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Silence, le Barça coule…
Sale journée pour le FC Barcelone. Embarqués dans un été de toutes les galères, les supporters catalans ont vu leur président Joan Laporta débiter les mauvaises nouvelles au fil d'une conférence de presse interminable, ce lundi. Dette exponentielle, passe d'armes avec la direction Bartomeu, projet sportif revu à la baisse : le portrait dressé n'est guère reluisant.
Pas le temps de savourer la belle entrée en matière avec la victoire contre la Real Sociedad du côté de Barcelone. Alors que Mundo Deportivo célébrait le succès de Braithwaite et les siens d’une Une « Ici c’est Barça » , le club s’apprêtait à vivre une longue journée. En milieu de journée, Joan Laporta s’est présenté devant la presse pour exposer la situation économique « dramatique » des Culés. De retour aux manettes depuis le mois de mars, l’Espagnol n’a pas mâché ses mots, évoquant une « situation de ruine » . Dont le coupable est tout trouvé : son prédécesseur, Josep Maria Bartomeu.
Tacle à la gorge de Bartomeu
« Notre dette est de 1,35 milliard d’euros. La situation financière et économique est dramatique par leur faute. Pour la saison 2020-2021, la masse salariale ne devait pas dépasser 237M€, et la direction précédente a présenté une masse salariale de 600M€. » C’est avec la mine des mauvais jours que Laporta est venu présenter le principal constat : la situation économique des Blaugrana est plus qu’inquiétante, alors que la nouvelle direction a été contrainte d’emprunter 80 millions d’euros auprès de Goldman Sachs dès sa prise de fonction pour pouvoir continuer de payer les salaires.
L’occasion rêvée pour continuer de pointer du doigt la gestion de Bartomeu, lequel s’était défendu dans une lettre ouverte ces derniers jours. Une passe d’armes loin d’être terminée. « Je l’ai lu et j’ai pensé que c’était une liste de mensonges, huit points, huit mensonges. J’ai trouvé Bartomeu déplacé et opportuniste. Il essaie de justifier sa gestion injustifiable, et il est dans une situation de préoccupation maximale » , a balancé le dirigeant, bientôt suivi par Gérard Piqué dans un live Twitch réalisé au lendemain de la victoire face à la Real Sociedad. « Avec Bartomeu, il y a eu pas mal de joueurs qui se sont sentis trompés, et c’est comme ça que ça s’est terminé. Avec Joan [Laporta], la culture est différente. Il y a à nouveau des hiérarchies et le président prend le contrôle et les décisions. »
Délabrement généralisé
Une « situation de ruine » , pour reprendre les mots du président, devenue en partie concrète. Laporta a en effet révélé que même le Camp Nou, dont les travaux de modernisation devront attendre 2022, n’était plus en mesure d’accueillir du public en toute sécurité il y a encore quelques mois. « On a dû faire des travaux urgents. Selon un rapport de 2019, on aurait mis en danger les supporters s’ils n’avaient pas été effectués. On a dépensé 1,8 millions d’euros et comme cela a été réalisé rapidement, on a pu rouvrir le stade dimanche, sans risque » , a-t-il admis.
Une chute en lambeaux à tous les niveaux. La semaine dernière, c’est Jaume Llopis qui claquait la porte de la direction blaugrana sans manquer d’allumer Laporta. La veille, le public culé sifflait abondamment plusieurs de ses propres joueurs lors du trophée Gamper, les accusant d’être responsables de l’affaiblissement de l’effectif, et en particulier du départ de Lionel Messi. « La direction a fait tout son possible, dans la limite des possibilités financières. Si la Liga avait été plus flexible, nous aurions pu garder Léo, a tenté d’apaiser Laporta devant la presse. Nous pensions pouvoir le prolonger, mais c’était parce que nous avions devant les yeux le budget provisionnel de l’ancienne direction, qui était faux. »
Et le sportif dans tout ça ?
Messi parti et les finances dans le rouge, se pose forcément la question de l’avenir de l’équipe de Ronald Koeman sur les terrains. La réduction du salaire de Gérard Piqué a permis d’enregistrer Memphis Depay, tandis que Sergio Aguero devra attendre encore un peu avant de faire ses débuts. Mais pour se renforcer, il va désormais surtout falloir se tourner vers la jeunesse. C’est le défi fixé par Laporta en conclusion de sa prise de parole : « Nous allons désormais miser sur La Masia, et nous ne nous renforcerons qu’avec des joueurs de haut niveau. »
Encore une fois, son vice-capitaine ne dit pas autre chose sur Twitch : « Il y a maintenant une génération exceptionnelle, avec Gavi, Nico, Demir, Riqui, Pedri, qui n’est pas issu de l’académie des jeunes mais qui est très jeune, Ansu, Araujo, Eric…, s’est félicité Piqué. Au Barça, l’essence doit toujours être préservée. La Masia est tout et nous ne pouvons pas la laisser de côté pour pouvoir rivaliser, nous devons investir beaucoup dans la Masia, qui est notre truc. » Voilà peut-être l’opportunité rêvée pour le club de retomber sur ses pattes et se relancer sur des bases saines. À moins que la logique économique ne soit encore la meilleure et que la direction ne fasse le choix de se tourner vers un nouveau projet de Superligue.
Par Tom Binet