«Sivas, c’est pas New York»

En mai, Sivasspor bousculait les gros bras du championnat turc pour le titre et cette année, vous jouez le maintien. C’est quoi le binz ?

Tout a mal commencé : beaucoup de changements, un mauvais départ et des blessures. Avec tout ça, l’équipe ne s’est pas mise ne place. On a changé d’entraîneur il y a trois, quatre matches. Le nouveau ? Je ne peux pas te dire son nom, c’est compliqué, je sais juste que c’est un Turc qui a longtemps vécu à l’étranger. Maintenant, on essaie de recoller les morceaux, de grappiller des points à droite à gauche. Mais le maintien, c’est du bla-bla, on n’en parle pas encore. Bon, il y a du stress au club mais vu que je ne parle pas turc, je ne pige pas trop ce qui se dit.

T’es plutôt Galatasaray ou Fenerbahçe ?

On vient de jouer contre Fenerbahçe et c’est solide. Mais je préfère Galatasaray. Ce n’est pas encore le Barça mais avec Rijkaard comme entraîneur, ça joue bien. C’est bon d’avoir un mec pareil en Turquie, un gros calibre, il n’a plus rien à prouver ni à apprendre.

Quatre buts en championnat, tu t’en sors pas mal !

Bah l’équipe pioche donc j’ai du mal à poursuivre ce que j’avais commencé l’année dernière. De ce côté-là, je suis déçu. Les matches de Sivasspor ne passent pas à la TV donc je passe inaperçu mais bon, c’est comme ça. J’ai un contrat jusqu’en 2011 mais je ne joue plus autant avec le nouvel entraîneur. Pour l’instant, ça va mais j’en envie de jouer. Peut-être que je partirai ou peut-être que c’est le club qui ne voudra plus de moi.

Anderlecht vous a sorti en préliminaire de la Ligue des Champions avant d’en prendre huit contre Lyon. Dégoûté ?

On est passés loin, faut pas se mentir. Mais bon, ça reste une bonne expérience pour un club comme Sivasspor. Dans la foulée, on prend Donetsk, le vainqueur de la Coupe de l’UEFA, pour notre entrée en Europa League. Mais franchement, c’est du bonheur pour un joueur comme moi.

Avant Sivasspor, tu es passé par Dijon, Ostende, Schaffhouse et Herzliyya. De toi à moi, quelle ville est la plus glauque ?

Sivas, ce n’est clairement pas New York. Y a pas grand-chose à faire. Le mec qui signe ici ne doit pas s’attendre à passer sa vie en boîte ou dans les bars. Ici, on est hors du temps. T’as l’impression de vivre en 1850. Mais Schaffhouse, c’est vraiment triste, Ostende aussi. Heureusement que je suis casanier. Ma femme et ma fille me suffisent. Et pour la communication, on a un dirigeant belgo-turc qui parle français. Moi, je cause trois mots de turc.

On s’est moqué de Jérôme Leroy quand il est parti jouer en Israël. Et toi, t’as trouvé ça comment ?

Tu sais, je fais partie de ces joueurs qui essaient de gratter un contrat ici et là pour rester dans ce milieu. Mes potes en Israël disent que le niveau a baissé. Le championnat a quand même attiré quelques Français : Fabrice Fernandes, Rudy Haddad et Jérôme. Pierre Ducrocq et Olivier Tébily devaient aussi venir.

Tu as débuté au Mans avant de faire le tour d’Europe. T’as gardé contact ?

Carrément, surtout qu’on avait une sacrée génération : Yohann Pelé, Frédéric Thomas, Laurent Bonnart, Greg Cerdan et Yohann Hautcoeur. Et j’ai croisé Didier Drogba. Il avait déjà une détermination qu’il n’a jamais perdue depuis. C’était déjà la classe mondiale sauf que les gens avaient du mal à le voir. Nous, les joueurs, on a vu tout de suite qu’il allait mal finir (rires). En plus, il est resté simple. Aujourd’hui, j’ai son numéro de portable mais j’ai du mal à le joindre.