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Si les morceaux de 2Pac étaient des footballeurs

Par Maxime Delcourt
Si les morceaux de 2Pac étaient des footballeurs

Alors que ce 13 septembre 2016 nous rappelle que Tupac Shakur a quitté ce bas monde il y a vingt ans jour pour jour, ses chansons, elles, demeurent des bouts d’histoire que l’on se raconte avec un plaisir intact. Pour certaines d’entre elles, il est même difficile de ne pas les rapprocher du destin de quelques footballeurs…

« Only God Can Judge Me »

Présente sur le quatrième album solo de 2Pac, All Eyez On Me, sorti en 1996, « Only God Can Judge Me » est de ces titres qui ont marqué l’histoire du hip-hop. Grâce à un instrumental hautement G-funk, tout d’abord, mais aussi à un titre à entendre comme un slogan et des propos adressés à tous ses détracteurs : « Recompose tes pensées, ne te laisse pas endoctriner dans les mensonges / Parce que les médias nous jouent plein de mauvais tours / Il n’y a que Dieu qui peut me juger… » Si on extrapole un peu – ses problèmes n’ont rien avoir avec ceux de 2Pac : il n’a pas été accusé de viol et n’a pas eu à digérer cinq bastos dans le buffet –, « Only God Can Judge Me » , c’est un peu Cavani qui subit les critiques depuis plus de deux ans, quand bien même les statistiques ne lui sont pas défavorables. Dans le dernier numéro de So Foot, l’Uruguayen tentait ainsi de se défendre : « Celui qui ne tire pas ne rate pas ! C’est comme ça dans la vie : on voit toujours le négatif, jamais le positif ! »

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« Dear Mama »

Avec Me Against The World, troisième album solo publié en 1995, quelques mois après celui du collectif Thug Life, 2Pac entre dans une nouvelle dimension. Les scandales se font de plus en plus intenses, mais la reconnaissance critique et publique se veut de plus en plus marquée. Plus que jamais, les paroles prennent une orientation mélancolique, intimiste, presque dépressive. Mais au milieu de toute cette déprime trône un titre, un de ces hommages aux mamans dont les rappeurs ont le secret. Dédié à Afeni Shakur, ancienne Black Panthers et modèle incontestée de 2Pac, « Dear Mama » fait passer le rappeur pour un fils à maman. Et des footballeurs qui ont du mal à couper le cordon, il y en a un bon paquet. En France, ces dernières années, c’est Adrien Rabiot qui a fait le plus parler de lui en confiant sa carrière à sa mère – Véronique Rabiot –, que les rumeurs ne ménagent pas : on dit qu’elle a fait saboter le transfert de son fils à l’AS Rome, qu’elle insiste constamment pour que sa progéniture ait un meilleur salaire au PSG ou qu’elle prend des décisions sans lui demander son avis au préalable. Après tout, c’est peut-être ça le véritable amour maternel.


« The Uppercut »

Plus confidentiel que ses célèbres singles, « The Uppercut » figure sur l’album posthume Loyal To The Game, publié en 2004 et produit par Eminem. Tout, dans le titre, trahit le goût de 2Pac pour la boxe, ce sport qui le fait vibrer et pour lequel il a enregistré « Road 2 Glory » en hommage à Mike Tyson. Mais là, il s’agit de tout autre chose, et l’uppercut en question pourrait très bien être celui adressé par Thiago Motta à Jordan Ferri en mars dernier. Plus de peur que de mal, finalement, d’autant que la bisbille, comme le veut la tradition dans les sports de combat, ne s’est pas propagée hors du terrain une fois le match fini. Dans Le Progrès, le milieu de terrain lyonnais se montrait d’ailleurs peu rancunier : «  J’aime beaucoup ce joueur. Il a le sang chaud comme moi, et tant que ça reste comme ça sur le terrain, ça ne me dérange pas. C’est le football.  »

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« So Many Tears »

