- International
- Amical
- Écosse-Portugal
Silva, la revanche d’un brun
De nouveau buteur face à la Pologne en Ligue des nations, André Silva confirme son début de saison canon. Que ce soit avec le FC Séville, où il s'amuse à claquer des doublés au Real Madrid, ou avec le Portugal, où il confirme de plus en plus son statut de nouveau Pedro Miguel Pauleta.
Le Portugal aussi a sa Madame Irma. Sauf que celle-ci n’est pas interprétée par Didier Bourdon, mais par Cristiano Ronaldo, qui n’est visiblement pas mauvais pour lire l’avenir. Retour en juin 2017. Alors que le Portugal s’apprête à disputer la Coupe des confédérations en Russie, le capitaine de la Selecção adoube André Silva, son nouveau coéquipier d’attaque, dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport : « Quand je me retirerai, le Portugal sera entre de bonnes mains parce qu’ils ont déjà trouvé un grand attaquant : André Silva. » Si CR7 n’a pas encore raccroché les crampons au niveau international, il s’est tout de même offert une pause de six mois afin de se concentrer sur son nouveau club de la Juventus.
Pendant son absence, le Portugal s’est imposé lors de ses deux matchs de Ligue des nations. Face à l’Italie en septembre dernier (1-0), et en Pologne ce jeudi 11 octobre (2-3). Avec à chaque fois un but d’André Silva, unique buteur de la rencontre face à la Squadra Azzurra et premier buteur face à la Pologne. Un but qui a permis au Portugal d’égaliser et de lancer sa marche en avant. Mais aussi à André Silva d’intégrer avec quatorze réalisations (en 29 capes) le top 15 des meilleurs buteurs de l’histoire de la Selecção. À seulement 22 ans. Costaud.
Après l’enfer milanais, l’idylle andalouse
Finalement, ce n’est pas un hasard de voir André Silva planter face à l’Italie et la Pologne. Il faut dire que l’ancien buteur de Porto est en pleine bourre en ce début de saison. Prêté avec option d’achat par l’AC Milan au FC Séville cet été, l’attaquant portugais s’est offert un triplé pour son premier match de championnat sur la pelouse du Rayo Vallecano, avant de planter un doublé au Real Madrid un mois plus tard. Résultat, le club andalou est leader de Liga et André Silva second au classement des meilleurs buteurs avec sept réalisations (dont aucun penalty) en huit rencontres. Soit déjà cinq de plus que lors de sa saison avec le Milan, où il est resté bloqué à deux buts en championnat. Ancien entraîneur d’André Silva lorsqu’il enfilait les pions du côté du SC Salgueiros, Rafael Santos n’est pas surpris du retour en forme de son ancien protégé : « Ce que fait André Silva avec le FC Séville, c’est ce à quoi il nous a habitués. C’est ce qui s’est passé à Milan qui était anormal. Mais je pense que le style de jeu pratiqué en Espagne profite aux attaquants qui ont davantage d’espace. »
La saison manquée d’André Silva au Milan ne serait donc due qu’à la rigueur du championnat italien ? En partie si l’on écoute Rafael Santos : « Les équipes défendent bas et à beaucoup, alors c’est plus difficile pour les attaquants. Et la situation qui a régné au Milan (notamment avec le changement d’entraîneur en novembre, N.D.L.R.) ne l’a pas aidé non plus alors que c’est un jeune joueur qui est encore en train de grandir. D’autant plus qu’il continuait en même temps de marquer avec le Portugal, donc cela montre que ce n’était pas forcément lui le problème. » De son côté, Gennaro Gattuso n’avait pas forcément le même discours puisqu’il avait déclaré à la presse durant la saison qu’André Silva devait « faire plus » et « lutter davantage » . Mais cela n’a pas empêché le champion du monde 2006 de regretter le départ de l’attaquant portugais lors du dernier mercato estival, comme il l’a confié à Sky Italia : « André Silva n’a pas voulu rester parce qu’il vous écoutait dire qu’il y avait Higuaín, Cutrone… Nous avons tout fait pour le retenir à Milan, mais c’est lui qui a décidé. Personne ne l’a poussé vers la sortie. Il a voulu partir et je n’avais aucun doute sur le fait qu’il réussisse à Séville. »
Le digne successeur de Pauleta ?
Qu’il pète le feu avec Séville ou qu’il soit à la cave avec le Milan, un homme a toujours gardé sa confiance envers André Silva : Fernando Santos. Il faut dire que l’attaquant du FC Séville n’a quasiment jamais déçu sous le maillot de la Selecção, avec lequel il affiche une jolie moyenne de 0,48 but par match. De quoi ringardiser tous ceux qui devaient succéder à Pedro Miguel Pauleta (0,53 but par match) depuis la retraite de ce dernier en 2006. Que ce soit Nuno Gomes (0,37), Hélder Postiga (0,38), Hugo Almeida (0,33), Liedson (0,27) ou encore Éder (0,12). Des statistiques impressionnantes qui n’ont toutefois pas suffi à André Silva pour être un titulaire indiscutable durant la dernière Coupe du monde, Fernando Santos préférant associer Gonçalo Guedes à CR7 à la pointe de l’attaque.
Sauf que depuis, le sélectionneur du Portugal est en train de doucement tourner la page de l’Euro 2016, repartant sur une base d’équipe plus jeune et beaucoup plus joueuse. Un nouveau socle composé de Rúben Dias en défense centrale, Rúben Neves en sentinelle et les Silva (Bernardo, André et même Rafa face à la Pologne) pour animer l’attaque. Et vu les premières rencontres du Portugal dans cette Ligue des nations, cela a l’air de fonctionner. Pas vraiment de quoi étonner Rafael Santos : « Nous allons maintenant avoir une sélection complètement différente. Le but ne sera plus de nourrir Cristiano en ballon. Le duo des Silva, André et Bernardo, va être un gros casse-tête pour les adversaires avec leur mobilité et leur intelligence de jeu. » En attendant que les adversaires trouvent la solution de ce casse-tête, André Silva, lui, empile les buts et tente de valider la prophétie de Cristiano Ronaldo.
Par Steven Oliveira
Propos de Rafael Santos recueillis par SO