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Simeone, le Diego de l’Atletico

Par Javier Prieto-Santos
Simeone, le Diego de l’Atletico

Il a permis à Estudiantes La Plata de redevenir champion d’Argentine 23 ans après leur dernier sacre, remporté le dernier titre en date de River Plate et réussi un miracle en permettant à Catane de se maintenir en Seria A. Aujourd’hui, Diego Simeone est de retour chez lui. A l’Atletico Madrid. Focus sur un phénomène qui vend plus de maillot que Radamel Falcao himself.

L’être et le paraître. Club schizophrénique par excellence, l’Atlético Madrid se cherche toujours une identité en ce début de millénaire. Persuadé d’être un grand d’Europe mais relégué au second plan d’une Liga dévorée par le Real Madrid et le Barça, les Colchoneros vivent dans une troisième dimension footballistique qui leur a souvent jouée des mauvais tours. Incapable de retenir ses stars (Agüero et Forlan dans une moindre mesure) et ses jeunes porte-drapeau (une histoire récente qui commence avec Raul, qui se poursuit avec Torres et se finit pour le moment avec De Gea, ndlr), l’Atlético Madrid enchaîne avec un certain sadisme les déceptions, les performances risibles et des sauts d’humeurs de qualité; mais trop rares pour donner une véritable dynamique capable d’embraser un Calderon qui ne demande que cela. Même si la victoire en Europa League a su flatter l’égo des Rojiblancos, l’épopée s’est finie comme un triste lendemain de jour de fête.

Ratio sudation/travail

Quique Sanchez Fores est sorti, comme d’habitude dans ce club, par la petite porte, et son successeur Gregorio Manzano a connu le même sort pour sa deuxième étape au club. Ce dernier jugé trop professoral et trop académique par les dirigeants, les socios et certains de ses joueurs, n’a pas passé l’hiver. C’était prévisible. Cette fatalité, l’Atletico l’a pourtant combattue à l’intersaison en essayant de faire peau neuve. Gil Marin, fils du mythique et polémique Jesus Gil a accepté de lâcher du mou à l’instar des chefs de gouvernement craignant la révolte de leur peuple. Caminero, ancienne star du club a ainsi endossé le rôle de marionnette du dirigeant dans un costume de directeur sportif fantoche. Des son arrivée, Caminero a frappé fort en recrutant sans compter : pas moins de 15 joueurs, dont Falcao pour la bagatelle de 40 millions d’euros ! Il y a 6 mois, l’Atlético a fait l’effort de se remettre en question. En confiant les rennes de l’équipe à Diego Simeone, les Colchoneros cherchent un électrochoc qui puisse leur permettre de faire peau neuve.

Véritable légende vivante du club depuis le doublé réalisé en 96, l’ancien capitaine madrilène est attendu comme le messie par le peuple colchonero. Le président Cerezo, Gil et Caminero espèrent aussi et surtout de lui qu’il opère un véritable retour vers le futur footballistique. L’heure n’est plus à être-paraître mais à redevenir pour l’Atlético. Pour ça, l’Argentin est l’homme idéal. Il faut dire qu’il n’a pas beaucoup changé depuis qu’il a raccroché les crampons. Charismatique, aboyeur, leader, farouche, accrocheur, hargneux et besogneux. L’entraineur Simeone ne promet pas du beau jeu, mais plutôt un ratio de sudation, d’investissement et de travail de la part de ses joueurs. Des valeurs pragmatiques qui sont aussi celles du club prolétaire de Madrid. Grinta et fierté, voilà donc les maîtres mots du revenant argentin : »Je veux récupérer ce que nous avons toujours eu, à savoir un esprit de guerrier, une mentalité capable de renverser des montagnes. Je veux un Atlético fort, aguérri, confiant dans ses possibilités, véloce et létal en contre-attaque. C’est ça qui identifie l’Atlético. C’est notre ADN. »

« On ne court pas plus, on court mieux. »

Fini donc la lose et l’autodérision, devenue plus qu’une stratégie de communication suicidaire ces dernières années, Simeone mise désormais sur la testostérone, et un professionnalisme pas toujours irréprochable de la part des joueurs pour récupérer l’amour propre mis à mal des Colchoneros. Il a également remis au goût du jour quelques vieilles astuces de Radomir Antic, l’entraineur de l’historique doublé de 96. Outre le fait que Simeone réalise des entrainements spécifiques pour défenseurs et joueurs à vocation offensive, l’Argentin n’hésite pas à reprendre des formules qui ont fait leur preuve comme sur les actions de corner où le centreur doit atteindre automatiquement un joueur en dehors de la surface qui remet au second poteau. Minutieux, Simeone travaille même les dégagements de Courtois avec l’aide de son assistant Mono Burgos, ancien gardien fou du club. Simeone est aussi et surtout à contre courant de ce qui se fait aujourd’hui en Espagne. L’Argentin, par exemple, refuse à ses latéraux de dépasser leurs moitiés de terrain. Il ne cherche pas non plus à avoir la possession de balle à tout prix. L’Atletico de Simeone n’est pas spectaculaire, mais surtout, il n’est plus risible.

Avec el Cholo, l’Atletico a gagné trois matchs et fait un match nul sans concéder le moindre but. Surtout, les Colchoneros ont mis fin à une série sans victoire à l’extérieur de 265 jours grâce à leurs succès à la Real Sociedad (ils ont ensuite récidivé à Pampelune contre Osasuna, ndlr). Evidemment, le président Cerezo s’est enthousiasmé de la transformation de son équipe : « C’est le jour et la nuit en terme d’investissements. Les joueurs courent plus c’est une évidence. » . Adrian, le talentueux compère d’attaque de Falcao, ne contredit pas les mots de son employeur mais les nuance : « On ne court pas plus, on court mieux.« . C’est le cas. En quelques match, l’Atletico a brutalement muté. Le bloc est redevenu compact, les phases offensives sont tranchantes et la défense hérmétique. Simeone a réussi son entrée en matière : l’Atletico n’est plus risible, mais solide. « Pour jouer avec intensité il faut être attentifs. Un Colchonero ne doit pas être à 100% mais à 110%. C’est l’intensité qui manquait à ces joueurs, car le talent ils l’ont. Ils sont en train de reprendre confiance en eux-mêmes. C’est bon signe. » Résultat : l’Atlético n’est plus qu’à deux points des places de Champions League au classement et s’affirme comme l’un des trouble-fêtes de cette deuxième partie de saison de Liga.

Reste à savoir combien de temps durera l’effet produit par le 34ème entraineur de l’ère Gil. Simeone le sait, le plus dur est à venir. Quelques uns de ses compatriotes les plus illustres comme Bianchi, Menotti, Lorenzo ou Basile se sont cassés les dents aux commandes du navire rojiblanco. A la différence de ses prédecesseurs, Simeone sait dans quelle folie douce il met les pieds. Rares sont ceux qui ont su la dompter pour la faire triompher (*). El Cholo en fait partie.

*Dans l’histoire de l’Atlético seuls Luis Aragones et le Français Marcel Domingo ont réussi à remporter la Liga en tant que joueur, puis comme entraîneur. Gros challenge en perspective pour Simeone.

A voir :Atlético Madrid – FC Valence, dimanche 21H30

Résultats, classements et calendrier de Liga, c’est par là.

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Par Javier Prieto-Santos

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