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Simeone-Benítez, loin d’être différents

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Simeone-Benítez, loin d’être différents

Mis à part leur situation géographique, tout oppose Real Madrid et Atlético. Un constat qui s'applique tout de même de moins en moins depuis la nomination de Rafa Benítez. En effet, ce dernier partage beaucoup de points communs avec son homologue rojiblanco.

L’ébullition madrilène approche. De nouveau. Pour la 262e fois de son histoire, la capitale espagnole s’apprête à vivre un duel épique entre sa portion sud et sa portion nord, entre ses Rojiblancos et ses Merengues, entre son équipe d’ouvriers et son fanion noble. Un derbi madrileño qui, avec le tandem des guérites argentino-italien, pensait avoir trouvé ses deux coqueluches. En treize rencontres, le bilan frôle une égalité parfaite – quatre nuls, quatre victoires d’Ancelotti, cinq de Simeone – que ne déséquilibre que la finale de Ligue des champions de Lisbonne. Insuffisant, néanmoins, pour un Florentino Pérez qui limoge l’homme de la Décima en juin dernier. Par la dualité de ses bancs de touche, le derby de la capitale espagnole offre désormais de nombreux parallèles entre les deux capitaines de bord de l’Atlético et du Real. Pas plus tard qu’en mars dernier, Rafa Benítez évoque en ces termes son adversaire du soir : « La Juve et la Roma ont, sans aucun doute, de meilleures capacités économiques. Dans ce sens, Naples doit faire comme l’Atlético de Madrid ou Valence. » Une comparaison qui, malgré les millions madridistas, fait toujours sens.

Habitué du Bernabéu et propriétaire du Calderón

Les prémices de la saison 2003/04 ne présagent rien de bon pour l’Atlético de Gregorio Manzano. Schizophréniques au possible, ces Colchoneros reçoivent une claque dans leur Vicente-Calderón. Une défaite cinglante (0-3) qui ne doit rien au hasard : trop forts, les Chés de Rafa Benítez s’apprêtent à filer vers leur sixième couronne nationale, tandis que les comparses d’un Diego Simeone vieillissant terminent à une anonyme septième place. Douze ans plus tard, pour leurs retrouvailles dans le même théâtre, le vétéran aime la Gomina, tandis que le néophyte traîne son embonpoint – en place depuis cinq ans, le Cholo est le coach avec le plus d’ancienneté sur un banc de cette Liga. Les différences entre ces deux hommes s’arrêtent sur ces détails physiques. Car à ne pas s’y tromper, ils partagent plus qu’une place dans l’organigramme. La destitution de Carlo Ancelotti en atteste. Incapable de dégainer un argument recevable pour expliquer son choix, Florentino Pérez préfère complimenter son nouveau chouchou : « Rafa est un homme de la maison. Personne d’autre que toi ne symbolise mieux le Real, personne d’autre que toi ne sait mieux quelles sont les valeurs de ce club. »

Cette saillie médiatique fait sourire. Elle raconte également le passé du Madrilène de naissance. Formé en tant que joueur à la Fabrica, puis en tant qu’entraîneur avec cette même Cantera, Benítez transpire le madridismo : « J’allais au Bernabéu deux heures avant chaque match pour trouver avec mes coéquipiers des places dans le troisième niveau. On était tous debout. J’ai passé mon enfance et ma jeunesse dans ce club. » Ce retour aux sources est une tendance globale dans une Liga où Luis Enrique a pris la relève du Tata Martino. Et Diego Simeone celle de Gregorio Manzano – auteur de son second passage sur les bords du Manzanares. Le caractère tout en grinta de l’Argentin jumelé à sa philosophie du dia a dia ont rendu au Vicente-Calderón une fierté longtemps égarée. Cette dernière se compte en trophées, au nombre de cinq, mais se mesure surtout dans le quotidien des Espagnols. Le Cholismo impacte aussi bien le supporter rojiblanca que les nouvelles forces émergentes. « Ce que transmet cette victoire est bien plus important qu’une simple victoire : si l’on y croit et que l’on travaille, on peut le faire » , déclare un Pablo Iglesias, leader de Podemos, conseillé par Simeone.

Benítez : « Je ne peux pas dire que Cristiano est le meilleur »

Fortement critiqué pour son dédain des valeurs du madridismo, Florentino Pérez aperçoit donc en Rafa Benítez un retour aux sources. Ou un pare-feu, c’est selon. Le principal intéressé, à la faible marge de manœuvre, s’attèle donc à rendre cette confiance. Sa méthode de travail se trouve à des années-lumière de celle de son prédécesseur. De nouveau, l’ordre et la rigueur règnent à la Ciudad Real Madrid et renvoient aux mandats de Capello, à l’instar du centre d’entraînement colchonero. Cette discipline de fer se retrouve autant dans les vestiaires du Bernabéu et du Calderón que sur les prés. Dans les faits, le Real de Benítez affiche des statistiques en concordance avec cet ordre : un but encaissé en huit matchs, mais déjà deux rencontres sans inscrire le moindre but. Le but est justement le domaine de prédilection de Cristiano Ronaldo. Un CR7 qui, tout Ballon d’or qu’il soit, n’est au-dessus de personne. « Je ne peux pas dire que Cristiano soit le meilleur joueur que j’ai entraîné » , dira même Benítez avant la rencontre face au Shakhtar. Une saillie que ne renierait pas Diego Simeone, pour qui le collectif prime toujours. Reste à savoir lequel, du Real ou de l’Atlético, se verra confier les commandes de la capitale.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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