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Si les personnages de Friends étaient des footballeurs

Par Mathieu Faure et Éric Maggiori
6 minutes
Si les personnages de Friends étaient des footballeurs

The Reunion. Deux mots pour voyager dans le temps. 2021, les six amis les plus connus de la planète se retrouvent dans l’appartement le plus célèbre de la télévision américaine pour un anniversaire symbolique. 240 épisodes et 10 saisons, voilà de quoi poser le mythe de Friends à l’heure où un épisode spécial, diffusé aujourd’hui aux USA, remet à jour un mythe. Et si Rachel, Monica, Phoebe, Joey, Chandler, Ross et compagnie n’avaient pas été des chef, acteur, paléontologue, mais des footballeurs...

Joseph Tribbiani = Mauro Icardi

Mauro Icardi aurait très bien pu jouer les fesses d’Al Pacino. L’Argentin, grand amateur de bidoche, n’aurait pas dit non aux folies gastronomiques de Joey Tribbiani, comme ce sandwich pastrami englouti sous sa douche ou le fameux Diplomate à la viande de Rachel Green. On l’imagine aisément dire à son hôte du soir, face à cette improbable mixture : « La crème ? Bonne. La viande ? Bonne. Le jambon ? Bon. Je me régale. » Homme sincère, parfois naïf, mais attachant, il a toujours fait des rapports avec les femmes son terrain de jeu privilégié avec son fameux appel-contre-appel « How you doin’? » D’ailleurs, comme Mauro, Joey a tenté l’aventure charnelle avec l’ex-future de son meilleur ami, notamment quand celle-ci attendait un enfant de lui. Finalement, le copain idéal, imparfait, capable d’être le premier rôle d’un show TV à succès avant de balancer à la presse qu’il réécrivait lui-même ses dialogues, ce qui a forcément énervé le scénariste qui va faire mourir son personnage dans une cage d’ascenseur. La blessure bête.


Ross Geller = Javier Pastore

Sur le papier, il a tout. Paléontologue, professeur brillant, père de famille aimant, beau brun ténébreux. Et puis il y a les failles mentales récurrentes et notamment cette blessure involontaire lors de son premier mariage quand sa femme préfère virer sa cuti. Ou alors quand il se trompe carrément de maillot au moment du coup d’envoi lors du match entre Emily et Rachel. Quelque part, Ross est un romantique voué à l’échec. Un éternel « What if ? » Adepte du langage mondain – un peu trop soutenu – lors de soirées à l’université, il sait briller, mais uniquement par intermittence. Dans un bon jour, il est capable de tout emporter sur son passage. Javier Pastore a emmené le Parc des Princes avec lui face à Chelsea quand Ross a fait de la descente d’un canapé sa chose : PIVOTE. PIVOTE. PIVOTE !! Deux exploits sans lendemain. Mais Ross, comme Javier, fera toujours espérer un avenir radieux. Pourquoi ? Parce qu’il a l’Unagi.


Monica Geller = Oliver Kahn

Oliver Kahn a-t-il la tête du mec qui classe ses gants en onze catégories différentes ? Assurément. Un autre trait commun unit nos deux protagonistes : cette envie permanente de victoire. De gagner coûte que coûte. Immense force physique, Oliver est comme Monica, il est mauvais perdant. Il est parfois colérique, tyrannique et très exigeant envers ses coéquipiers. Avec lui, Monica n’aurait jamais perdu l’appartement face à Joey et Chandler. Monica n’a pas eu beaucoup de clubs dans sa vie, le FC Bob le marrant pour ses débuts avant de faire un tour au Borussia Richard Burke, une pige au Bayer Pete Becker pour finalement devenir le taulier du Bayern Chandler Bing. Une relation longue durée qui s’inscrit dans le marbre saison après saison. Un dernier rempart qui permet de préserver l’institution. Le surnom de ce rempart ? Le « Gros goal » .


Chandler Bing = Mario Balotelli

Tout est parti d’une enfance délicate. D’un rapport à la famille forcément tronqué. Super Mario a été adopté dans un pays où sa couleur de peau lui a toujours été reproché quand Chandler n’a pas supporté le divorce de ses parents, maman est devenue une romancière érotique quand papa fait briller Las Vegas dans un spectacle de drag queen. Pour survivre, il a fallu se forger une carapace. Mario plantait des buts quand Chandler lançait des blagues comme moyen de défense. Maladroit, généreux et attachant, Chandler oscille entre le comique et le politiquement correct. Traumatisé par son enfance, ce qui fait de lui un personnage profondément humain, mais terriblement cynique, Chandler est omniprésent, mais toujours accompagné, de Ross dans un premier temps, puis de Joey et enfin de Monica. Pour combler cette absence affective, Chandler essaie beaucoup de choses quitte à se mettre en difficulté. Pour lui, ça sera Janice à plusieurs reprises, pour Mario ça sera les deux clubs de Milan. Moralité, malgré un talent certain, une paternité assumée et radieuse, le poids des ans aura fait des ravages. En 2021, Chandler a pris un coup de vieux et Mario joue à Monza, en Serie B, alors qu’il n’a que 30 piges.


