- International
- Ballon d'Or
- Fin de carrière
Silence, un ballon dort
Andreï Shevchenko vient de prendre sa retraite. Avec lui, c'est un Ballon d'Or qui raccroche les crampons. Ou comment après avoir été au sommet de l'Europe, l'Ukrainien commençait à se faire vieux. Moins performant. En dehors de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, toujours sur le toit du monde, ils sont quatre, anciens lauréats également, a être encore sur le circuit tout en connaissant une fin de carrière atypique. Pour ne pas dire autre chose...
Rivaldo
À quoi carbure le gaucher ? À 40 piges, le Ballon d’Or 1999 est toujours de ce monde. Certes, cela fait bien longtemps qu’il n’est plus au niveau stratosphérique qui était le sien au Barça, mais le gaucher a de beaux restes. Enfin, suffisant pour jouer dans le championnat angolais puisque le lascar joue pour Kabuscorp Sport Clube do Palanca depuis un an. Avant cette escapade bucolique, Rivaldo avait tâté les joies de l’Ouzbékistan (Football Club Bunyodkor), de la Grèce (Olympiakos, AEK) en passant par un bref retour au pays (Sao Paolo, Cruzeiro). Son tour du monde footballistique laisse perplexe. D’autant que sportivement, il tient encore la route, enquillant chaque saison sa dizaine de pions dans des championnats de seconde zone. On ne sait pas trop comment ni où Rivaldo arrêtera sa carrière mais sa longévité interpelle. En effet, le gaucher a le même âge que Zidane, David Charvet, Garou ou Cauet. Une époque où les transferts ne se comptaient pas encore en euros.
Kaká
30 piges, tricard au Real Madrid après avoir mis tout Milan à ses genoux, la fin de carrière du Brésilien se dessine en pointillés. Utilisé avec parcimonie en Espagne après un transfert XXL (67 millions d’euros en 2009, Ndlr) mais de très nombreuses blessures, l’ancien génie de San Siro traîne depuis trois saisons une réputation de joueur fini. Usé. Cassé. Brisé. Son adducteur siffle en permanence, ses genoux tirent la tronche et le mental est atteint. À un tel niveau de poisse, sa foi en Jésus-Christ ne le sauve même plus. En dépit d’émoluments très confortables, le joueur a encore la cote. Pendant longtemps, son blase a été associé au PSG. Surtout avec l’arrivée de Carlo Ancelotti, son ancien mentor milanais. En pure perte. Récemment, son CV a circulé du côté de Milan, pour un retour, mais également du côté de New York pour y rejoindre Thierry Henry. À voir les Madrilènes tenter de se débarrasser du Brésilien, on se dit que ce dernier ne fera pas long feu dans le football de haut-niveau. Son corps va le lâcher. Et c’est triste.
Michael Owen
Au chômage depuis la fin de son contrat à Manchester United (où il aura joué les utilités pendant trois ans), Michael Owen, 32 ans, passe sa vie entre ses canassons et twitter. Mercredi soir, il s’est payé une bataille rangée à coups de 140 caractères avec son meilleur ennemi, le célèbre journaliste Piers Morgan. Entre le journaliste et le Ballon d’Or 2001, la haine est tenace. En attendant, l’ancienne petite merveille de Liverpool n’a toujours pas de club pour la reprise du championnat anglais. Après de belles choses au Real, sa carrière prend du plomb dans l’aile à Newcastle. Son corps commence à le trahir. Il oscille entre l’infirmerie et le pré. À Manchester, son numéro 7 ne fait illusion qu’une seule fois. Lors du derby le plus fou de la décennie (4/3 pour United), où il plante le dernier but dans les arrêts de jeu. Actuellement à la cool, celui que l’Angleterre présentait comme le futur Pelé cherche à terminer en beauté. Histoire de tirer un trait sur une carrière en dents de scie depuis 2005. Stoke City et Galatasaray se seraient renseignés sur son compte. Pas forcément une fin dans la lumière pour lui. On le revoit encore, en 1998, casser les reins de toutes l’arrière-garde argentine à Saint-Étienne (soupir).
Ronaldinho
Ronnie ne s’estime pas « fini » . « Rien n’a changé pour moi. Je me sens très bien ici, c’est tout » , a récemment déclaré le Ballon d’Or 2005 dans la presse brésilienne. Messi, Cristiano Ronaldo, Van Persie, Rooney, c’est bien, mais aucun d’entre eux n’a la folie ni l’ingéniosité du Brésilien. Dernier véritable artiste du football moderne, Ronnie s’amusait sur un pré. Il créait. Inventait. Conceptualisait une manière de jouer au football. Au PSG, la France a entrevu sa folie. À Barcelone, elle a éclaté au grand jour. C’était violent. Jouissif. Bandant. Son départ pour Milan a mis en avant l’évidence : Ronnie n’était pas fait pour durer. Pas avec cette hygiène de vie. L’homme au sourire permanent voit le football de la même manière dont il mène sa vie : comme une fête. De retour au Brésil depuis trois saisons (Flamengo puis Atlético Mineiro), le joueur de 32 ans n’a plus le coup de rein ni la vitesse de ses 20 ans. C’est triste de le voir s’embourber loin des caméras du monde entier. Lui qui a été le garant d’un certain football au milieu des années 2000. Ronnie prendra sûrement sa retraite en 2014. Il rêve de disputer le Mondial, chez lui, au Brésil. Il aura 34 piges et quelques kilos en trop.
Par Mathieu Faure