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S’il ne devait en rester que 100… (9e)

Par Chérif Ghemmour

L'Ajax sous coach Cruijff et puis le Milan de Sacchi, voilà pour les mentors. Un palmarès et un maintien princier pour stature et un socle consolidé par des buts en cascade. Trois Ballons d'Or, dont le premier en 1988 qui couronne un Euro majuscule. Avec un but en finale qui, avec Marco van Basten tout en haut, a fait du football depuis ce jour une religion monothéiste.

#9 - Marco Van basten

Marco van Basten, c’est le but du siècle. « De quel siècle parlez-vous ? » , disait Keith Richards. Du XXe et du XXIe, bonhomme ! On n’a pas fait mieux. On ne fera plus jamais mieux. Le but marqué par Marco en finale de l’Euro 88 contre la CCCP en rouge, il faut l’avoir vécu en direct. Désolé pour les absents qui ont raté ça ou ceux qui étaient trop jeunes ou pas encore nés, un truc comme ça, ça se vit live. Le revoir après, c’est comme raconter une histoire belge : même si ça fait toujours rire, c’est jamais drôle. Les rétrospectives avec ralentis sur YouTube ne restitueront jamais le long moment de sidération à l’instant précis où les filets tremblent : « Non, pas possible ?! Elle est bien dedans ! »

L’angle était impossible, le centre d’Arnold Muhren trop fuyant, Marco trop excentré au coin des 6 mètres, la position de reprise de volée trop malaisée. Même pas ! Marco a juste frappé. Comment un mec aussi grand (1m88), aussi balaise, peut avoir réalisé une chose pareille ? La grâce… Une parfaite coordination corporelle, une gestuelle exceptionnelle qu’on ne retrouve que chez les grands du foot hollandais. Une élégance quasi aristocratique commune à Cruijff, Bergkamp, Van Basten et au petit dernier, Van Persie. Seul Beckenbauer peut compléter cette quinte majeure, où toucher de velours et port altier les distinguent de la masse. Aux Pays-Bas, Van Basten était surnommé le « cygne d’Utrecht » , en raison de sa majesté hautaine. Bien vu.

Exciter la soif du sang

Ce fameux but du 2-0 qui stupéfia le vieux coach des Oranje, Rinus Michels, ne surprit pas son coéquipier Frank Rijkaard : « Je vous assure que des buts impossibles, Marco en réussit pas mal, de temps en temps à l’entraînement, plus beaux encore que celui de Munich. » Le coup de Marco était donc prémédité… Après tout, il avait déjà marqué des buts spectaculaires avec l’Ajax, notamment en bicyclette, en Eredivisie. Ses coéquipiers savaient donc qu’ils pouvaient le trouver, quels que soient l’angle, la position, l’adversaire. En l’occurrence, c’était en finale de l’Euro, soit la troisième finale de compète internationale après les deux échecs de la désillusion en Coupes du monde 74 et 78. La lose à nouveau ? Qui plus est, contre cette redoutable URSS qui avait battu les Oranje au premier tour (0-1).

Mais le pire, c’est que Rinus Michels ne voulait pas de Van Basten en 9 titulaire à l’Euro ! Bosman et Kieft étaient devant Marco ! Michels lui préférera même Van’t Schip, titulaire contre l’URSS en poule… Johan Cruijff s’en était offusqué. Avant l’Euro, il avait même recommandé à Van Basten de ne pas y aller s’il n’était que remplaçant. Marco avait hésité, puis décidé de participer. Bien sûr, après la défaite face aux Popov, Johan 1er tonnera à la TV hollandaise, criant au scandale de devoir se priver du Cygne… Vieille ruse de Michels, en fait ? Il savait Marco en pleine bourre, mais il voulait le piquer au vif, lui faire comprendre qu’il devait être à son max pour cet Euro. Michels a juste apporté la dernière petite touche pour aiguiser l’œil du tigre, exciter la soif du sang. Dont acte : contre l’Angleterre, match d’après, Marco est titulaire et plante un triplé retentissant (3-1). Marco plantera aussi le but décisif contre la RFA de Beckenbauer en demie à Hambourg (2-1).

Tête explosive

Finale à Munich, Olympia Stadion, 14 ans « après » … Contre l’URSS, ou plutôt contre le grand Dynamo Kiev de l’immense Lobanovski (coach de Kiev et de la sélection russe). Neuf joueurs du grand club ukrainien chez les CCCP : une école du beau jeu avec les Rats, Blokhine, Belanov, Zavarov… En face, une autre équipe du beau jeu. Sauf qu’à la différence de 1974 où il avait déjà coaché des Oranje très ajacides, Rinus Michels réalise pour cette finale d’Euro un mix parfait entre joueurs d’Ajax et du PSV : la classe esthétique d’Amsterdam alliée à l’efficacité rugueuse d’Eindhoven (vainqueur de la C1 un mois plus tôt). Pour faire monter la sauce du chef-d’œuvre à venir, Gullit avait déjà marqué le premier but hollandais d’une tête explosive… sur une remise de la tête, également, de son pote milanais Marco (33e, 1-0). Et pour que l’exploit soit total, indiscutable, il fallait un gardien de légende comme adversaire, l’immense Rinat Dasaev, un des meilleurs keepers de l’histoire, issu de la grande école russe de gardiens.

On résume : finale de l’Euro, stade de Munich, URSS du Dynamo Kiev, Dasaev en face, Gullit qui met la barre très haut, peut-être la meilleure équipe des Pays-Bas de tous les temps (Rinus Michels lui trouvait plusieurs points de supériorité par rapport à ses Oranje 74), un Van Basten de seulement 23 ans, donc d’une insouciance 100 % rock’n’roll, détaché, effronté, simple et direct : libre ! 54e minute, voooouuuuuuuuum… Lucarne opposée… Une étoile filante en plein jour dans l’après-midi munichois. Une éclipse de soleil. L’humanité qui fait une halte bienheureuse dans son long chemin de croix… Le panneau d’affichage ment : il n’y a pas 2-0. Il y a bien plus que 2-0. Ce but compte double, triple. Belanov le sait bien : vers la fin du match, il rate le péno accordé aux Russes, détourné par Van Breukelen… Belanov a vu la Lumière et il a été aveuglé. Côté russe, on ne perd pas sur un but comme ça : on accepte plutôt la défaite comme un cadeau du ciel. Depuis ce 25 juin 1988, on mesure le temps en calendrier van-basténien : en 2012, nous sommes en fait en l’an 24 après MVB. Amen.

Par Chérif Ghemmour

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