Parmi les chansons les plus funèbres de 2Pac – ses fameuses « haunting songs » –, « So Many Tears » représente tous les joueurs de football qui ont versé des larmes, ou fondront en pleurs, à un moment ou à un autre de leur carrière. Car oui, les footballeurs ne sont pas que des millionnaires qui vivent la vie de rêve dans une villa avec piscine et femmes taille mannequin. Certains d’entre eux sont même de grands sensibles. Parmi les plus connus, il y a certes Griezmann, mais que dire également de Koziello, en larmes après son expulsion à la 74e minute lors des 32es de finale de la Coupe de France en janvier dernier contre Rennes ? Ben rien, si ce n’est que les footballeurs sont des hommes comme les autres : ils ne se cachent pas pour pleurer.

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« Hit ‘Em Up »

Chanson mythique et vulgaire au possible, « Hit ‘Em Up » n’est pourtant que la face B de « How Do U Want It » . Mais si le morceau a réussi à traverser l’histoire, au point de s’imposer comme le plus célèbre diss track de l’histoire du hip-hop, c’est surtout parce qu’il vient étaler au grand jour la rivalité entre 2Pac et Biggie. Au détour d’une rime, placée en ouverture, le rappeur californien prétend même s’être tapé la femme de ce dernier. « I ain’t go no motherfucking friends / That’s why I fucked your bitch, you fat motherfucker. » Dans le foot, on connaît de supposés amis qui finissent par se tirer dessus par médias interposés à cause d’une histoire de cul. Allez donc demander à Wayne Bridge ce qu’il pense de John Terry, cet ancien ami qui a couché avec sa femme, l’a mise enceinte et a directement provoqué son retrait des Three Lions.


« Until The End Of Time »

En 2001, alors que la planète hip-hop semble toujours orpheline d’un phénomène de l’ampleur de 2Pac, Death Row Records continue de surfer sur l’aura et l’incroyable créativité de son défunt poulain en publiant le double album posthume, Until The End Of Time, réunissant une vingtaine de morceaux enregistrés originellement en 1996. Parmi les vingt-neuf titres retenus, il y a notamment le morceau éponyme, produit par Johnny J – avec lequel 2Pac a enregistré une centaine de titres en onze mois – et dans lequel il tient ce propos : « Comment ça se fait qu’à travers la misère qui règne et les temps difficiles / Un vrai pote ait peur de me demander de l’argent ? / Tu peux venir vers moi quand tu as besoin / Je ne partirais jamais / Honnêtement, je suis quelqu’un de confiance. » Un sens de la fidélité qui, quitte à en étonner certains, est encore présent dans le foot actuel. Prenons Totti : il n’a jamais porté un autre maillot que celui de l’AS Roma, n’a jamais cédé à l’appel du pied fait par le Real ou autre, a revu son salaire à la baisse en 2009 et accepte désormais de passer le plus clair de son temps sur le banc, sans coup de gueule ni crise d’ego. À croire que l’Italien a tout compris mieux que tout le monde.

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« Keep Ya Head Up »

Figurant sur son deuxième album, Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., « Keep Ya Head Up » est initialement dédié à toutes ces femmes qui « meurent à l’intérieur / Mais paraissent féroces à l’extérieur » . Cela dit, la portée du message, c’est la force des chansons de 2Pac, peut facilement s’appliquer à toute personne en situation délicate. Et, à ce petit jeu, Paul Baysse est de ces footballeurs dont on peut dire qu’ils ont su garder la tête haute. Et pour cause : en juillet 2013, de retour de blessure après six mois d’arrêt dû à une rupture des ligaments croisés du genou gauche, le nouveau défenseur stéphanois croit prendre un nouveau départ. Mais le destin est une saloperie qui s’accommode peu de la souffrance des gens : le 10 août, l’ancien Brestois est ainsi victime de la même blessure, au genou droit cette fois, lors d’un match amical face au Grenoble Foot 38. Heureusement, le bon « Paulo » a su rebondir à Nice depuis et montrer à tout le monde que, sans le moral, le football n’est rien.

