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Sochaux revient de loin
C’est sans complexe que les joueurs du FC Sochaux-Montbéliard se déplacent en fin d’après-midi sur la pelouse du Parc des Princes. Métamorphosés depuis la prise de pouvoir d’Eric Hély, les Doubistes, grands rescapés de la saison, savent que l’opération maintien ne passe pas par Paname. Ce qui ne les empêchera pas de jouer à fond. Et de jouer bien.
Une terre en friche. Voire dévastée. Voilà l’état dans lequel Eric Hély a retrouvé son FC Sochaux-Montbéliard après le passage du terrible ouragan Bazdarevic. Nommé à la tête d’une des plus belles exploitations agricoles de l’Hexagone, l’entraîneur bosnien – un homme que Google itself associe volontiers au terme « viré » dans son onglet recherche – s’est laissé bouffer par les mauvaises herbes. Flamboyantes la saison passée sous les ordres de Francis Gillot, les belles plantes doubistes se sont asséchées pendant l’été. Incapable de tirer un bon rendement d’un effectif qui a été relativement épargné par le spectre du mercato estival, Mecha a bien failli couler la maison jaune et bleue.
Arrivé le 6 mars 2012 à la place de l’ancien coach de Grenoble et d’Istres, Eric Hély, après neuf ans de bons et loyaux services passés à entraîner les jeunes, retrouve les enfants qu’il a formés chez les pros. Propulsé sur le devant de la scène, il hérite d’une équipe en crise profonde, lanterne rouge de Ligue 1 avec 21 points et cinq de retard sur le premier non-relégable Nancy. A la tête d’une équipe qui ne joue plus et d’un groupe qui a le moral dans les chaussettes, il a pour mission de maintenir la 18ème défense et la 20ème attaque du championnat dans l’élite. Un objectif fou, presqu’impossible, qui, un peu plus d’un mois plus tard, est devenu crédible.
Le livre d’Hély
« L’espoir peut conduire à beaucoup de choses et ce soir, on se dit qu’on peut le faire » . Les mots sont simples et sont d’Eric Hély, interrogé après la victoire on ne peut plus importante face à Dijon (1-0), le week-end dernier. Ce succès est le quatrième en six matchs depuis la prise de pouvoir de celui qui a su, jour après jour, redonner le moral à un effectif qui était à bout. « On est beaucoup mieux dans la tête. Nous sommes plus en confiance et ça fait du bien partout, si je puis dire. Moralement, nous sommes beaucoup mieux. Il faut continuer » évoque le latéral droit sochalien Sébastien Corchia, heureux de l’apport de son nouveau coach. De l’époque Bazdarevic, l’international espoir garde des souvenirs modérés. Mais au moment de comparer ses deux coachs, il préfère insister sur le patte Hély : « Ils sont différents. Aujourd’hui, le coach nous en demande beaucoup, il est toujours derrière nous et il passe énormément de temps à nous encourager. Le fait est qu’aujourd’hui, nous avons plus de réussite et nous sommes meilleurs. On peut donc dire que son arrivée a été très bénéfique » .
Bénéfique et même salvatrice. Car depuis la prise de pouvoir d’Eric Hély, les Sochaliens ont eu la bonne idée de s’imposer face à Evian (2-3), Nice (2-0), Brest (1-0) et donc Dijon (1-0), soit autant de concurrents directs pour le maintien. Des victoires unificatrices lors de ces fameux « matchs à six points » qui valident donc la décision du président Alexandre Lacombe de tenter un coup et de changer d’entraîneur. Car pendant qu’à Paris, on rit jaune en repensant à Antoine Kombouaré et qu’à Auxerre, Jean-Guy Wallemme n’a rien pu faire, à Sochaux, l’électrochoc a été payant. « Ca a été un choc psychologique. C’est souvent l’effet escompté, d’ailleurs. Mais là, ça a bien marché. Il a apporté quelque chose de nouveau, il nous met en confiance et surtout, on a tous pris conscience d’une situation très difficile » justifie d’ailleurs Sébastien Corchia.
Trois finales avant la fin de saison
En fin d’après-midi, sur la pelouse du Parc des Princes, les coéquipiers de Marvin Martin joueront un match de prestige. Le même genre de partie qu’ils joueront à Bordeaux la semaine suivante, ou face à un triste Marseille au soir de la dernière journée. Révoltés, les Doubistes tenteront évidemment de prendre des points face à ces « gros » , mais pensent surtout, et c’est logique, aux trois confrontations directes dans la course au maintien que leur offre le calendrier. « Nous avons Paris, mais nous avons surtout des confrontations directes. C’est sur ces matchs-là qu’il faut être solides. Dans le jeu et dans la tête. On ne se ment pas, on sait que c’est là que va se jouer notre survie » martèle Sébastien Corchia. Très forts ces derniers temps dans ces matchs couperets, les Sochaliens iront à Ajaccio puis à Caen et recevront Nancy. Trois rencontres qui décideront de l’avenir des Sochaliens et de leurs compagnons d’infortune.
Equipe frisson la saison passée, le FC Sochaux retrouve donc sa verve d’antan au bon moment. Après treize matchs sans la moindre victoire sous l’ère Bazdarevic, les Doubistes renouent avec leurs valeurs et pratiquent à nouveau un football plaisant. Incapables de marquer le moindre but il y a de ça quelques longues semaines, ils retrouvent le chemin des filets grâce notamment au retour en forme d’un Modibo Maïga décisif, auteur de quatre buts lors de ses quatre dernières sorties. Le Malien, comme ses potes Martin ou Boudebouz, se réveille après un énorme trou d’air de cinq mois qui a bien failli coûter cher aux Doubistes. Heureusement, depuis l’arrivée du coach Hély, ils ont retrouvé l’envie de jouer. « Sur le terrain, il y a plus de mouvement, et surtout, on voit que l’on prend plus de plaisir à jouer ensemble » conclut Corchia. Paris est prévenu. Les autres aussi.
Par Swann Borsellino