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Sigthorsson, en liberté conditionnelle
Apparu quatre fois seulement ces deux dernières saisons sous le maillot de Nantes, Kolbeinn Sigthorsson devrait disputer jeudi avec l’Islande, face aux Bleus, son premier match en France depuis un bail. Et avant un moment, sans doute : placardisé – selon lui – par Waldemar Kita himself, l’attaquant nantais semble parti pour engager un bras de fer juridique avec son président.
La règle est la même dans tous les clubs : à chaque changement de coach sa redistribution de cartes, ses statuts bouleversés, ses bannis regonflés d’espoir. Avec sa 19e place et ses six malheureux points à l’arrivée de Vahid Halilhodžić, le FC Nantes avait d’autant moins de chances d’y échapper. Et puisque la première des Canaris sous ses ordres à Bordeaux (défaite 3-0, dimanche) a plutôt instillé l’idée d’un enlisement que celle d’un redressement, le Bosnien pourrait bien profiter de la trêve internationale pour continuer à battre le jeu. Et aller faire un tour du côté du Roudourou, pelouse que devrait fouler Kolbeinn Sigthorsson avec l’Islande, face aux Bleus ? N’exagérons rien. La cote du bonhomme est élevée, très élevée. Trop ? Sans doute.
Loft story
En effet, si l’Islandais a bien vu son statut évoluer ces derniers temps du côté du FCN, c’est uniquement pour passer de celui d’éternelle énigme à celui de « boulet » . Un qualificatif employé le 5 septembre par Waldemar Kita dans les colonnes de Ouest-France, justifié selon le président nantais par le refus du gaillard, trop gourmand, de quitter le club cet été malgré des portes de sortie en Grèce, notamment. L’ancien attaquant de l’Ajax n’était déjà pas franchement aidé par ses stats : 37 apparitions et 4 buts depuis son arrivée en 2015. Mais il pouvait toujours se retrancher derrière sa grave blessure au genou, une déchirure du ménisque qui lui a fait manquer 123 matchs entre septembre 2016 et avril 2018, et a contraint Galatasaray à rompre fin 2016 son prêt avec option d’achat sans même l’avoir vu jouer.
Sauf que cet été, le natif de Reykjavik a liquidé le peu de crédit dont il disposait encore auprès de Kita. Au point de ne plus croire lui-même en une sortie de loft et en un retour en grâce sous le maillot jaune, à la faveur de la nomination de coach Vahid. C’est ce qu’il a confié pas plus tard que mardi au Morgunblaðið, l’un des principaux quotidiens de son île natale : « Je ne pense pas que ma situation à Nantes va changer, dans la mesure où le président du club ne veut pas que je m’entraîne avec l’équipe. Donc avoir un nouveau coach ne changera rien, à moins que le président ne change d’avis. J’ai juste à attendre de voir si j’ai le droit de m’entraîner avec l’équipe, quand bien même le président ne le voudrait pas. Je n’ai même pas le droit de m’entraîner avec la réserve, donc la situation est vraiment étrange. Nous sommes sept dans ce cas, à nous entraîner ensemble. Sept joueurs qui n’existent pas au club. »
Des choses à prouver
Des propos qui vont à l’encontre de ceux tenus en septembre à Ouest-France par Kita, qui assurait laisser ses entraîneurs libres de faire ce que bon leur semble de Sigthorsson. ( « Je n’ai rien imposé. Comme à Ranieri, j’ai dit au coach : s’il est bon vous le prenez, et sinon ce n’est pas la peine. » ) En attendant, c’est donc à Guingamp qu’il faudra être, jeudi, pour avoir la confirmation de l’existence de Kolbeinn Sighthorsson et évaluer sa forme, qu’il juge « bonne » .
Placardisé à double tour à la Jonelière, l’homme aux 45 sélections avec l’Islande reste, malgré ses deux ans de chômage technique, prophète en son pays. Ce qu’il doit autant au manque de richesse du réservoir islandais qu’à ses 22 buts sous le maillot bleu. Alors, comme lors du dernier rassemblement de l’équipe nationale, où il a pris part aux roustes infligées par la Suisse (6-0) et la Belgique (0-3), Erik Hamrén, le nouveau sélectionneur, l’a appelé pour affronter la France jeudi en amical et la Suisse lundi en Ligue des nations. Une convocation appréciée dans Morgunblaðið par le Nantais : « C’est une chance d’être appelé en sélection, compte tenu de cette situation. Le staff me témoigne une grande confiance et c’est une bonne occasion pour moi de montrer que je peux encore marquer des buts. C’est important pour moi d’avoir du temps de jeu, cela va m’aider à trouver un nouveau club. » Des buts au Roudourou ? Le public guingampais apprécierait.
Par Simon Butel