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« I Don’t Give A Fuck »

Au tiers de son premier film, Juice, dans lequel il joue le chien fou Bishop, Tupac prononce ces mots : « Je suis fou, mais tu sais quoi ? Je n’en ai rien à foutre. » Dans la foulée, cette réplique devient culte auprès d’une communauté de fans qui s’amusent à la réciter en soirée. Juste comme ça, histoire de faire le beau. Dans la foulée, 2Pac publie surtout un premier album (2Pacalyspe Now) où l’on retrouve ce titre : « I Don’t Give A Fuck » . Inutile de dire que certains footballeurs sont passés maîtres dans l’art du « je n’en ai rien à foutre » . Avec quelques variantes, parfois, comme Makelele et son célèbre : « Brésil ou pas, m’en bats les couilles ! »

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« Definition Of A Thug Nigga »

D’abord publié sur la bande originale de Poetic Justice – long-métrage réunissant Janet Jackson et 2Pac –, « Definition Of A Thug Nigga » est par la suite réutilisé et remixé sur le premier album posthume de 2Pac, R U Still Down ? (Remember Me). Mais il est trompeur : ici, 2Pac ne définit en rien ce qu’il considère être la Thug Life, cette philosophie de vie, ce nouvel étendard du Black Power, ce « code moral pour les criminels » qui « régit la violence dans la rue » . Non, sur « Definition Of A Thug Nigga » , le rappeur s’adresse à tous ces Blacks qui roulent en Benz, s’allument des blunts, mènent la vie de bandits, mais essayent malgré tout de gagner leur vie correctement. Bref, des mecs inaptes à toute forme de rationalité, qui ne rentrent dans aucune norme, qui, l’air de rien, passent leur journée à écouter du hip-hop et qui, foncièrement, pourraient très bien avoir le profil de Balotelli. Après tout, si on risque de se régaler en L1 cette saison avec l’Italien, c’est aussi parce que le mec est imprévisible, habitué aux coups de folie comme aux gestes les plus dingues. Qui est plus est, il est régulièrement cité dans les textes de rap français, alors bon…


« All Eyez On Me »

À sa sortie de prison en octobre 1995, 2Pac est à la fois déçu et excité. Déçu parce qu’il vient de passer plusieurs mois derrière les barreaux pour une affaire de viol dont il dit être innocent, parce qu’il a le sentiment d’avoir été trahi par les siens et parce que l’enthousiasme provoqué par le mouvement Thug Life, sans doute trop lourd à porter pour ses jeunes épaules, a fini par être douché. Mais il est tout autant excité parce qu’il est enfin libre et qu’il vient de parapher un sacré contrat avec Death Row Records, suscitant aussitôt les plus folles attentes. D’où, probablement, ce titre : « All Eyez On Me » , qui n’est pas sans rappeler la pression médiatique que doivent subir les footballeurs à leur arrivée dans un nouveau club. On parie, par exemple, que Zidane n’a toujours pas oublié ce qu’il a subi en débarquant à Madrid en 2001.

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« Changes »

Si la classe politique, et notamment Sarkozy en 2009, a bien tenté de le récupérer, c’est surtout parce que Lilian Thuram incarne, volontairement ou non, modestement ou pas, une communauté minoritaire en France. Au point d’avoir l’impact de Frantz Fanon, Martin Luther King ou 2Pac sur la jeunesse noire ? Pas vraiment, mais qu’importe. Lui aussi, dans ses différentes interviews, ne « voit aucun changement » et aimerait remettre les plus défavorisés sur une « voie normale » , quitte à « changer notre manière de manger, changer notre manière de vivre, changer notre manière de nous comporter les uns envers les autres » . Dommage, finalement, que personne n’y croit le concernant. Et surtout pas Anelka, qui est allé jusqu’à comparer le recordman de sélections en équipe de France à un esclave ayant trahi les siens. Ambiance.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Maxime Delcourt

Maxime Delcourt est l’auteur de 2Pac, Me Against The World, à paraître le 20 octobre aux éditions Le Mot et le Reste.

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