Sidney Govou : «Plus belle la vie» à l’OL…

Mettez-vous à la place de Loïc Rémy (les dreadlocks en moins). Bien sûr, vous aimeriez quitter Nice et revenir à Lyon, qui est prêt à payer le prix fort pour vous reprendre et à vous offrir un salaire enfin à la hauteur de votre talent, largement reconnu depuis cette saison passée chez les Aiglons. Mais… Revenir à l’OL pour entrer à nouveau en concurrence avec Sidney Govou, c’est périlleux. Très périlleux. En mai dernier, quand Govou a annoncé que ce coup-ci, c’était la bonne et qu’au mercato, il prendrait bien le premier vol 747 pour “Sidney” (ou pour ailleurs, comme à l’Atletico Madrid, qu’il avait bien failli rejoindre à l’été 2007), Loïc Rémy a dû y croire. Parce que tout semblait réuni pour voir le Govou lâcher enfin ce couloir droit qu’il squatte depuis des lustres et promis au petit Loïc : un titre de champion perdu pour la première fois après avoir été l’un des rares septuples vainqueurs, une sempiternelle élimination en 8ème de Ligue des Champions, treize ans de présence au club, la trentaine qui sonne (Sid a fêté ses 30 ans hier), tous les derniers “potes historiques” désormais partis ailleurs (Benzéma et Juninho, un an après Coupet), faisant de lui le rescapé unique du grand OL et enfin un contrat qui s’achevait en 2010, soit le moment propice pour l’OL pour le revendre avant de devoir le céder gratos l’an prochain pour fin de contrat…

En fait, ça s’est encore passé comme d’hab : Sidney veut partir mais aucune offre d’un grand club ne lui échoit. Et comme il n’est pas abruti au point d’aller signer à Sunderland… Alors il se dirige vers un prolongement de contrat : « Je suis à Lyon, et je cherche quelque chose de mieux. Mais je n’aurai pas le Real Madrid, pas Barcelone. Après, je regarde la liste des grands clubs européens et je compare. Faire mieux, c’est compliqué. Mais faire moins bien, oui, c’est facile ! » . En bon fils, il cite sa maman : « Comme le dit ma mère : « T’es heureux là, reste heureux là » » . Il faut dire qu’avec un salaire mensuel évalué à 375 000 euros, un des plus élevés de L1, sa situation à l’OL n’est pas trop à plaindre… Plus sérieusement, à un an de la Coupe du Monde, il vaut mieux assurer ses arrières et être titulaire à l’OL que de risquer gros ailleurs. Après tout, Sidney n’a joué l’Euro 2004 qu’à la faveur du désistement de dernière minute de Giuly, comme au Mondial 2006 où il a remplacé au pied levé un Djibril Cissé fracassé. Enfin appelé direct dans les 23 Bleus pour l’Euro 2008, il n’a connu que le désastre du 4-1 contre la Hollande et le 2-0 contre l’Italie… Malgré son immense talent, à un an de la Coupe du Monde, mieux vaut subir à Lyon un quelconque pépin physique (ou souffrir d’une éventuelle rechute suite à sa rupture du tendon d’Achille de janvier dernier) que de se faire oublier à l’infirmerie d’un club étranger plus huppé.

Et puis une nouvelle équipe se dessine à l’OL. Avec pour l’instant les arrivées de Lisandro Lopez, Aly Cissokho et Michel Bastos, en plus des paris réussis Lloris, Toulalan et Boumsong (voire Makoun), Govou agirait comme point de bascule sur l’équipe-type : avec lui en point de référence (expérience et titres), l’OL détient désormais potentiellement un bloc costaud de 7 à 8 joueurs très compétitifs. Et Sidney Govou pourrait être le lien crucial entre les anciens et des nouveaux. Un rôle de leader qui s’est concrétisé par le brassard de capitaine qu’il portait lors du match amical contre le Besiktas (1-1). Parce que ces derniers temps, le joueur distant qu’il était n’a plus hésité à prendre la parole à son tour au point de devenir avec Juninho un des hommes de vestiaire de l’OL. Sa prise de position juste et mesurée sur les méthodes “musclées” de Claude Puel n’ont pas créé de tsunami au sein du club : « Je pense que son discours, sa façon d’amener les choses a été mal perçue par pas mal de joueurs. Sous Alain Perrin, ce n’était pas folklorique mais c’était plus cool dans la vie de tous les jours. Et quelque part, ça avait des répercussions sur le jeu. Bon, on n’était pas très bien organisés sur le terrain mais on était libres. Cette rigueur a été mal perçue par quelques joueurs. Certains ont adhéré plus que d’autres et il n’y avait plus d’osmose entre nous » . Au contraire : Claude Puel compte énormément sur son ailier droit cette saison. Un binôme Puel-Govou semble se dessiner. La formule gagnante d’un OL futur champion ?

Sidney Govou a permis à l’OL de finir la saison en trombe en assurant la 3ème place qualificative pour la C1 après une convalescence incroyablement (et mystérieusement) plus courte de deux mois sur les prévisions des médecins… Le bonhomme est là et bien là. Et au sujet de Loïc Rémy ? Sidney le vieux lion a sorti les griffes : « S’il veut prendre ma place, cela ne va pas être facile ! Parce que je vais me battre pour jouer » . Pas gagné donc….