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Sirigu du travail bien fait
Pas vraiment verni au niveau des gardiens de but lors des dernières saisons, le PSG semble enfin avoir trouvé son dernier rempart en la personne de Salvatore Sirigu. Le portier italien est, sans aucun doute, la meilleure recrue du nouveau PSG made in Qatar.
Dimanche soir. Dernière minute du match entre le PSG et Lille. La rencontre s’en va vers un 0-0 on ne peut plus juste. Et puis, soudain, Ireneusz Jelen, sur la pelouse depuis quelques minutes, invente une merveille de frappe enroulée. La trajectoire est parfaite, et le cuir file vers la lucarne. Le Parc retient son souffle. Sirigu s’envole. Sa détente est spectaculaire, sa main ferme. Le ballon est détourné au-dessus de la barre et les supporters se lèvent. Le gardien vient de rapporter un point à son club. Or, qu’on se le dise, ce n’est pas le premier. Depuis son arrivée, l’Italien est décisif, et s’est imposé comme l’indétrônable numéro 1 du club parisien. « Enfin » , serait-on tenté de dire. Car à ce poste, cela faisait bien longtemps que le PSG n’avait pas eu un joueur si important. Depuis Bernard Lama, très précisément. Entre Coupet, Landreau, Edel, Alonzo ou encore Letizi, le club de la capitale n’a effectivement jamais pu s’appuyer sur un gardien 100% fiable. Ou du moins, il n’a jamais pu profiter de ces portiers au meilleur moment de leur carrière. Comme une sorte de malédiction. Comme s’il était écrit que l’ultime rempart du PSG devait forcément être amené à connaître bourdes, boulettes et bévues en tous genres. Et puis, Sirigu est arrivé. Avec sa belle gueule. Ses cheveux longs. Ses yeux bleus. Son mètre quatre-vingt douze. Une putain de dégaine, et, surtout, un statut de patron acquis dès ses premières apparitions. Parce qu’une grande équipe doit, avant tout, avoir un grand gardien.
Quelques parades monstrueuses
Première chose. Sirigu parle déjà français. Au bout de quatre mois passés en France ? Oui. Le gardien s’efforce de répondre aux journalistes dans la langue de Molière, même si, de temps à autre, il se laisse aller à quelques italianismes. Là n’est pas l’important. Le joueur né en Sardaigne s’est immédiatement acclimaté à la vie parisienne et à la France. Oublié, le soleil de Sicile. Ici, c’est Paris, sa grisaille, sa pluie. Sirigu s’en fiche. En signant au PSG, il a épousé l’intégralité du package et a pris à bras le corps la cause parisienne. Aucune plainte, aucun « je n’arrive pas à m’intégrer » , aucune critique. Ou alors, c’est pour qu’elles soient constructives. Oui : depuis le mois d’août, le beau Salvatore réalise un quasi sans-faute. Et dire que, il y a quelques mois, la plupart des supporters parisiens ne connaissaient même pas son nom. Retour en arrière. Nous sommes le 27 juillet. L’arrivée des Qataris vient de chambouler le mercato du PSG. Après avoir fait signer en quelques jours Menez, Matuidi et Bisevac, Leonardo trouve un accord avec le jeune Salvatore Sirigu.
Pourtant, quelques semaines plus tôt, Paris avait déjà officialisé l’arrivée de Nicolas Douchez, en provenance de Rennes. « Douchez n’a pas de souci à se faire » peut-on alors lire sur les forums du club parisien, comme si une vulgaire doublure venait d’arriver. Faux. C’est bien un titulaire en puissance qui vient de signer au club, même si la plupart des gens l’ignorent encore. Sauf que le destin va vite faire prendre conscience à tous des réalités. Douchez se blesse. Du coup, c’est Sirigu qui prend les gants pour le premier match de championnat, face à Lorient. Pas étincelant, il ne peut empêcher la défaite des siens (0-1). En revanche, la semaine suivante, à Rennes, il surprend tous les observateurs avec quelques parades monstrueuses. Douchez observe ça de l’infirmerie. « Eh merde » … Bah ouais. Sirigu ne met que quelques journées pour prouver sa vraie valeur. Il est décisif face à Brest (victoire 1-0) et surtout à Evian, lorsqu’il sauve le PSG du naufrage avec une parade venue d’ailleurs. Après cet arrêt, Paris revient dans le match, et remonte de 0-2 à 2-2. C’est une certitude : Sirigu est le genre de gardien qui, au cours de la saison, vous fait gagner ces quelques points capitaux à l’heure des bilans. Tout l’inverse de l’ami Apoula. Dédicace à Gomis.
De la Cremonese à la Nazionale
Avant d’arriver à Paris, le portier avait déjà sa petite réputation en Italie. Après avoir écumé les divisions inférieures, de Venise à Ancône en passant par la Cremonese, Sirigu atterrit à Palerme à l’été 2009. Il a alors 22 ans. Il devient d’emblée le deuxième gardien du club sicilien derrière Rubinho. Et comme le malheur des uns fait bien souvent le bonheur des autres, une blessure du titulaire lui permet de faire ses grands débuts en Serie A le 27 septembre 2009, au stadio Olimpico, contre la Lazio. Il réalise un match exceptionnel, écœure les attaquants adverses, et contribue largement au nul (1-1) décroché par son équipe. Le lendemain, il prend son 7 dans la Gazzetta dello Sport, la meilleure note du match. Sa carrière est lancée. Dès lors, Walter Zenga, son coach et ancien gardien de la Nazionale, se fie à lui, et Sirigu s’impose comme l’indiscutable numéro 1 des Rosaneri. La saison est bonne, Palerme termine à la cinquième position, et son contrat est prolongé jusqu’en 2014. Cerise sur le gâteau, il est convoqué par Marcello Lippi pour un match amical de l’équipe d’Italie, mais n’est pas retenu dans la liste des 22 pour le Mondial 2010.
La saison suivante est plus laborieuse. S’il fait ses premiers pas avec le maillot de la Squadra contre la Côte d’Ivoire, en club, la musique n’est pas la même. Palerme n’arrive pas à trouver son équilibre, et Sirigu ne peut pas souvent sauver la face. Sa défense va prendre la mauvaise habitude de couler de toutes parts. Comme ce 27 février 2011, peut-être le pire jour de sa vie de footballeur, où il encaisse sept buts contre l’Udinese à domicile (0-7). Sirigu ne se démonte pas, continue à défendre ses cages, mais, au fond de lui, il commence à penser à son avenir. Un temps, Milan pense à lui pour succéder à Abbiati. Mais finalement, une fois l’été venu, il profite de l’opportunité offerte par le PSG pour tenter une toute nouvelle aventure. A l’étranger. Pour le moment, ce choix est en train de lui donner raison. Sirigu vise le titre de champion de France pour sa première année dans l’Hexagone et conserve, au fond de lui, une envie. La Nazionale. Après Buffon, il semble bien que la place de numéro 1 se disputera entre Federico Marchetti et lui. Étant donné qu’ils ont pratiquement la même allure, il faudra les départager par leurs prestations. La confrontation a distance a déjà commencé.
Eric Maggiori