Rachel Green = Marcus Thuram

Pas facile de percer quand on est le fils de. Tout semblait tracé pour Rachel Green, un mariage avec un orthodontiste réputé, des copines fortunées, une garde-robe conséquente et du ski à foison avec la carte bancaire de papa. Et puis non. Direction Sochaux, le Doubs, puis Guingamp, pour se mettre dans la difficulté et s’émanciper du spectre familial. Il fallait s’affranchir de l’ombre paternelle, faire des choix forts quitte à prendre plus de temps que les autres pour y arriver. Alors de temps en temps, Rachel fait des mauvais choix : Paolo, Josh qui est un étudiant attardé, Tommy qui ne contrôle pas ses nerfs, Russ qui est un Ross à peu près, Paul… le père d’Elizabeth qui est en couple avec Ross, etc. De quoi faire passer le crachat de Marcus contre Hoffenheim pour une broutille. Une progression semée d’embûches, mais qui n’empêche pas d’apprendre humainement. La preuve, Rachel et Marcus sont de retour dans l’actualité en 2021. L’un ira même à l’Euro.


Phoebe Buffay = Ousmane Dembélé

Une dinguerie permanente. Ambidextre, capable de jouer « Tu pues le chat » de la main gauche en lever de rideau d’un match du FC Winchester, Phoebe est véritablement le miroir du joueur du FC Barcelone qui, en 2021, ne sait toujours pas s’il est droitier ou gaucher. Candide, perchée, énigmatique, avec un passé trouble dans sa jeunesse, Phoebe s’inspire forcément de l’ancien Rennais pour tenter de mener sa carrière à bon port. « Tranquillo de quoi ? » pourrait d’ailleurs très bien être un tube joué au Central Perk un soir de match. Phoebe, c’est avant tout du partage. Comme Dembélé, elle aime régaler les copains après un rush balle au pied et donner naissance, ainsi, aux enfants de son frère sans rien demander en retour. Oui, Phoebe est attachiante en fait. Elle a ses défauts, mais on n’arrive pas à vivre sans elle.


Gunther = Hugo Lloris

Indéboulonnable de son poste pendant dix ans. Trois répliques. Et puis c’est tout.


Janice = Rudi Garcia

OH. MY. GOD. Y a-t-il trois mots qui crispent plus que cette expression prononcée (pardon, hurlée) par Janice ? Suivie évidemment par ce rire insupportable. Alors certes, Rudi Garcia n’a jamais rigolé de cette façon, et heureusement. Mais les deux personnages sont finalement très similaires. Tout au long des dix saisons de la série, Janice a été ce personnage insupportable qui se faisait jeter à chaque fois par Chandler. Mais qui, à chaque fois, revenait pointer le bout de son nez à l’endroit et au moment où l’on s’y attendait le moins. Un peu comme Rudi Garcia en Ligue 1, finalement. Il part de Lille ? On le retrouvera plus tard à l’OM. Il quitte l’OM ? Hop, le voilà à Lyon. Il quitte Lyon ? Vous savez très bien qu’on le retrouvera ailleurs dans quelques mois. À chaque fois, ses supporters adorent le détester, mais finalement, comme pour Janice, on est tous un peu content qu’il soit là quand même.


Richard = Artur Jorge

Y a-t-il vraiment besoin d’expliquer pourquoi ?


David = Roberto De Zerbi

David a débarqué dans la vie de Phoebe comme Roberto De Zerbi a débarqué en Serie A : en fanfare. Les deux sont adeptes de sciences (physiques pour David, tactiques pour Roberto), jeunes, pétillants, séducteurs. En gros : les deux avaient un boulevard pour devenir des piliers. Mais comme David a décidé de tout foutre en l’air en se barrant à Minsk (laissant le champ libre à ce renard de Mike), Roberto De Zerbi a décidé d’en faire de même en se tirant au Shakhtar. Et il reviendra dans cinq ans, quand tout le monde l’aura oublié, et qu’un certain Michele sera devenu la nouvelle coqueluche.

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