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Sir Alex Ferguson – José Mourinho, la revanche des Titans
Quatre Ligue des champions à eux deux, du respect, de la gouaille et une certaine manière de coacher. Ce Manchester United - Real Madrid est avant tout un combat loyal entre deux entraîneurs exceptionnels.
Sir Alex Ferguson, le bâtisseur
Inutile de rappeler le palmarès du vieil Écossais, il a tout gagné avec son club du Nord de l’Angleterre. Le mec a été anobli, on lui a érigé une statue et une tribune porte son nom. Que demander de plus ?
À 71 ans, Sir Alex Ferguson a encore cette rage de vaincre, cette haine de la défaite et cette capacité à galvaniser un groupe. Cette année, on sent même Sir Alex vexé. Humilié par la perte du titre à la dernière seconde au profit du voisin honni de City l’an dernier. Alors le mec a décidé de repartir au combat. La dizaine de points qu’il a mis entre lui et les Citizens démontrent sa détermination. Pas question de (re)laisser échapper le titre. Pour ce faire, Fergie a braqué Kagawa et Van Persie. Pour le moment, il est dans le vrai avant de rencontrer José Mourinho. Deux hommes aux méthodes opposées, mais avec la même envie de gagner. Pour Fergie, on est dans la durée. Il est de la race des bâtisseurs besogneux. À United, il a déjà connu plusieurs générations dorées : Robson-Hughes-Cantona, Beckham-Scholes-Giggs, Ronaldo-Rooney-Ferdinand et là, il est en train de gérer sa quatrième génération de jeunes loups emmenées par Rafael, Welbeck, Jones et Cleverley. Avec lui, pas question de se sentir au-dessus du club ni même de l’institution. Ainsi, CR7, Beckham, Roy Keane, Jaap Stam, Carlos Tévez ou encore Ruud van Nistelrooy ont dû se résoudre à quitter la maison quand ils estimaient mériter mieux. Maintenir un club au top pendant plus de deux décennies, dans un système ultra concurrentiel, c’est costaud.
Allez, on se mouille un peu, si United braque un vingtième titre de champion en cette fin de saison, on voit bien l’Écossais partir au sommet. Et pour le remplacer, on a souvent parler d’un certain… José Mourinho. Même Fergie l’a admis dans un entretien donné à ITV4 : « José peut entraîner partout. Je n’aurai jamais pensé qu’un mec n’ayant jamais joué au football puisse devenir un entraîneur de ce calibre, mais quand vous avez sa personnalité, ça change tout. Je me souviens de sa première conférence de presse à Chelsea. J’ai pensé : « Dieu, c’est un putain d’arrogant en pensant qu’il est le Special one. » Il était si jeune en arrivant ici, mais quand on s’est vu en dehors des terrains, j’ai compris qui il était. Il a beaucoup d’humour et d’auto-dérision. Sans parler de son talent. Quel âge a-t-il ? 50 ans ? 20 de moins que moi. S’il continue à ce rythme, il aura 42 titres de plus à l’âge que j’ai aujourd’hui… C’est fou. » Les deux hommes ont des points communs en dehors de leur palmarès : une gouaille, un certaine manière de gesticuler sur leur banc de touche et un profond respect l’un pour l’autre.
José Mourinho, le concepteur
« Je pense que nous finirons nos carrières en même temps. Lui, à 90 ans, moi à 70. » Toujours avec son phrasé si particulier, José Mourinho démontre à sa manière qu’il aime Alex Fergsuon. Pourtant, tout avait mal commencé quand, en 2004, le Portugais vient narguer son homologue pour fêter la qualification de son FC Porto à Old Trafford suite à un but de Costinha. Toujours dans l’exubérance. Dans la folie des mots, des gestes. Mais le mec est comme ça. Un peu fou mais terriblement bon stratège. Que ce soit avec Porto, Chelsea, l’Inter ou le Real Madrid, José a construit sur le moyen terme. Il est cyclique. Il prend un groupe, le façonne, le transcende, gagne et s’en va. Derrière, le club s’écroule, épuisé, éreinté, cramé. À Madrid, Mourinho essaie de remporter le plus grand défi de sa carrière. Faire vaciller le plus beau collectif de tous les temps : le FC Barcelone. En trois ans, il a presque réussi. Coupe du Roi et Liga ? Dans la besace. Il lui manque cette foutue Ligue des champions pour devenir le plus grand. La dixième du club, sa troisième personnelle. Avec trois clubs différents. Forcément, le huitième de finale contre papy Ferguson est le match le plus important de la saison. Pour le moment. Là où les Anglais sont avant tout en mission pour leur titre national, les Espagnols doivent surtout gagner la C1 pour valider une bonne saison et, par la même occasion, le passage de José Mourinho au Real.
En partant avec la coupe aux grandes oreilles sous le bras, le Portugais réussirait son incroyable pari. Sans, il lui resterait un goût amer en bouche et toujours un doigt perdu quelque part dans un œil catalan. À Madrid, Mourinho a fait du Mourinho. Des salves lyriques en conférence de presse, des coups de sang et des grognards dans le vestiaire : Casillas, Ramos, Alonso, Arbeola et, surtout, un génie : Cristiano Ronaldo. CR7 n’a jamais été aussi fort qu’au Real. Une véritable machine. Parfois, les relations entre les deux hommes ont été houleuses. Pour ne pas dire tendues. Mais ils savent qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Au fond, c’est un sentimental, José. Et dans ce milieu où il ne respecte pas grand monde, s’il y a bien un coach qui a su trouver grâce à ses yeux, c’est bien Ferguson.
Le bilan de leurs confrontations : 6 victoires pour José Mourinho, 2 victoires pour Sir Alex Ferguson, 7 matchs nuls.
par Mathieu Faure