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Smalling, la plaisanterie a assez duré

Par Romain Duchâteau
Smalling, la plaisanterie a assez duré

Chris Smalling n'aura jamais l'élégance de Rio Ferdinand, la rudesse dans les duels de Jaap Stam ou encore l'autorité naturelle de Nemanja Vidić. Mais, à vingt-cinq ans, l'Anglais est en passe de devenir le patron de la défense de Manchester United. Une surprise, presque un miracle, pour un joueur qui a longtemps été sous le feu des critiques et raillé pour sa maladresse. Focus sur un homme en qui plus personne ne croyait.

Pour parler d’une renaissance, il aurait fallu qu’un jour il apprivoise la lumière. Or, Chris Smalling a jusqu’ici marché seul dans l’ombre. Et dans l’indifférence générale. Alors lorsqu’il s’agit de conter ce qui représente aujourd’hui peut-être le tournant de sa carrière, il conviendrait davantage d’évoquer une naissance. Celle d’un joueur, souvent et longtemps soumis légitimement aux diatribes les plus acerbes, devenu un joueur majeur de Manchester United cette saison. Un titulaire en puissance qui a pris part à toutes les rencontres toutes compétitions confondues de sa formation. Preuve de cette nouvelle considération et de l’envergure prise par l’international anglais, les louanges qui lui ont été réservées par son ex-coéquipier et désormais consultant émérite, Rio Ferdinand, au soir d’une prestation immaculée contre le Club Bruges, en barrage aller de Ligue des champions (3-1, 18 août).

« C’est une saison massive pour lui. J’adore regarder Smalling quand il est dans cet état d’esprit : en « beast mode », s’enthousiasmait-il sur le plateau de BT Sport. Il veut juste défendre, prendre et pousser les défenseurs hors de son chemin. C’est comme s’il avait le couteau entre les dents et qu’il voulait dire : « Je veux être le défenseur central numéro un dans ce club. » Au regard de la forme qu’il affiche en ce début de saison, il semble qu’il ait enfin pris le bon chemin. » Un hommage aussi soudain que justifié. Mais avant d’être réhabilité publiquement, le Red Devil a galéré et a dû rester debout, stoïque, malgré une pluie de critiques incessante. Parce qu’il faut bien le dire, Smalling en a pris sacrément dans la tronche.

Stupidité, maladresse et tenue de kamikaze

On a même bien cru que son aventure avec United avait atteint un point de non-retour, le 2 novembre 2014. Ce jour-là, le longiligne défenseur anglais récolte bêtement un deuxième carton jaune et plombe littéralement son équipe lors du derby de Manchester (1-0). Invité à commenter cette bévue au sortir du match, Louis van Gaal ne prend pas de pincettes. Et lâche, passablement irrité : « Dans un derby, vous devez être prudent. Le deuxième carton jaune était stupide. Vous ne pouvez pas faire ce qu’il a fait. Ce n’était pas très judicieux de sa part. Qu’est-ce que je peux dire ? » Une galère, une de plus alors depuis son arrivée à pas feutrés à Old Trafford, en 2010, en provenance de Fulham. Arraché à Arsenal, Chris Smalling est appelé à prendre la relève de Rio Ferdinand et Nemanja Vidić dans les saisons qui suivent. À ses débuts, le bonhomme apprend dans l’ombre des illustres aînés. Patiemment. Consciencieusement. Année après année, il grappille du temps de jeu çà et là (32 apparitions toutes compétitions confondues en 2010/2011, 29 en 2011/2012, 22 en 2012/2013, 37 en 2013/2014).

