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Sirigu des choses

Par Mathieu Faure
5 minutes
Sirigu des choses

PSG – Saint-Étienne en Coupe de la Ligue devrait donner lieu à un sacré turnover dans les rangs du PSG. À commencer par le poste de gardien de but avec la titularisation de Salvatore Sirigu. Pour l’Italien, il pourrait s’agir de son dernier match avec le club de la capitale. À partir du 1er janvier, il pourra partir traîner sa barbe ailleurs. Par la petite porte. Une habitude maison.

Ça devient une sale habitude dans la capitale, celle de ne pas savoir dire au revoir à ceux que l’on a aimés. À l’exception de David Beckham – pourtant venu pour un CDD minimaliste – salué comme un roi pour son dernier match et, à un degré moindre, de Mamadou Sakho, revenu pleurer au Parc des Princes après son transfert à Liverpool, le PSG de QSI n’a jamais vraiment réussi à dire au revoir correctement à ses amours. Jérémy Ménez, Guillaume Hoarau, Nene, Christophe Jallet, Carlo Ancelotti, Clément Chantôme, Leonardo, Diego Lugano ou encore Alex, tous sont partis une main devant, une autre derrière. Souvent par une porte dérobée. Sans un câlin ni même un au revoir digne de ce nom.

Victime de son profil

Ce mercredi soir, Salvatore Sirigu gardera le but du PSG. Peut-être pour la dernière fois. Parce que l’Italien est sur le départ, c’est un secret de polichinelle. Depuis l’arrivée de la boulette Kevin Trapp dans son régime alimentaire, l’Italien est cantonné au banc de touche. À part à Bastia, où l’Allemand était blessé, Sirigu n’a jamais décollé sa barbe bien fournie du banc de touche. Contre Saint-Étienne, il sera titulaire. Une dernière – pas encore officielle – pour la gloire. À partir du 1er janvier, le mercato hivernal va ouvrir ses portes et le Sarde sera à l’affût d’une bonne proposition. L’été dernier, quand le PSG a décidé de miser sur le profil de Trapp, l’ancien numéro 1 du poste a préféré jouer la prudence, la patience, persuadé que l’Allemand irait droit dans le mur. Une bourde contre Bordeaux, une autre à Madrid, puis celle de Lyon. Certains auraient sauté pour moins que ça. Pas Trapp. Son profil correspond au jeu que veut le PSG. Ses prises de risques font partie du métier même si beaucoup aimeraient qu’elles soient moins régulières. Alors Sirigu s’est rendu à l’évidence. Sauf blessure grave, le vent ne tournera pas. Il ne tournera plus. Il doit partir. En prêt ou autre. Jouer pour espérer sauver sa place de doublure de Buffon pour l’Euro. Et remonter la pente.

On pourra toujours argumenter sur cette concurrence, sur le fait que l’Italien n’a jamais eu le temps de se frotter vraiment à son nouveau coéquipier. Après tout, que reprochait-on à un garçon qui a officié 179 fois dans les cages du PSG (dont 30 matchs de Ligue des champions), élu meilleur gardien du championnat à deux reprises (2013, 2014) et recordman d’invincibilité au club (948 minutes sans prendre de but en championnat) ? Tout et rien à la fois. Jamais directement pointé du doigt pour un mauvais résultat, l’Italien semblait être au maximum de son rendement après quatre saisons dans la capitale. Surtout sur la scène européenne où il n’a jamais réussi de « gros » matchs quand la Ligue des champions se jouait sur des matchs en deux manches. Et puis il y avait toujours ses petits défauts, plusieurs fois cités, comme son jeu au pied, sa démotivation à se faire violence dans les airs et son positionnement très bas. Bref, le PSG voulait changer de profil plus que d’homme. Certains auraient changé d’entraîneur des gardiens, préférant miser sur un autre garçon que Nicolas Dehon, mais le PSG a pris un autre cap. Trapp n’est pas Neuer et Sirigu n’est pas Edel, mais voilà, au club, on voulait tenter autre chose. Alors Sirigu a dû se résoudre à ne plus jouer. Contre Donetsk, pour un match qui comptait pour du beurre, on attendait l’Italien dans les barres. Il n’en fut rien.

« Ma situation sportive doit évoluer »

On a alors tenté d’allumer un début de polémique. Sirigu a refusé de jouer. Blanc s’en est expliqué rapidement. « J’avais l’intention de faire jouer Sirigu. Pour deux raisons : une semaine après, il y avait le match de la Coupe de la Ligue (ce soir, face à Saint-Étienne), ça lui permettait de faire un match avant celui là. C’était une bonne chose. Et ça faisait un certain temps qu’il n’avait plus joué (Bastia le 17 octobre). Pour toutes ces raisons, mon idée était de le faire jouer. Il me fallait discuter avec Salvatore. C’est ce que j’ai fait. Je lui ai exposé mon envie. Mais aussi les conséquences que cela pouvait avoir. Je voulais qu’il prenne une décision. La conséquence d’être titulaire en Ligue des champions fait que s’il change de club en janvier, il ne peut pas disputer une Coupe d’Europe. Donc je lui ai dit : « Je veux savoir ton envie. » Il m’a dit : « J’ai envie de jouer. Mais si ma situation sportive doit évoluer, je vais être pénalisé par ce match-là. » Je lui ai dit : « Sois tranquille, je prends la décision » » , conclut le coach du PSG face à la presse.

Dans un monde concurrentiel et impitoyable, Sirigu sera resté 4 ans au PSG. Il y aura tout connu : Montpellier champion de France, Antoine Kombouaré, la Ligue Europa, Mathieu Bodmer, Ceará, Carlo Ancelotti, un carton rouge à Annecy, un penalty sauvé contre Reims au Parc des Princes, un match épique à Geoffroy-Guichard, Zlatan Ibrahimović, les cheveux longs, les cheveux courts, la barbe, Marco Verratti sans enfant, Marco Verratti papa, babysitter pour Marco Verratti, Javier Pastore sans enfant, Javier Pastore papa, babysitter pour Javier Pastore, Adrien Rabiot mineur, Kingsley Coman à l’entraînement, un match épique à Gerland (4-4), Laurent Blanc, Ronan Le Crom dans les buts, Mamadou Sakho dans les buts, une défaite au Vélodrome, l’amour d’une Française et celui du Parc des Princes. Salvatore Sirigu n’est pas Bernard Lama ni même Joël Bats, mais il restera, quelque part, dans un coin du cœur. Au chaud. On lui souhaite une dernière à sa hauteur. Et le monsieur est grand.

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