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- France-Italie (3-1)
S’il vous plaît, lâchons le ballon…
Contre l'Italie, les Bleus ont prouvé qu'ils pouvaient faire très, très mal en contre-attaque. Et si l’équipe de France assumait, et abandonnait le ballon plus régulièrement ?
La seconde mi-temps a repris depuis à peine deux minutes. Alors que les Italiens sont revenus des vestiaires avec d’autres intentions et mettent un peu de pression sur le but français, Hugo Lloris capte le ballon. Il relance loin à la main dans la profondeur pour Ousmane Dembélé. L’ailier français contrôle parfaitement le cuir dans sa course et peut mettre en route la machine. Il pousse la sphère, dépose trois Italiens… En quelques secondes, le voilà déjà dans la surface de la Squadra. Un crochet derrière la jambe d’appui, une frappe du droit qui vient s’écraser sur la barre transversale de Salvatore Sirigu. La première alerte de la seconde période sur une contre-attaque éclair. Parce que dans ce deuxième acte, les Bleus ont décidé de jouer le contre. Bonne idée, car c’est sans doute là qu’ils sont les plus forts.
Dembélé… on a encore du mal à s’en remettre ???pic.twitter.com/NPSoNI6gBR
— La Minute Football (@laminfootball) 2 juin 2018
Des joueurs pour contrer
Contre l’Italie, même s’ils ont eu globalement le ballon avec 57% de possession, les hommes de Didier Deschamps ont surtout joué dans leur propre camp et attendu les ouvertures pour pouvoir se projeter par à-coups. Comme l’a calculé L’Équipe, 16,4% du jeu a eu lieu dans le camp italien contre 27,6 % dans le camp français. Les Bleus sont restés positionnés assez bas sur le terrain pour profiter du maximum d’espace possible. Au total, sept joueurs de champ français ont eu une position moyenne située dans leur moitié de terrain contre quatre joueurs de champ italien. Et même s’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives d’un match de préparation, il est temps de prendre conscience que c’est dans cette configuration que l’équipe de France s’épanouit le mieux. Surtout quand Deschamps décide d’aligner un trio Mbappé – Griezmann – Dembélé.
Trois hommes qui ont absolument besoin d’espaces pour s’exprimer, et qui peuvent torpiller n’importe quelle défense sur une contre-attaque. Antoine Griezmann l’a encore prouvé vendredi soir : il est le maître à jouer de cette équipe de France, le leader technique, celui qu’il faut mettre dans les meilleures conditions pour que les Bleus soient performants. Aussi à l’aise en profondeur balle au pied qu’à la baguette pour lancer ses coéquipiers, le vainqueur de la Ligue Europa 2018 a l’habitude de tenir ce rôle-là à l’Atlético de Madrid. Une équipe qui s’éclate en contre-attaque. Avec un milieu de terrain où Pogba et Tolisso peuvent assurer des transitions rapides, et les deux flèches Mbappé et Dembélé qui ne demandent qu’à pouvoir filer au but sans faire de détour, cette équipe est bâtie pour contrer son adversaire de manière chirurgicale.
Se créer une identité
Depuis des années, l’équipe de France se casse régulièrement les dents contre les « petites » équipes regroupées, car elle n’est pas à l’aise lorsqu’il faut travailler contre un bloc bas qui abandonne le ballon. Rien qu’à l’Euro 2016, les hommes de Deschamps ont frisé la correctionnelle contre la Roumanie et l’Albanie en phase de poules. La vérité, c’est que cette équipe de France n’est ni l’Espagne ni l’Allemagne. Elle n’est pas composée de joueurs patients, obsédée par la possession de balle, mais par des joueurs explosifs qui veulent pouvoir lâcher les chevaux. Dès qu’elle devra affronter un adversaire potentiellement « contrable » , il ne faudra donc pas hésiter à lâcher le ballon. Ce qui ne sera pas une preuve de faiblesse, mais d’intelligence. On a trop souvent reproché à cette équipe de France une absence d’identité de jeu. On dit aussi souvent que Didier Deschamps est un pragmatique. Qu’il assume cette réputation en créant une équipe à son image. Une équipe qui connaît ses qualités, et qui fait tout pour les exploiter.
Par Kevin Charnay