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Simone Zaza, very bad trip
Débarqué en grande pompe à West Ham cet été, Simone Zaza comptait bien donner une nouvelle impulsion à sa carrière du côté de Londres. Quelques mois après son arrivée, le voilà pourtant déjà marginalisé par sa direction et les supporters, qui en ont fait leur bouc émissaire favori. De quoi se demander si son aventure anglaise n’était pas d’emblée promise à un échec inévitable.
Il avait pourtant annoncé la couleur dès son arrivée fin août dernier : « Je veux devenir un meilleur joueur et je sais que je peux faire cela à West Ham. » À l’heure de rejoindre les Hammers, Simone Zaza compte bien passer un cap sportivement, en s’affirmant comme l’avant-centre titulaire d’une formation aux ambitions montantes. Quatre mois plus tard, voilà pourtant l’attaquant de vingt-cinq ans écarté du onze de départ et cible régulière des moqueries et brimades de ses propres supporters, excédés par son bilan sportif famélique. Et voilà Zaza devenu malgré lui le symbole de la dégringolade d’un club qui rêvait encore de Ligue des champions l’été dernier.
Aucun but depuis cet été
Une situation singulière pour un joueur qui n’a pourtant cessé de voir sa cote grimper ces dernières années. Car Simone Zaza a quelques références. Une saison à dix-huit buts en trente-six matchs de Serie B avec Ascoli, une vingtaine de pions plantés avec Sassuolo en Serie A, puis un statut de joker de luxe à la Juventus Turin. Un rôle qu’il assumait avec brio, notamment en démolissant les rêves de titre du Napoli en février dernier, en marquant en toute fin de match le but de la victoire face aux Partenopei, alors que les deux formations étaient au coude-à-coude au classement. Seulement, à West Ham, Simone se voit d’emblée confier la tâche de porter sur ses épaules la pointe de l’attaque du club londonien, un statut bien éloigné de celui d’attaquant de petit club ou de joueur de complément qui était auparavant le sien en Italie. Après avoir enchaîné cinq titularisations d’entrée de jeu cette saison, l’ancien de Sassuolo, dont le compteur buts reste bloqué à zéro, doit se contenter de quelques entrées en jeu avant de carrément ne plus se lever du banc de touche à partir de fin novembre. Et voilà Simone obligé d’envoyer ses proches au charbon pour justifier ses piètres performances, afin de calmer la grogne populaire : « Bien sûr, il doit s’adapter, il a dû changer son style de jeu, ici leur façon de jouer est totalement différente… Vous devez attendre » , justifiait début novembre le papa de Zaza, qui est aussi son agent.
Bombe à retardement
Problème : le temps est un luxe que ni West Ham ni Zaza ne peuvent se permettre. La faute aux conditions contractuelles régissant son expérience londonienne, qui transforment son arrivée en une véritable bombe à retardement, pour lui, comme pour le club. Le joueur a en effet débarqué à West Ham moyennant un prêt payant de 5,8 millions d’euros, avec obligation d’achat de près 24 millions d’euros s’il dispute au moins quinze matchs avec les Hammers. Ces derniers, auteurs d’un début de saison catastrophique, ne peuvent dorénavant plus se permettre de miser sur un joueur incapable d’être performant en Premier League et dont chaque match sur le terrain rapproche le club d’un achat aussi onéreux que sportivement risqué. Voilà pourquoi les Hammers auraient tenté de modifier la clause de son contrat validant son achat automatique au bout d’un certain nombre de rencontres jouées. Mais c’est l’hypothèse d’un nouveau prêt au mercato d’hiver, notamment à Valence, qui semble jusqu’ici la plus plausible. En attendant, Zaza ne peut qu’encaisser les critiques et vannes incessantes des supporters de West Ham, qui en ont fait leur cible prioritaire sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux ont même monté une collecte de fonds sur le site de financement participatif Gofundme pour payer au joueur son billet d’avion de retour pour l’Italie.
Traumatisé par son penalty raté à l’Euro
Le moral de Simone, lui, n’est bien sûr pas au beau fixe. Le joueur s’en était lui-même ouvert à la presse lorsqu’il avait appris, à sa grande surprise, sa sélection en équipe nationale mi-novembre dernier. « Je ne m’attendais pas à être appelé. J’en suis heureux, car j’en avais besoin… Je vis une période négative et je veux donner le meilleur avec l’équipe nationale pour passer à autre chose… En ce moment, le but est comme maudit pour moi. » Un aveu d’impuissance assez rare dans le monde du football professionnel. La méforme de Zaza semble par ailleurs être autant due à un contexte sportif défavorable qu’à un mental sur la pente descendante, depuis un certain soir du 2 juillet 2016. Ce jour-là, Zaza rate lamentablement son penalty face à l’Allemagne, lors de la séance de tirs au but des quarts de finale de l’Euro. Un échec qui l’a profondément marqué et qui l’affecte toujours aujourd’hui, comme en attestent ses paroles recueillies par Rai Sport le mois dernier : « Le penalty m’a fait beaucoup souffrir, j’y pense toujours… J’étais mal, même mes parents, ma copine et mes amis étaient inquiets pour moi. Les moqueries et les critiques n’ont pas été un fardeau pour moi, mais plutôt la déception d’avoir détruit quelque chose que l’on a créé durant ce mois en France. » Un souvenir douloureux que Simone Zaza va devoir apprendre à surmonter très vite. Sauf s’il veut vraiment que les supporters de West Ham se chargent de lui payer son prochain billet d’avion.
Par Adrien Candau