Quand on est leader à la trêve, difficile de ne pas croire à la montée, non ?
On pense surtout qu’on a fait une bonne première partie de saison, difficile, et que la deuxième sera encore plus dure. Forcément, quand on est premier à la trêve, ça donne des idées, mais ce n’est pas une obsession. L’objectif vient petit à petit, tout seul. On ne se dit pas que si on n’y arrive pas cette année, ce sera rédhibitoire pour la suite.
Le projet vendu en début de saison, c’était quoi ?
Le club est en reconstruction. Il y a deux ans, ils devaient repartir en CFA, mais ils ont été maintenus par la DNCG et ils ont fait une saison plutôt correcte l’année dernière (9e). Il fallait repartir sur un nouveau projet, sur deux ou trois ans, pour amener le club au niveau professionnel, pour justement que tout ce qu’ils font au niveau des jeunes puisse être validé, c’est-à-dire avoir un centre de formation, développer le club et l’ancrer dans la région parisienne.
Par rapport à ton premier passage au PFC (1995-199), tout a dû changer…
C’est difficile à Paris de développer quelque chose. Quand j’ai commencé, il y avait beaucoup d’ambition, de l’argent, la mairie de Paris contrôlait un peu tout. Il y avait beaucoup de choses faites en relief, mais pas beaucoup de fond. Maintenant, je pense que c’est le contraire. C’est mieux, il y a de meilleures fondations. Quand je vois le travail fait au niveau des jeunes, je trouve que c’est formidable en région parisienne. Nous, on essaie au fur et à mesure de nous mettre dans de bonnes conditions d’entraînement. On a notre terrain à la plaine de Choisy, à Créteil, nos vestiaires, et une salle de muscu vient d’être livrée. Ce n’est pas encore l’idéal, mais c’est largement correct. Par rapport à ce que j’ai connu avant, les dirigeants cherchent vraiment à consolider les formations. Ils sont sur la bonne voie de ce côté-là.
Qu’est-ce qui fait la réussite de votre équipe cette année ?
Il y a beaucoup de joueurs qui connaissent ce niveau. Le National est un championnat assez dur. Moi et deux ou trois joueurs, on a plus évolué au-dessus du National, mais ça fait un mélange. C’est ce qui fait notre force. On sait que c’est un championnat où tous les week-ends, il faut se mettre le cul par terre, donc à partir de ce moment-là, on tire tous dans le même sens. En plus, on a de bons jeunes, qui sont à l’écoute, donc pour le moment, tout se passe bien.
On dit que la Ligue 2 est avant tout basée sur le physique. Le National, c’est comment ?
Plus on monte, plus les joueurs vont vite, sautent haut, et il y a une partie tactique qui fait qu’on évite un peu les duels. Tout se joue dans les 30 derniers mètres. Et plus on descend de niveau, plus il y a des duels un peu partout. Ça devient vite de la bagarre. On sait en plus que les autres équipes nous attendent de pied ferme, car on vient avec l’étiquette « Paris » . C’est un combat permanent, 90 minutes de lutte. Il n’y a pas vraiment d’équipe qui gère les matchs, c’est limite des temps forts tout le temps. C’est très intense.
On ne vient pas au Paris FC pour le public
Le seul point noir, c’est que les tribunes de Charléty sont toujours vides…
En jouant à Paris, c’est compliqué de remplir des stades. Il n’y a que le PSG qui le fait, et on sait pourquoi. En National, c’est compliqué, à part les clubs historiques qui arrivent à drainer du monde. Alors nous, à Paris, avec la concurrence du PSG, de Créteil et du Red Star, c’est encore plus compliqué. On a un stade de 60 000 places (en réalité 20 000, ndlr), donc le remplir, c’est impossible. Il y a des gens qui nous suivent, un petit kop. Contre Marseille-Consolat (3-1), il y avait une petite ambiance, une tribune plus garnie que d’habitude. On fait avec, mais on ne se dit pas qu’on va jouer devant 15 000 spectateurs tous les week-ends. On essaie de donner le meilleur de nous-mêmes et si les gens ont envie de venir nous voir, tant mieux, mais ce n’est pas un critère. On ne vient pas au PFC pour le public.
Tu penses que ça peut être rédhibitoire pour passer un cap ?
Non, parce qu’il y a toujours des historiques, des gens qui suivent le club depuis longtemps. Ils ont envie que le club atteigne le niveau professionnel pour mieux le suivre et l’encourager. Je pense qu’on a un public potentiel, mais évidemment pas celui du PSG, qui a les Qataris derrière. Si dans un futur proche, le Paris FC arrive à monter en Ligue 2, je pense qu’il y aura des investisseurs, une meilleure vitrine et forcément ça attirera du monde. Je ne pense pas que ce soit un frein pour l’évolution sportive, mais je ne sais pas si ce sera viable économiquement d’avoir un stade aussi grand et aussi peu rempli.
Le PFC, c’est l’alternative « populaire » au PSG des Qataris ?
Oui, déjà, c’est un club qui, au début, est basé porte de Montreuil, dans un quartier assez populaire et éclectique. C’est un club familial, qui a une grosse base de formation. C’est la vocation du club, mais je pense qu’à un moment, s’il veut grandir, il faudra se professionnaliser aussi. Il faudra garder ce côté familial, cette identité, mais il ne faut pas occulter les méthodes du PSG, qui permettent aussi d’avancer et de structurer un club. C’est un mélange des deux qu’il faudra trouver à l’avenir, essayer d’avoir des investisseurs. À Paris, le potentiel est énorme et s’il y a des structures et que les joueurs peuvent rester, ça évitera au PFC d’aller en chercher à droite ou à gauche.
Dis-nous franchement, vous vous faites parfois passer pour des joueurs du PSG pour rentrer en boîte ?
Des joueurs qui le font, je n’en connais pas, mais des potes à moi l’ont déjà fait, oui (rires). Les joueurs du PFC, je ne pense pas. Mais pour des potes qui l’ont fait, c’est passé. Ça marche, et on n’est même pas obligé de dire qu’on joue au PSG. C’est même mieux avec les clubs étrangers, genre le Werder Brême, comme personne ne sait qui joue là-bas.
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