- Ligue 2
- FC Sochaux-Montbéliard
Sochaux ou le changement dans la continuité
Le FC Sochaux a fait dans les grandes manœuvres en janvier : départ du directeur sportif, renforcement de l'entraîneur et grosse activité sur le marché des transferts. Suffisant pour passer le printemps ?
« Qui dirige le club ? » Cette question, Jean-Claude Plessis n’était pas le seul à se la poser en fin d’année. Une interrogation à laquelle il fallait ajouter sa suite logique : et pour aller dans quelle direction ? Car entre un propriétaire chinois à la surface financière incertaine et une gestion déléguée aux Espagnols de Baskonia, se glissait un bilan sportif moribond pour le FC Sochaux-Montbéliard, 16e de Ligue 2 à la trêve. Depuis, si les Lionceaux n’ont pas encore connu la victoire en 2019, il semblerait bien que le mois de janvier ait remis un peu de clarté dans le ciel franc-comtois. Même si le retour du soleil reste une perspective encore lointaine.
Le château de cartes
Baskonia, le mot était en passe de devenir une insulte en franc-comtois, synonyme de « prise en otage, de privation d’indépendance et de valeurs » pour Théo, du collectif Sociochaux. Soit le groupe à la tête du Deportivo Alavés, arrivé à Montbéliard en avril 2018 avec l’idée d’appliquer des méthodes ayant fait leurs preuves en Espagne pour, à terme, racheter le club. « Ils représentaient tout ce à quoi on s’oppose, continue Théo. Système de multi-propriété, gestion basée sur une diminution drastique des coûts, trading et perte de l’attachement au club par la formation. » Sans oublier des relations compliquées en interne entre historiques du club, jeunes loups ibériques et propriétaire chinois, mais surtout absent. Alors, le 21 janvier, c’était jour de fête pour Théo et tout le Sociochaux, collectif hétéroclite visant à prendre une participation populaire au capital du club : « L’annonce du départ de David Vizcaino (le directeur sportif espagnol, N.D.L.R.), c’est une vraie bataille de gagnée. On retourne à la situation d’avant, avec une gestion générale chinoise et une gestion sportive française par des gens qui connaissent le football français, Sochaux et la Ligue 2. »
De fait, Omar Daf apparaît comme le grand vainqueur de l’hiver doubiste. Mais avant de revoir l’avenir en jaune et bleu, la Tribune Nord Sochaux reste méfiante et ne lèvera pas le boycott entamé en début de saison. « On connaît le président Li, explique Thibault, président de la TNS. Il peut te dire une chose un jour et le contraire la semaine d’après. » Déroulé de la frise chronologique : « Mi-décembre, Baskonia annonce son départ. Sauf qu’une semaine plus tard, Li affirme que la collaboration ne s’arrête pas, qu’elle change juste de forme. Ensuite, le 19 janvier, le club officialise le départ de six joueurs liés à Alavés, puis le 21 celui de Vizcaino. Mais rien pour le départ de Baskonia dans son ensemble. » Avant de conclure : « On connaît Li et son absence de parole, on continuera le boycott de Bonal tant qu’il n’y aura pas d’officialisation de la rupture définitive des relations. » Une absence de parole qui serait, selon Baskonia, à l’origine de son retrait, à savoir le non-respect d’un gentleman agreement sur la vente du club par les Chinois aux Espagnols dans les trois ans. Encore faut-il que le club existe toujours.
Communiqué @tribune_nord_sx à propos de la situation actuelle. pic.twitter.com/Eps5Xo5Egd
— Tribune Nord Sochaux (@tribune_nord_sx) 30 janvier 2019
Courir ou mourir
Recommencer de zéro ou réparer les dégâts, le débat existe chez les amoureux du FCSM. Sauf pour l’entraîneur Omar Daf, embarqué depuis novembre dans une mission sauvetage périlleuse, mais sorti seul maître à bord d’un mois de janvier agité comme jamais. Car pendant que les Espagnols pliaient les gaules, l’homme aux plus de 200 matchs avec les Lionceaux se voyait renforcé. À commencer par son staff, enrichi des arrivées d’Ali Boumnijel et Stéphane Mangione le 22 janvier. Puis sa matière première, son équipe : Josema, Pavić, Galilea, Madger, Nando et, dans une moindre mesure, Budkivskyi et Demitrović, ont quitté une Ligue 2 parfois trop physique pour leur football tendance latine. À la place, Sochaux a fait dans la valeur sûre : Cyrille Bayala (Lens) et Hamza Sakhi (Auxerre), prêtés, connaissent la Ligue 2, Yohan Mollo rappellera Jérémy Ménez aux anciens, Christopher Rocchia vient combler un manque à gauche, quand Momo Sissoko doit apporter toute son expérience, à défaut de vitesse. En résumé, Sochaux est revenu aux fondamentaux.
Suffisant pour se maintenir en Ligue 2 ? La clé viendra peut-être du capitaine Jeando Fuchs, dont on saura le 31 janvier à minuit s’il termine sa saison dans le Doubs, ou file à Alavés dans les valises de Baskonia. Ensuite, les dissensions internes apaisées sous la houlette de Daf, Sochaux va pouvoir se concentrer pleinement sur le terrain. Un minimum : avec tous ces mouvements en coulisses, on en viendrait presque à oublier que Sochaux est aujourd’hui 17e de Ligue 2, deux points au-dessus de la ligne de flottaison avant de recevoir le 5e, Clermont. Et le plus grave pour Thibault, la Tribune Nord Sochaux et tous les groupes en grève ? « C’est qu’on en vient à ne plus attendre le match du vendredi soir. On est critiqué, mais il ne faut pas oublier qu’un boycott, c’est vraiment éprouvant pour des supporters. »
Par Eric Carpentier