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Sliti, ça grandit
Auteur d'une prestation phénoménale à Saint-Étienne mercredi (trois buts, trois passes décisives), Naïm Sliti veut finir la semaine en beauté face à Monaco. Pour continuer à faire avancer, progresser et évoluer une carrière finalement assez linéaire.
Monaco va mal. Très mal. Après avoir consommé deux entraîneurs et récupéré le premier qui succède donc à son successeur, l’ASM n’a pas d’autre choix que de rebondir si elle souhaite se sauver et décoller de cette foutue avant-dernière place. Pas si méchant, le calendrier lui offre justement une occasion en or de soigner son moral en gagnant un rang et en se retrouvant à une position de barragiste beaucoup moins dramatique (au moins d’un point de vue psychologique) : une bataille de mal-classés sur la pelouse de Dijon, que le Rocher doublerait en cas de victoire.
Dans sa situation et au regard de l’actualité de la semaine qui s’écoule, la Principauté a deux façons de jauger son adversaire du week-end qui s’est imposé à Saint-Étienne il y a quelques jours en seizièmes de finale de Coupe de France : soit elle le considère comme en forme, mené par un Naïm Sliti que personne n’avait sûrement jamais vu à son niveau de mercredi, soit elle juge ce coup d’éclat comme une courte parenthèse n’ayant rien à voir avec le championnat et se persuade que son Tunisien n’a de toute façon quasiment aucune chance de répéter une telle prestation. Non pas parce que ce dernier n’en a pas les qualités, mais tout simplement car ce qu’il a réalisé en milieu de semaine reste un exploit extrêmement rare.
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Assez rare, en tout cas, pour emprunter une expression de basket afin d’expliquer un score de set de tennis au terme d’un match de football. Sur la pelouse des Verts, Sliti a ainsi signé un triple double (triplé de buts, triplé de passes décisives) pour permettre au DFCO de s’imposer 6-3. Les tout premiers triplés (de buts ou d’assists) de sa carrière. La première fois que Sainté encaissait autant de pions à domicile dans son histoire. Ce qui fait beaucoup de premières.
Le grand monsieur de ce soir Naïm #Sliti : 3 buts, 3 passes décisives. STRATOSPHERIQUE ???#ASSEDFCO pic.twitter.com/S1B2Pn1Fum
— Dijon FCO (@DFCO_Officiel) 23 janvier 2019
Pourtant, celui qui a marqué deux fois du droit (un penalty) et une fois du gauche n’est pas le premier venu. Oui, le milieu offensif a du mal à se montrer décisif depuis le début de la saison (trois passes dé et zéro caramel en championnat, un goal en Coupe de la Ligue, un autre en Coupe de France avant son numéro contre l’ASSE). À l’image de son Dijon, une seule victoire lors des seize dernières journées de Ligue 1. Reste que le bonhomme de 26 ans correspond sûrement au joueur le moins décevant de l’effectif.
Un réveil explosif
Sauf que ça ne lui suffit pas. Peiné par les résultats médiocres de son club et du renvoi d’Olivier Dall’Oglio à la fin de l’année 2018, Sliti s’est remis en question pour élever son niveau de jeu. « Je n’étais pas trop bien ces derniers temps, j’ai parlé avec mes proches car il fallait que je me réveille. Je l’ai fait aussi avec le coach, qui me donne beaucoup de liberté » , a ainsi dévoilé l’international, qui a également estimé face à la presse avoir « clairement » sorti son « meilleur match avec Dijon » une fois la bouillie verte achevée.
Ce coach, c’est Antoine Kombouaré, pompier de service appelé à la rescousse pour mener à bien la mission maintien. Pour cela, l’ancien technicien de Guingamp va devoir faire progresser son moteur technique à la trajectoire finalement plus linéaire qu’on ne pourrait le penser. Formé et lancé en deuxième division par Sedan, le Marseillais de naissance a franchi les étapes sans sauter de marche (saison complète avec le Red Star en National d’abord, puis en Ligue 2 ensuite avant de débarquer en Ligue 1 à Lille et enfin à Dijon) et dispose de statistiques encourageantes (hormis au LOSC, où Marcelo Bielsa ne comptait pas sur lui). Pour que sa team continue dans l’élite et enfonce encore davantage Monaco, lui-même le sait bien : il va devoir faire plus. Même si être décisif sur six réalisations dans le même match ne sera pas forcément nécessaire.
Par Florian Cadu