaissais ses capacités. Je suis allé plusieurs fois au stade cette année-là, quand on gagne la FA Cup. Lorsqu’il a quitté le club, je me suis dit : « Whaaat ? » J’étais vraiment choqué qu’il parte. Mais bon, ça a rapporté pas mal d’argent au club, un record à l’époque. Un truc du genre plus de trente millions d’euros. Et de toute façon, j’ai été un des tout premiers fans de Thierry Henry à Arsenal. Personne ne le connaissait en Angleterre, mais je l’avais vu jouer quelques années avant pour Monaco. Je me souviens qu’il avait l’air tellement cool avec ses petites dreads. Et il avait l’air très bon sur le terrain. Mais les mecs se disaient qu’il était pas fiable, etc. J’avais presque une sorte de relation privilégiée avec Henry, tu vois. J’ai lu une biographie de lui, d’ailleurs, et je pense que mentalement, on est un peu pareils.

T’es en train de dire que tu as une connexion avec Thierry Henry, là ?

Exactement. Il a cette espèce de flair naturel et cette façon de se comporter avec les gens. Je pense qu’il est très soucieux de sa vie, qu’il essaie d’avoir la meilleure place dans sa vie comme il pourrait l’avoir sur le terrain. Si quelqu’un va dire du mal de lui, il va se mettre dans une position pour éviter ça. Certaines personnes s’imaginent que vouloir satisfaire tout le monde s’apparente à de la manipulation. Moi pas. Merde, on est fait du même bois.

Tu as parlé de Bergkamp tout à l’heure. On parle DU but ?

Celui contre Newcastle ?

Ouais.

Oh my God ! J’ai dû me le regarder douze fois d’affilée à l’époque. Encore maintenant, tu ne peux pas vraiment comprendre comment il a fait. On dirait que son corps ne peut pas bouger… Je te jure, je comprends pas. C’est que de l’instinct, quoi. Le mec doit faire passer la balle autour du défenseur et il fait avec. Mais le truc fabuleux, c’est qu’il ne peut pas arrêter la balle, il doit juste la dévier. Et il est le seul à savoir où elle peut aller, personne d’autre. De toute façon, il n’aurait pas pu faire autrement, si ce n’est contourner le joueur par l’intérieur. Mais ça n’aurait sans doute pas marché.
Henry a marqué plein de buts spectaculaires, aussi. C’est incroyable cette capacité constante qu’il avait à planter toujours le même but. Aile gauche, entrée de surface, enroulé. Quand il revient au club en 2012, il joue le match de FA Cup contre Leeds. Il arrive un peu en surpoids, beaucoup plus vieux, avec sa grosse barbe. Le club galère et il plante EXACTEMENT le même but. Celui de la victoire. J’ai chialé ma race. Je pense qu’on est tellement chanceux, à Arsenal, d’avoir pu vivre ça dans la vie réelle. Un mec considéré comme un fils par tous les supporters d’Arsenal. Il part à Barcelone, d’accord, mais tu sens qu’il n’a pas le choix s’il veut évoluer dans sa carrière. Je ne suis pas sûr qu’il voulait vraiment partir. Déjà, il a perdu de la magie en quittant Highbury pour l’Emirates Stadium. Et puis Bergkamp était parti, Vieira aussi, Pirès allait faire de même. Il était le seul rescapé de cette époque bénie, avec Fàbregas. C’est comme quand tu restes dans une école et que tous tes copains se barrent. T’es pas toujours sensible au départ des joueurs, à ce qu’ils ressentent, etc. Mais quand un mec comme ça s’en va, tu ne peux que faire preuve d’empathie.
Quand t’es gamin, le sponsor est presque aussi important que l’écusson

De la grosse époque d’Arsenal, qu’est-ce qui t’a également marqué ?

La paire Vieira-Petit qui était énorme. Quand tu les voyais jouer, t’avais l’impression qu’ils allaient toujours s’en sortir et qu’Arsenal finirait toujours par marquer un but. Et cette année, je dois reconnaître que c’est la première fois que je ressens à nouveau ça, notamment avec un Ramsey très en forme. Tu te dis : « Merde, tout ce qu’on tente, on le réussit ! » C’est vraiment cool. Enfin, le début d’année, parce que là, ils galèrent. Tu vois, chez les supporters, pas grand monde n’apprécie le fait que Giroud soit notre fer de lance. Mais moi, je pense qu’il est très important dans notre jeu parce qu’il crée des espaces pour les autres joueurs. Bon, c’est pas un buteur naturel, il est pas très agile. À côté de Henry ou de Van Persie, on dirait parfois qu’on n’a pas vraiment d’attaquant. Mais c’est notre façon de jouer. On pouvait pas le comprendre avant cette saison, mais maintenant, tout le monde se dit « Aaah, c’était ça qu’Arsène Wenger essayait de faire depuis tout ce temps ! » C’est juste qu’avant, il n’avait pas les joueurs pour le faire. Mais bon, Chelsea va gagner cette année. Ils vont le faire, c’est tout.

