- Jeunes
- U15
- Vinci Cup
Six questions à l’entraîneur des U15 de Toulouse après la Vinci Cup
Seule équipe française représentée dans le dernier carré de la Vinci Cup, un tournoi U15 qui se disputait ce week-end à Meudon (92), Toulouse s’est incliné en finale aux tirs au but à l’américaine face au FC Porto, tenant du titre. L’entraîneur des Violets Yann Cavezza revient sur les belles promesses de la génération 2005 du Téfécé.
Sur la butte située derrière la cage, un supporter l’appelle « Casillas » . Lui, c’est Diogo, le gardien du FC Porto. Au bout des prolongations de la finale de la Vinci Cup, un tournoi U15 qui se déroulait ce week-end à Meudon, dans les Hauts-de-Seine, Diogo se détend sur sa gauche, réalisant une parade magnifique – encore une – face au Téfécé. Quelques minutes plus tard, après son arrêt décisif face au cinquième tireur toulousain lors de la séance de tirs au but à l’américaine(1), ses coéquipiers se jetteront sur lui pour fêter la victoire (1-1 a.p., 4-3 t.a.b.). Diogo, ce héros. Et Toulouse doit se contenter de la deuxième place, après avoir sorti la Juventus en demi-finale (1-0). Parmi les jeunes talents d’une génération toulousaine déjà vainqueur du tournoi U14 de Sens en avril dernier, on a vu notamment Ali Kamate, le buteur qui célèbre ses buts façon panthère, Guillaume Restes, le gardien aux faux airs d’Alban Lafont, et Mechack Niombo, le joueur frisson. Il y a trois ans, c’est un certain Eduardo Camavinga qui s’était illustré sous les couleurs rennaises lors de la première édition de la Vinci Cup.
Bonjour Yann, le Téfécé est passé tout près de la victoire. Quels sont les enseignements que vous tirez du tournoi ?On a une génération très joueuse qui a montré beaucoup d’engagement et de détermination dans l’ensemble du tournoi. Peut-être que vous m’avez entendu crier lors de la finale : dès qu’on balance devant, ça m’énerve, parce que l’objectif, c’est de partir de l’arrière pour construire quelque chose d’intéressant. C’est frustrant de passer si près d’une deuxième victoire dans un tournoi après celui de Sens – le plus grand tournoi U14 en France -, mais il y a plein de choses à travailler comme l’aspect mental. Parce qu’on s’est un peu décomposé quand la pression est montée. (L’entraîneur évoque la fin de la demi-finale contre la Juventus où l’arbitre a sorti un carton rouge à l’encontre d’un joueur de la Juventus pour une béquille, puis un deuxième à l’encontre d’un joueur du Téfécé pour des insultes alors que le match était terminé, ndlr)
Ce dimanche, vous avez affronté une équipe japonaise (Urawa Red Diamonds), italienne (Juventus) et portugaise (FC Porto). En quoi c’est enrichissant ?L’apprentissage est multiplié car ces équipes étrangères mettent beaucoup de moyens dans la formation, donc il y a de la qualité. Le niveau est si élevé que ça équivaut à dix, douze matchs de championnat au plus haut niveau français de leur âge. Lors de la phase de poules, on a rencontré d’autres clubs professionnels français (RC Strasbourg, Paris FC, Stade Rennais, ndlr), mais l’intensité était moindre que lors de la phase finale. Et sur le plan tactique, la Juventus ou Porto sont des équipes très rigoureuses. Nous, on a tendance à proposer aux enfants tous les systèmes, eux non. Porto, par exemple, ils ont un 4-4-2, c’est stéréotypé, mais en même temps, ça amène de la maturité dans le jeu. On dirait des adultes.
Quel est votre objectif numéro 1 entre tenter des choses risquées (mais qui peuvent compromettre le résultat final) dans le but de faire progresser vos joueurs ou gagner le tournoi ?L’objectif, c’est de faire progresser les enfants. Le résultat, c’est un point positif, mais clairement, le plus important, c’est la progression individuelle du joueur, puis collective. Je prends un exemple. Sur les coups de pied arrêtés défensifs, il y a plusieurs façons de défendre. La plus facile, c’est le marquage. La plus complexe, c’est la zone totale et c’est ce qu’on met en place parce que cela fait partie de l’apprentissage pour les responsabiliser. Ils ont tous un niveau technique très élevé, un niveau tactique qui commence à ressembler à quelque chose, au niveau mental, c’est là où il y a du gros travail.
Quelle est la situation contractuelle des joueurs U15 du Téfécé ?Presque l’ensemble des joueurs présents au tournoi ont signé un contrat ANS. C’est un accord de non-sollicitation qui les lient au club en U16, U17, U18. Cela correspond à un apprentissage professionnel sur trois ans. C’est une sécurité entre le joueur et le club.
Plusieurs recruteurs de clubs anglais étaient au bord du terrain. Imaginons qu’ils veulent recruter un joueur toulousain et qu’ils se mettent d’accord avec sa famille. Que se passe-t-il ? Ils peuvent casser le contrat en payant simplement une amende ?Juridiquement, malheureusement, tout est possible à cet âge là. Ils vont payer des indemnités de formation qui peuvent aller de 50 000 à 200 000 euros. Ce sont des sommes qui sont dérisoires pour des clubs anglais, voire italiens parce qu’ils commencent à s’y mettre.
Pour finir, un mot sur Guillaume Restes, votre gardien, capitaine et presque le sosie d’Alban Lafont… Il nous amène son enthousiasme et ses compétences de gardien de but qui sont très précoces. Malheureusement, il n’a pas joué pendant six mois la saison passée suite à une opération du ménisque. Il ne va pas falloir l’emmener trop vite dans la cage aux lions, mais il a un bel avenir.
Propos recueillis par Florian Lefèvre, à Meudon
(1) Huit secondes pour marquer en 1 contre 1 face au gardien en partant à 32m des cages. La reprise est autorisée.