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Sofiane Feghouli : « Tudor n’acceptait pas ceux qui baissaient les bras »

Propos recueillis par Timothé Crépin
5 minutes
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Galatasaray ne reste pas la meilleure expérience d'entraîneur d'Igor Tudor. Pourtant, viré dix mois après son arrivée en 2017, le nouveau boss de l'OM a marqué Sofiane Feghouli qui prévient tout Marseille : ça va être (très) intense.

Tu as connu Igor Tudor à Galatasaray : bon ou mauvais souvenir ?C’est un très bon coach en devenir… s’il fait preuve d’autocritique. C’est fondamental pour arriver au top niveau. Je ne le connais pas assez pour savoir s’il est capable de se remettre en question. S’il y parvient, il sera un très bon coach.

On dit de lui que c’est un entraîneur passionné, à 300% dans son job : tu confirmes ?Oui, il est très investi, il est minutieux : travail psychologique, physique, tactique… Il cherche constamment à être meilleur et, le plus important, il déteste perdre, réellement. Quand je l’ai vu la première fois, j’ai immédiatement compris qu’avec lui, nous allions être poussés dans nos retranchements. Et qu’avec l’équipe formée, cela allait nous mener au titre de champion.

Les semaines étaient intenses…On réalisait des séances pouvant aller jusqu’à 7 ou 8 kilomètres parcourus. Ce qui est très élevé ! Mais nous dominions nos adversaires dans l’intensité, dans l’impact. Et avec la qualité des joueurs, c’était un gros avantage.

Les séances d’entraînement étaient physiquement au top. Tactiquement, la semaine, le plan de jeu était bien préparé. En revanche, le relationnel avec les joueurs était parfois délicat.

Dans L’Équipe, Aurélien Chedjou a raconté la première fois que Tudor est arrivé dans le vestiaire de Galatasaray : « Il nous a dit qu’on allait tellement souffrir qu’on ne verrait plus rien d’autre que le centre d’entraînement et notre lit. » As-tu eu le même sentiment ? Je pense que la période d’Aurélien était différente de la mienne (Feghouli est arrivé à Istanbul à l’été 2017, quelques mois après la nomination de Tudor à Galatasaray, en février, NDLR). C’était la fin d’un cycle pour lui et son groupe de joueurs. Nous, nous étions une toute nouvelle équipe. C’était un nouveau départ pour le club qui avait beaucoup investi durant le mercato d’été et monté une équipe très solide (Sofiane Feghouli, Bafétimbi Gomis, Jason Denayer, Mariano, Younès Belhanda et même… Cédric Carrasso étaient tous arrivés cet été-là, entre autres, NDLR), avec un public privé du titre depuis quelques saisons. L’excitation était grande.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué chez lui ?Les séances d’entraînement étaient physiquement au top. Tactiquement, la semaine, le plan de jeu était bien préparé. En revanche, le relationnel avec les joueurs était parfois délicat. Je pense qu’il a besoin d’un adjoint qui le complète, qui soit plus chaleureux et proche des joueurs pour optimiser son rendement.

Il devrait faire preuve de plus de tact dans son approche selon la mentalité du joueur à qui il s’adresse. Certains peuvent se sentir froissés, et ça peut parfois causer des disputes.

C’était parfois trop strict ?Dans le relationnel, il est plutôt blagueur et s’adresse à tout le monde de la même façon. Il n’y a pas de distinction. Mais parfois, dans le travail, il devrait faire preuve de plus de tact dans son approche selon la mentalité du joueur à qui il s’adresse. Certains peuvent se sentir froissés, et ça peut parfois causer des disputes. Il a assurément pris en expérience depuis cinq ans, et pour Marseille, c’est une très bonne signature. Mais jouer une fois par semaine ou tous les trois jours… L’entraînement est différent, et la fraîcheur psychologique est capitale pour réaliser une grande saison. Mais c’est un leader et il assume pleinement sa vision des choses.

Le groupe pouvait être affecté par ce manque de tact ?Beaucoup de joueurs locaux ont souffert des séances du fait qu’ils n’étaient pas habitués et avaient pris de mauvaises habitudes des années précédentes. Et quand vous ne jouez pas, ça devient très difficile à supporter. Tudor n’acceptait pas ceux qui baissaient les bras ou un joueur nonchalant aux entraînements. Il fallait être fort avec ballon et sans ballon et physiquement au top, un vrai athlète, pour supporter sa charge de travail quotidienne.

Parlons tactique : a-t-il un seul système de jeu ou est-il flexible ?Il n’hésite pas à surprendre l’adversaire. Nous jouions en 4-1-4-1 la majorité du temps. Mais sur un match, il peut changer, c’est arrivé lors du derby face à Fenerbahçe par exemple. Il prône un football de qualité, de haut niveau, que j’ai apprécié. Il étudie bien ses adversaires, motive très bien son groupe. J’ai trouvé qu’il utilisait bien le ballon et qu’il avait une équipe structurée. Après, cela dépend toujours des joueurs qu’il a à disposition.

Tudor sait y faire avec les Méditerranéens.

Raconte-nous son départ de Galatasaray.Son départ a été incompréhensible pour les joueurs. Nous étions début décembre, deuxièmes à trois points du leader. Mais à Galatasaray, les choses se passent souvent en coulisses avec la pression médiatique quotidienne et son lot de rumeurs. Avec certains fans instrumentalisés de l’extérieur, il n’a pas pu continuer, et la direction avait dû écouter l’opinion publique. Ajoutez à ça certains joueurs, de l’intérieur, mécontents de leur traitement… Cela a conduit à son départ. En fin de saison, le titre obtenu était venu du travail physique fait en amont et de la qualité des joueurs recrutés.

Pour toi, a-t-il les épaules pour le job ?Galatasaray est le plus grand club de Turquie, un club qui a des trophées européens, qui a une grande histoire. La Turquie est méconnue en France à tous les niveaux. Moi qui vis en Turquie depuis cinq ans, je peux assurer que l’OM est un club similaire aux quatre grands clubs de Turquie en matière de passion pour le football. Donc Tudor a l’habitude. Il a aussi coaché au PAOK Salonique. Il sait y faire avec les Méditerranéens.

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Propos recueillis par Timothé Crépin

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