Pourquoi Giroud n’est pas apprécié ?

Pour son passé, je pense. C’est comme pour Koscielny. Ce ne sont pas les deux joueurs les plus talentueux. Ils viennent de petits clubs et ils ont bossé dur pour devenir des membres de leur sélection. Mais tu sais, quand ils étaient tous les deux à Tours, il y a cinq ans, je les achetais déjà sur Football Manager pour ma saison ! (rires)

Tu fais ton Arsène Wenger, en fait. Tu penses quoi de lui, d’ailleurs ?

Il est évidemment le meilleur manager qu’on ait jamais eu. Il a transformé le club. Pendant longtemps, j’ai cru qu’il était rigide, qu’il voulait faire à sa façon sans prendre en compte l’avis des autres. Mais maintenant, je le respecte énormément parce qu’en fait, il endossait le costume du coupable pendant toutes ces années, alors qu’il n’avait rien à se reprocher. Il n’avait aucune thune à dépenser, alors qu’il disait : « Oui, nous sommes un grand club et nous avons de l’argent. » Et ça a marché, parce qu’on a fait beaucoup de profit sur les six ou sept dernières années. En recrutant tous ces jeunes, je pense pas qu’il ait fait preuve d’idéalisme. Il était juste pieds et poings liés. Ceci dit, il a toujours le nez pour flairer les jeunes joueurs. Fàbregas a bien éclos, d’accord, mais personne autour n’a fait de même pendant longtemps. Et puis cette année, Ramsey éclot alors qu’on n’y croyait plus, de même que Walcott qui commence à avoir un football brain qui lui pousse. Il y a aussi Gnabry et Zelalem qui arrivent. Zelalem a l’air d’être incroyable, une sorte de Özil/Fàbregas en plus maigre. À mon avis, il va avoir le même parcours que Wilshere. Quand il avait seize ans, je disais à mes potes : « Regardez ce gars-là, il va être génial ! » Je ne sais pas trop comment va évoluer la carrière de Wilshere, désormais. Son corps a changé et il joue différemment : plus physique, mais plus lent. Il a toujours eu cette image de dribbleur, mais finalement, non. Il va nous faire une Lampard.

Toi qui vis à Vienne, as-tu eu le temps de te pencher sur le football autrichien ?

Non, pas vraiment. Logiquement, j’aurais dû m’intéresser au Rapid, mais ça ne me va pas vraiment. Je ne me reconnais pas dans les valeurs des deux clubs de Vienne. Il y a bien cette équipe, le SV Austria Salzburg, qui ressemble un peu au FC Sankt Pauli. Ils ont des supporters très jeunes, qui n’insultent pas et qui ont décidé de détenir le club. Mais bon, j’ai déjà mon deuxième club de cœur : Bath City ! Je les prends toujours à Football Manager et je les ai enfin fait monter en Premier League ! (rires)

Tu joues beaucoup à Football Manager, dis-donc.

Ouep. Depuis Championship Manager Italia (sorti en 1993). Attends, c’était génial : tu pouvais jouer avec des mecs comme Van Basten. Je me rappelle même plus sur quel ordinateur je jouais, sur Amiga je crois. D’ailleurs, c’est comme ça que j’ai rencontré mon meilleur pote à Vienne, un Anglais qui a longtemps vécu à Nancy. On prenait le train de nuit pour l’Autriche et on est restés face à face dans le même compartiment pendant six heures. À un moment, il me dit : « Football Manager ? » Je lui réponds : « Oui. » Il tourne son PC : le mec entamait sa cinquième saison avec Shrewsbury Town. Et Gareth Southgate était le nouveau sélectionneur de l’équipe d’Angleterre ! Incroyable.

Le nouvel album de Sohn, Tremors, sort le 7 avril prochain chez 4AD Sohn sur Facebook

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