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Sofiane Feghouli d’appoint
Son arrivée à West Ham aurait dû être la suite logique de sa progression. Mais à Londres, Sofiane Feghouli paraît plutôt s'être fourré dans un joli traquenard. En manque de temps de jeu et malchanceux quand il est sur le terrain, sa mauvaise passe le poussera à regarder la CAN depuis son canapé.
Il n’a pas le numéro 13 floqué dans le dos, mais a quand même récupéré la poisse qui va avec. Encore pilier de la sélection algérienne et ailier de Valence aux presque 250 matchs et plus de quarante buts l’été dernier, il n’a fallu qu’un peu plus de six mois à Sofiane Feghouli pour sombrer. À l’origine du mal, comme souvent, il y a un transfert qui ne se passe pas comme prévu et un parachutage mal négocié dans un nouveau club. Pourtant, quitter Valence fissa semblait être l’unique solution de Feghouli en juin dernier après une fin de saison un peu pourrie. En effet, impossible de dire que le Franco-Algérien est parti précipitamment et sans prévenir, ou que son transfert a été une surprise. Six ans après être arrivé à Valence en provenance de Grenoble, la boucle espagnole était bouclée et Feghouli avait fini de ruiner une saison déjà compliquée sportivement en s’embrouillant fortement avec son club au printemps. Tout démarre en avril dernier, alors que Valence lutte péniblement pour quitter cette satanée quinzième place de Liga à laquelle le club a réussi à tomber, en s’envoyant quatre défaites d’affilée. Le mardi 5 avril, après un match joué avec l’Algérie, Feghouli n’est pas revenu en Espagne et sèche l’entraînement. Un problème de billet d’avion entre Paris et Valence, justifie-t-il. Le 10 avril, il entre en jeu dans le dernier quart d’heure sous les sifflets du Mestalla. Le lundi qui suit, il n’est toujours pas à l’entraînement, dit ressentir une douleur à la cheville, et préfère rester au gymnase faire du vélo d’appartement. Dans la foulée, Valence le met à pied et il n’est pas convoqué pour la fin de la saison. L’opération résurrection aurait dû s’appeler West Ham. Et pour l’instant, c’est loupé.
« He’s super Slavs man »
Feghouli a pourtant fait tous les efforts pour couper tous les liens avec Valence et s’offrir une nouvelle aventure, allant jusqu’à demander au syndicat des joueurs espagnols de défendre ses intérêts contre son ancien club. Le genre d’attitude que les patrons adorent. En fin de contrat en juin 2016, Feghouli ne prolonge pas, débarque sur le marché des transferts avec une étiquette « gratuit » collée dans le dos, et ne rapporte pas un euro à Valence. Voilà pour la fin du clash. La suite, c’est la signature à West Ham pour trois ans dès début juin, et les grandes déclarations pleines d’amour pour les Hammers, avec en toile de fond ce sempiternel rêve de jouer dans le championnat anglais : « Je suis très heureux de signer à West Ham et de jouer pour Slaven Bilić. Il me voulait dans le groupe et pour moi, c’était important dans ma décision. Jouer en Premier League, pour un joueur c’est très important dans une carrière. Je suis heureux. » Il faut dire que le choix de West Ham faisait sens, et que la belle saison des gars de Bilić en faisait un club attractif. Mais les Hammers ont attaqué la rentrée en galérant sévèrement, et Feghouli n’a eu aucune occasion de se montrer, totalement laissé sur le bas-côté par son entraîneur. « Bilić me connaît depuis un moment et il a confiance en moi. J’étais blessé, donc je suis revenu petit à petit. Pas de quoi s’alarmer. Vraiment pas. Bilić, c’est l’homme de la situation » , jurait Feghouli à So Foot en octobre sans s’affoler. Jusqu’au lundi 2 janvier dernier, où Bilić a offert à Feghouli sa première titularisation en Premier League pour la réception de Manchester United. Un cadre de luxe dont il n’aura pas profité bien longtemps. Car s’il y a eu ce début de match solide et plein d’engagement de l’ailier, il y a surtout eu cette quatorzième minute fatale.
Fennec triste
Un ballon qui traîne, un tacle puissant de Feghouli pour le récupérer, un Phil Jones qui se jette aussi puis qui roule à terre comme s’il venait de marcher sur une mine anti-personnel, et l’arbitre plonge dans le panneau les deux bras en avant et sort le rouge. Un quart d’heure, et bye bye. Alors que la veille, Feghouli avait appris que le sélectionneur algérien Georges Leekens ne l’appelait pas pour la CAN pour cause de « manque de compétition » . La décadence ultime. Il y a encore quelques mois, Feghouli était le fer de lance de la révolte des joueurs contre Milovan Rajevac, de ces poids lourds dont la parole est assez puissante pour pousser le Serbe vers la sortie. Aujourd’hui, son manque de temps de jeu l’oblige à regarder les Fennecs à la télé. À côté de ça, les raisons de se satisfaire sont minces. Il y a bien cette décision de la Fédé anglaise, qui est venue à sa rescousse et a lavé l’honneur en annulant sa suspension. Puis Slaven Bilić qui était venu lui mettre du baume au cœur, en déclarant : « Je suis content que Feghouli reste avec nous, d’autant plus qu’il sera disponible pour nos prochains matchs » après sa non-sélection, et lui a offert vendredi dernier une deuxième titularisation d’affilée face à d’autres Mancuniens, ceux de City, en FA Cup. Avec quel résultat ? Peu après la demi-heure de jeu, alors que West Ham perd 1-0, Feghouli a la balle d’égalisation seul devant le but vide. Il tire à côté. À la fin du match, le tableau d’affichage montre un sale 5-0 pour les Sky Blues. Feghouli est resté les 90 minutes sur le terrain, avec seulement 24 passes réussies sur 32. Alors pour relancer sa carrière en janvier 2017, qu’est-ce qui vaut mieux : un billet pour la CAN, ou un bon de sortie au mercato ?
Par Alexandre Doskov