Mais malgré la blessure aux ligaments croisés du genou de Vidić et la forme déclinante de Ferdinand, le natif de Greenwich ne parvient pas à s’ériger comme un potentiel titulaire. Sous la houlette de Sir Alex Ferguson ou David Moyes, il est vu comme un second couteau, au même titre que Phil Jones et Jonny Evans. Une considération qui découle de prestations inabouties sous la tunique mancunienne. Sur les prés, Smalling ne transpire pas la sérénité, accumule les maladresses, pèche par son placement et sa lecture du jeu, puis se fait bousculer sans ménagement dans les duels. Lui qui est pourtant un beau bébé (1m92 pour 81 kg). À l’époque, les railleries pleuvent sans cesse à son sujet, et l’irritation des supporters s’accentue chaque mois un peu plus. Une réputation de loser qui ne va que s’aggraver en janvier 2014. Déjà en très grande difficulté depuis l’intronisation de Louis van Gaal, l’Anglais fait la Une du Sun pour un déguisement au goût douteux. Au cours d’une fête costumée organisée en toute intimité, le compagnon de la plantureuse Sam Cooke a été photographié en terroriste kamikaze. Vêtu d’une tenue orientale, laissant apparaître des câbles électriques, un téléphone et une batterie reliés à un circuit imprimé, ainsi qu’un chèche sur la tête, le bougre choque un pays encore traumatisé par les attentats meurtriers de 2005 en plein cœur de Londres. Devant la polémique, l’intéressé s’est fendu d’un communiqué expliquant qu’il voulait en fait parodier une scène vantant les mérites d’une boisson connue sous le nom de « Jagerbomb » , un mélange de Jagermeister et de Red Bull. Mais la pilule a du mal à passer.

De paria à troisième capitaine

Avec cette incartade conjuguée au carton rouge reçu à Manchester City, beaucoup prédisaient l’enterrement de Chris Smalling à Manchester United. Mais, en dépit des quolibets et des critiques, il s’est refugié dans le travail. Une constance pour le joueur qui, plus jeune, n’avait pas été retenu par les éducateurs de Millwall, lesquels ne voyaient pas en lui un futur joueur professionnel. « Pour arriver à devenir un pilier de la défense de Manchester United, il a dû énormément travailler, estime Hameur Bouazza, son ancien partenaire à Fulham et aujourd’hui au Red Star. À l’entraînement, sur le terrain, il bossait comme un malade et, surtout, était toujours à l’écoute. Il avait une réelle envie d’apprendre. » Mis à la cave par Van Gaal, l’international britannique se remet en question. Avant de revenir sur le devant de la scène à partir de février 2015 où il boucle l’exercice dans la peau d’un titulaire. Et même brassard de capitaine au bras, face à Arsenal (1-1, 17 mai), en fin de saison. « C’était un immense honneur, confiera-t-il, fier, sur le site officiel de Manchester United. Quand le manager me l’a dit la veille, c’était quelque chose que j’avais toujours espéré. Si on avait gagné, ça aurait eu une autre saveur, mais c’était un jour plein de fierté pour moi. »

Le début du renouveau est acté. Après une saison à s’imprégner de la philosophie de la « Tulipe de Fer » , le Red Devil se voit nommer troisième capitaine de l’équipe derrière Rooney et Carrick. « Il doit se développer en tant que capitaine encore et encore, mais cela dépend de lui. Il faut qu’il soit en mesure de débuter chaque match » , martelait Van Gaal fin août. Fort d’une pré-saison réussie, le défenseur a pris une nouvelle dimension depuis l’ouverture de la cuvée 2015/2016. En Premier League ou Ligue des champions, le nouveau patron de l’arrière-garde mancunienne a participé d’entrée à toutes les rencontres. Et ça ne fait plus rire personne. « Je pense que Van Gaal m’a spécialement permis de m’améliorer. On travaille dur et sans relâche sur le terrain d’entraînement avec nos tactiques, expliquait-il récemment dans entretien à Sky Sports. La répétition des exercices a permis de m’améliorer. On est habitué aux entraînements et à la philosophie du manager, donc on sait ce qu’il veut et ce qu’il attend de nous. » Sur les neuf premières journées de championnat, il a taclé en moyenne 2,4 fois par match, intercepté 2,1 ballons, commis peu de fautes (1,2), affiché 86% de passes réussies et est le titulaire de son équipe présentant le meilleur pourcentage de duels gagnés (54%). Des statistiques qui n’ont rien à envier aux meilleurs stoppeurs du Royaume. Ce week-end, contre Everton (0-3), Smalling a d’ailleurs livré une prestation majuscule. Intelligence de jeu, anticipation, placement à propos et impact dans les duels : il a été intouchable. À l’image de cette saison où l’ex-paria de vingt-cinq ans est méconnaissable, davantage mature. Comme le sentiment qu’enfin, sa carrière prenait l’envol escompté. Seul le temps dira si la plaisanterie est définitivement terminée.

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