- Anniversaire de Mickey
Si les personnages de Disney étaient des footeux
90 ans. Mickey a fêté il y a quelques semaines ses 90 ans. La petite souris règne aujourd’hui sur le monde du divertissement, après avoir dévoré Marvel et Star Wars. La création séminale du Grand Walt, qui fascine le monde entier, a redéfini les univers enfantins et d’une certaine façon la culture populaire. Seul finalement le football peut prétendre lui tenir la dragée haute sur le terrain du « soft power ». Certes, le dessinateur ne jurait que par le polo et le baseball, mais les stéréotypes qu’il a si largement diffusés via ses personnages peuvent facilement trouver leur transcription dans le petit monde du ballon rond.
Mickey : Kylian Mbappé
Gentil, parfait, généreux, astucieux… Bref, doté de toutes les qualités imaginables, Mickey est l’incarnation de la perfection, le modèle que tous les kids doivent prendre en exemple. Une image lisse et si efficace qu’on finit par s’agacer de cette tranquille assurance de toujours bien faire et faire le bien. En espérant qu’un jour, à l’instar de l’épisode dans Fantasia, il se décide à libérer sa magie, quitte à provoquer les cieux et une catastrophe.
Minnie : Ada Hegerberg
Il en a fallu du temps, pour que l’éternelle fiancée de Mickey sorte de son rôle de caution morale. Le monde très conservateur de Disney ne pouvait pas se permettre, même avec des animaux, de laisser planer le doute chez les kids de l’Oncle Sam. Couple hétéro, mais avec un pendant féminin effacé et caricatural. Avant, évolution de la société et sens du commerce obligent, de commencer à prendre un peu d’importance. Toutefois, paradoxe du féminisme, une fois la bataille symbolique remportée, vous finissez quand même par vous cogner un #twerkgate. Comme cette brave Minnie transformée, à son corps défendant, reine du cosplay érotique.
Pat Hibulaire : Sergio Ramos
Dans ce monde parfait, il fallait bien sûr un méchant. Un être vil et vicieux, le pendant négatif de ce brave Mickey. Quelqu’un qui vole ce qui devrait être honnêtement gagné. Pourtant, sans lui, à l’ombre du ciel étoilé de bonnes intentions de la ménagerie animée, jamais la magistrale saga n’aurait pu se déployer avec autant de succès à travers la planète et les décennies. Plus attachant, plus classe, plus inventif souvent, le matou badass et bedonnant a régulièrement ravi la vedette, même en perdant. Ce n’est pas un hasard s’il fut plus employé que nombre de protagonistes cartoonesques pourtant plus nobles dans leur comportement. Ne dira-t-on jamais assez tout ce que le foot doit aux mauvais gestes de Sergio Ramos un soir de finale de Ligue des champions ?
Donald Duck : Rudi Garcia
Jamais content, toujours fâché. Donald Duck a donné avec le Schtroumpf grognon et le nain Grincheux ses lettres de noblesse au bougon. Un certain sens du style aussi. Impossible d’imaginer ce grand bestiaire sans le volume sonore de ses cris. On ne saisit pas tout du pourquoi du comment, l’essentiel semble pour lui de crier fort à la moindre contrariété. Et sa grande capacité à enfiler tous les costumes professionnels, avec la même vocation de ronchon, laisse entrevoir de belles reconversions à l’entraîneur phocéen.
Dingo : Franck Ribéry
Gentil au point de tout lui pardonner. Voilà son portrait idéal. Des bêtises par milliers, toujours sincères. Dingo est attachant parce que nous avons tous un petit côté gaffeur et maladroit qui stimule notre empathie pour ce grand déglingo qui trimbale des pieds trop grands pour un monde si matérialiste. Si les claquettes avaient existé dans les années trente, nul doute qu’il aurait porté les mêmes que Ribéry à Knysna.
Picsou : Dmitri Rybolovlev
Il ne s’en doutait pas, mais en créant le personnage de Picsou, Disney allait donner un visage au capitalisme. « Ils peuvent toujours nommer Donald à l’Europe ; c’est quand même Picsou qui commande » , dixit Mélenchon. Loin s’en faut dans la réalité, mais néanmoins résumant par la seule image d’un plongeon dans une piscine de pièces d’or tout le paradoxe de l’accumulation des richesses. Le président monégasque assis sur son trésor de guerre, accumulé de mercato en mercato, bien à l’abri dans son paradis fiscal, devrait méditer sur sa stratégie en relisant les aventures de ce brave Balthazar au grand cœur. Surtout que les Rapetou, la trilogie fisc/fair-play financier/agents, en veulent à son magot.
Par Nicolas Kssis-Martov