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Sochaux bouge encore
L’accord passé entre Romain Peugeot en Nanking pour le rachat du FC Sochaux était fondamental pour croire à un éventuel maintien des Lionceaux en Ligue 2. D’autres étapes restent à franchir. Le club aurait par exemple saisi le CNOSF ce jeudi.
Le rendez-vous entre Romain Peugeot et les représentants du groupe Nenking, mardi dans un grand hôtel parisien, s’est étiré en longueur, les négociations ont été âpres et même proches d’être rompues, mais elles ont finalement abouti à un résultat qui pourrait permettre au FCSM de conserver sa place en Ligue 2. L’arrière-petit-fils de Jean-Pierre Peugeot, le fondateur du club en 1928, refuse toute communication actuellement, et on le comprend. « Il n’a pas le temps. Chaque minute compte. Ce qu’il a fait en cinq jours, c’est-à-dire réunir 8 M€ auprès de divers investisseurs, ce qui est une somme, et parvenir à convaincre Nenking de conserver des parts (à hauteur de 33%), consistant à avancer les 4 M€, c’est extraordinaire », rappelle Jean-Claude Plessis.
Plessis : « Ce que Romain Peugeot a fait en 5 jours, c’est extraordinaire »
L’ancien président du FCSM (1999-2008), qui s’était dit « prêt à venir donner un coup de main » après avoir appris que le club, rétrogradé en National par la DNCG à cause d’un trou abyssal de 22 M€ et proche du dépôt de bilan et d’un redémarrage en N3, suit de très près le dossier, et s’entretient régulièrement avec Romain Peugeot. « Je l’aide comme je peux, je l’ai mis en relation avec certaines personnes. Il y a de quoi être optimiste. Attendons la suite. L’étape suivante, c’est la saisine du CNOSF (le club a saisi le CNOSF ce jeudi, NDLR), au plus tard d’ici vendredi soir, et une audience de conciliation (sans doute en début de semaine prochaine, NDLR). Bien sûr, il faudra d’ici là apporter des garanties supplémentaires, et surtout le versement des 4 M€ par Nenking. » Il s’agit même de la condition indispensable si le club franc-comtois veut exposer ses meilleurs arguments devant le CNOSF pour contester la rétrogradation en National prononcée par la DNCG, le 11 juillet dernier.
La situation du club toujours présidé par Frankie Yau a fait l’objet d’une attention toute particulière, et pas uniquement dans le Pays de Montbéliard. Selon les informations de L’Équipe, l’Élysée, qui se tient régulièrement informé de l’évolution du dossier, souhaite une issue favorable pour un club qui a beaucoup apporté au football français, et a pesé dans l’accord conclu entre Romain Peugeot et les Chinois. Et pas seulement parce qu’Emmanuel Macron, le président de la République, aime le football. « Oui, il aime le foot, il estime que le FCSM fait partie du patrimoine du sport français, mais il sait aussi qu’il y a des centaines d’emplois, directs et indirects, qui sont concernés », intervient Nicolas Pacquot, le député Renaissance de la 3e circonscription du Doubs, et qui s’est entretenu récemment avec Emmanuel Macron. L’Équipe, dans son édition du 27 juillet, affirme que le cabinet de l’Élysée aurait passé un coup de fil à Frankie Yau pour l’encourager à faciliter la conclusion d’un accord sur la vente du club. « Il y a en effet eu une intervention de l’Élysée. Outre le fait qu’il s’agisse d’un club important dans le paysage du football, il y a des emplois à sauver. Cela prouve qu’il y a pas mal de gens qui s’intéressent au sort de Sochaux, et cela va bien au-delà de notre région. Je reçois pas mal d’appels de personnes qui se disent prêtes à investir, et pas seulement des entrepreneurs locaux », ajoute le parlementaire.
Une intervention de l’Elysée
Les collectivités locales ont en effet décidé de débloquer pas mal d’argent pour sauver le FCSM. Le Grand Belfort a engagé 1 M€, le Pays de Montbéliard Agglomération et le département du Doubs vont également mettre la main à la poche environ dans les mêmes proportions, et des communautés de communes, comme Sud Territoire (150 000€) et Pays d’Héricourt (100 000€) notamment, veulent éviter à ce fleuron régional de disparaître, même si cet argent n’entrera pas dans le cadre projet de reprise. « Ce sont des lettres d’intention, car ces subventions doivent être soumises à un vote, précise Rémi Farge, journaliste à L’Est républicain. Ici, depuis l’annonce de l’accord entre Romain Peugeot et Nenking, il y a beaucoup d’enthousiasme, et c’est normal, après tant de mauvaises nouvelles. Mais il faut faire preuve d’un optimisme raisonnable. Pour l’instant, les Chinois n’ont pas versé les 4 M€, ni même 1 M€. Ce que je peux vous dire, c’est que si Romain Peugeot atteint son objectif, il aura droit à un formidable accueil le jour où il viendra à Sochaux. »
Les supporters sochaliens, très mobilisés depuis le coup de tonnerre du 11 juillet dernier, se sont également beaucoup activés pour participer à l’opération sauvetage. Dans un communiqué du Collectif Sociochaux, ils ont confirmé avoir levé « 100 000€ en seulement quatre jours auprès de 1200 contributrices et contributeurs ». Les efforts déployés par Romain Peugeot, ce jeune homme d’affaires de 33 ans qui avait déjà tenté de racheter le club en 2015, aboutiront peut-être dans les prochains jours, alors que le coup d’envoi du championnat de Ligue 2 est programmé le 5 août. « Il faut être optimiste. Et moi, je le suis. En tout cas, il faut aussi que les gens comprennent bien que ce n’est pas Peugeot qui est en passe de reprendre le club, mais Romain Peugeot avec des associés (il y aurait parmi eux plusieurs investisseurs locaux selon nos informations, NDLR) qui veulent que le FCSM continue d’exister », reprend Plessis. Le dossier sochalien est également suivi de très près par les instances du football français (FFF et LFP), qui craignent de voir disparaître un de ses monuments. « Si Nenking respecte son engagement, avec le coup de pression de l’Élysée, le poids des instances et le projet de Romain Peugeot, ça devrait passer devant le CNOSF et la DNCG. Cela peut effectivement bien se finir », espère Rémi Farge.
Tanchot travaille en silence
Et pendant que l’avenir du club se joue dans les cabinets d’avocats de Romain Peugeot et de Nenking ou lors de coups de téléphone entre gens bien placés, Oswald Tanchot, le nouvel entraîneur des Lionceaux, travaille avec un effectif dépeuplé par les multiples départs. Mercredi soir, le FCSM s’est incliné (0-1) à Belfort (National 3), et l’ancien coach du Havre, qui n’a plus que dix joueurs professionnels sous la main, a fait appel à des joueurs de la réserve ou des moins de 19 ans, qui seront sur la pelouse de Bonal, samedi, pour un autre match amical face à Louhans-Cuiseaux (N3). « Il y a même deux jeunes nés en 2007 qui participent aux entraînements », précise Rémi Farge. Jeudi matin, le jeune Eliezer Mayenda a été cédé pour 1,3 M€ et un pourcentage de 20% à la revente aux Anglais de Sunderland (Championship). La semaine prochaine sera peut-être venu le moment de s’occuper d’un recrutement pour la L2. « Mais si on est maintenus, il est probable que le match face à Guingamp le 5 août à Bonal soit reporté », souffle-t-on en interne. Un maintien en L2 mériterait bien ce petit sacrifice.
Par Alexis Billebault