- France – Ligue 2 – 22e journée – Sochaux/Arles-Avignon
Sochaux + Chine = cœur ?
L'un des clubs emblématiques du football français pourrait bientôt tomber dans le giron chinois. C'est en tout cas la rumeur qui circule avec insistance depuis quelques mois. Une chose est sûre : PSA est vendeur, et les Doubistes entretiennent depuis pas mal de temps déjà des liens étroits avec l'Empire du Milieu. Va falloir conclure maintenant…
Les premiers Chinois à avoir mis les pieds au FC Sochaux-Montbéliard sont deux jeunes joueurs débarqués dans l’anonymat en stage pour trois semaines en février 2014. Les derniers en date sont de riches businessmen qui auraient assisté très discrètement au dernier match disputé à Bonal face à Ajaccio le 17 janvier dernier, avant de visiter scrupuleusement les infrastructures du club. C’est ce que rapporte le quotidien local L’Est Républicain. Entre les deux a priori, aucun rapport, si ce n’est que les intéressés ont le même passeport chinois. Les apprentis footballeurs de passage il y a un an avaient obtenu leur stage grâce au partenariat noué entre le FCSM et le club local de Wuhan Zall, qui évolue en D2 locale. Wuhan, ville de 10 millions d’habitants située à l’intérieur des terres, dont l’un des premiers employeurs est le constructeur automobile Dongfeng, entré récemment dans le capital de PSA à hauteur de 14,1 %. Quant aux hommes d’affaires présents à Sochaux l’autre jour, ils ne viennent pas du tout de Wuhan, mais de Hong-Kong, et ne font pas du tout dans les bagnoles, mais dans les LED, via la société Ledus, un des leaders de ce marché porteur pour les particuliers, les entreprises, mais aussi pour le secteur public avec l’éclairage urbain. Wuhan et l’automobile d’un côté, Hong-Kong et les LED de l’autre, aucun rapport, sauf à considérer qu’on parle de Chine dans les deux cas. Curieux.
Un point commun avec l’Atlético ?
Curieux aussi, tous les autres liens entre le club doubiste et le grand pays d’Asie. En vrac, Stoppila Sunzu, qui a bien failli éviter au club la relégation en fin de saison dernière, évolue à Shanghai… sous les ordres de Francis Gillot, ancien coach de la maison. Et l’actuel sélectionneur de l’équipe nationale n’est autre qu’un ancien entraîneur emblématique des Lionceaux, Alain Perrin. Dans le football mondialisé tel qu’il existe aujourd’hui, il se peut qu’il ne s’agisse là que d’une succession de hasards. Ou pas. Deux choses sont sûres, certaines et incontestables. Premièrement, PSA a trouvé une béquille en Chine pour essayer de redresser économiquement son activité automobile. Deuxièmement, le même groupe PSA cherche à vendre le club de Sochaux qu’il a fondé en 1928 et dont il est propriétaire depuis.
Interrogé en octobre par L’Est Républicain, Denis Worbe, l’actuel président du FCSM, était clair : « PSA a annoncé qu’il souhaite voir quelqu’un prendre le relais (…). On traite toutes les demandes de renseignements qui nous sont parvenues sur le FC Sochaux (…). Il est absolument nécessaire (pour PSA) de concentrer les investissements sur l’industrie, le développement des véhicules. Et le diagnostic fait, c’est qu’il faut trouver une aide extérieure pour le football. » De là à considérer que c’est forcément aussi en Chine que se joue l’avenir des Jaunes, il n’y a qu’un pas qu’on se gardera bien de franchir. Ce ne serait en tout cas pas la première fois que le football d’ici intéresse des investisseurs venus d’Asie. Souvenez-vous qu’en 2013, le Stade de Reims avait disputé un match de Ligue 1 avec un sponsor maillot écrit en mandarin, fruit d’un partenariat noué avec une société basée à Shanghai, Saneî Ascenseurs, laquelle apparaît toujours sur les tuniques du club champenois. Beaucoup plus récemment et à un tout autre niveau, le milliardaire Wang Jianlin, 42e fortune mondiale et propriétaire du groupe Wanda, a investi 45 millions d’euros dans l’Atlético Madrid pour en devenir actionnaire à hauteur de 20 %.
D’autres options possibles
S’il est clair qu’il y a un intérêt des investisseurs chinois envers le football européen, et s’il est tout aussi clair qu’un club en vente tel que le FCSM constitue une cible de choix, il est encore trop tôt pour considérer que la formation doubiste va finir par être rachetée par des Chinois, qu’il s’agisse de Chinois de Wuhan ou de Hong-Kong. D’autres pistes ont aussi été évoquées ces derniers mois : un rachat par un consortium d’entreprises locales, un intérêt du groupe Kipo (expertise comptable et fiscale, partenaire de longue date du club), ou encore un autre d’EIMI, sous-traitant pour PSA… Initialement prévue au 31 décembre 2014, la date de reprise du club a été repoussée, mais l’affaire reste plus que jamais d’actualité et le dénouement proche. En attendant que son avenir soit pérennisé financièrement en coulisse, la section sportive fait actuellement le maximum sur le terrain pour retrouver la lumière de l’élite. Les hommes d’Olivier Echouafni sont actuellement en cinquième position avec seulement 1 point de retard sur le podium, avant le match de ce vendredi soir face à la lanterne rouge, Arles-Avignon. Match disputé au stade Bonal, avec peut-être encore dans les tribunes quelques visiteurs venus de loin, très loin, d’un autre continent…
Par Régis Delanoë