- Culture
- Foot et Musique
Si les joueurs de foot étaient des légendes du rap
La plupart des joueurs de foot en activité n'étaient pas en âge de les écouter lorsque ces mastodontes étaient au top du hip-hop. Pourtant, les analogies sont bien là. Article garanti sans trap.
Rakim
Demandez à n’importe quel rappeur quel est le meilleur MC de l’histoire du hip-hop. La réponse claquera comme un scratch éxécuté sur un disque rayé : Rakim. Une énigme pour la jeune génération, qui n’ose pas contredire l’ancienne école, sans savoir grand-chose de la légende. Il faut dire qu’en dehors d’un album sorti en 2009, que tout le monde a poliment passé sous silence, l’homme qui a inventé le flow n’a rien sorti de sérieux depuis 1999. Du coup, tout le monde admet que personne ne l’a surpassé, sans vraiment avoir de moyens de le vérifier. Oui, comme Pelé.
Ice Cube
L’homme de South Central a commencé sa carrière AK-47 à la main, et biatch sur la banquette arrière, au sein de NWA, un groupe interdit d’antennes à la fin des années 80, tant les lyrics étaient hardcore. Mais il est loin, le temps où le glaçon hurlait « Fuck the police » en compagnie d’Eazy-E et Dr. Dré. Aujourd’hui, le Californien ravit les soccer-moms en faisant le pitre dans des comédies familiales. À tel point que son prochain film, Chrome and Paint, sera produit par Disney. Une trajectoire qui fait forcément penser à celle de Pepe, l’ancien boucher madrilène, qui n’a plus connu les joies de l’expulsion en club depuis décembre 2011.
Big Pun
Premier rappeur latino à choper un disque de platine, Big Punisher possède un autre record à son actif : celui de MC le plus lourd, au sens littéral du terme. 317 kg que son cœur a arrêté de supporter ce jour de février 2000, s’arrêtant de battre alors que son proprio n’avait que 28 ans. Une hygiène de vie déplorable qui aura également eu raison de George Best, abattu par l’alcool à 59 ans. Premier Gallois à obtenir un Ballon d’or après une première partie de carrière impeccable à Manchester United, « le cinquième Beatles » s’est ensuite perdu dans des clubs de seconde zone, indignes de son talent. Un peu comme quand Big Pun cachetonnait en apparaissant sur l’album de Jennifer Lopez.
EPMD
Erick and Parrish Making Dollars ont un vécu tourmenté. Le duo mythique de New-York s’est séparé deux fois, avant de se retrouver à chaque fois. Un peu comme ce couple qui s’accorde des pauses pour mieux se redécouvrir. À l’image de Luís Figo et Ronaldo, associés au Barça avant de se retrouver chez l’ennemi madrilène. Une recette qui fonctionne. Associés, le Portugais et le Brésilien ont remporté deux Ballons d’or, un chacun, tandis qu’Erick Sermon et Parrish Smith ont six disques d’or à exposer dans leurs mansions respectives.
EPMD sera en concert avec les Dead Prez, le 13 juin à Paris, au Cabaret Sauvage.
Nas
Un premier album, Illmatic, devenu classique parmi les classiques, puis plus rien, ou presque. La faute, principalement, à un enchaînement de mauvais choix. Enregistré alors qu’il n’a que dix-neuf ans, son premier opus, peut-être le meilleur album de rap de tous les temps, doit autant à la plume et au flow inquiétant du gamin du Queens qu’à des productions signées DJ Premier, Pete Rock, Large Professor, Q-Tip, Rockwilder ou encore Marley Marl. Des orfèvres que Nas ne croisera plus jamais sur sa route, en dehors du fidèle DJ Premier, présent sur quasiment chacun de ses albums suivants. Car en matière d’instrumentales, c’est peu dire que le MC a mauvais goût, laissant les Trackmasters, Timbaland ou encore will.i.am gâcher minutieusement ses performances au micro. Une courbe de carrière plongeante qui n’est pas sans rappeler celle de Robinho, en perdition depuis son arrivée en Europe, après avoir enflammé les débuts de Youtube sous la tunique de Santos.
2Pac
L’aisance lyricale du rappeur au bandana ne devait rien au hasard. Scolarisé au lycée à Baltimore, dans une classe artistique où il pratiqua entre autres le ballet, 2Pac n’a pas lu que du Machiavel, durant ces trois années. Tout Shakespeare y est passé, ainsi qu’une bonne partie du répertoire classique. Des milliers de pages tournées, dont l’héritage se retrouve dans les textes ultra élaborés qui composent l’œuvre dantesque de l’artiste assassiné à 25 ans. La lecture, c’est également ce qui a permis à Sócrates d’élaborer la fameuse Démocratie corinthiane dans les 80’s. Mais si la lecture permet de lutter contre le pouvoir, elle pousse visiblement le destin à vous faire disparaître trop tôt. À seulement 57 ans, le frangin de Raï, qui partageait avec 2Pac l’amour du cognac, nous a quittés en 2011.
Eminem
Quand le Real Slim Shady se connecte à Twitter, c’est pour promettre de mettre deux coups de poing dans le – plutôt – joli minois de Lana Del Rey. Ou entamer un clash avec Iggy Azalea, qu’il menace de violer. De quoi s’attirer l’admiration de Mory Diaw, le jeune gardien du PSG, épinglé il y a quelques jours pour des gazouillis peu amènes. La vraie question étant de savoir s’il y a « de la chatte à Detroit » .
Dr. Dre
Pour la cinquième année consécutive, le magazine Forbes classe le doc parmi les cinq rappeurs les plus riches de la planète. Cette année, il talonne même P Diddy et devance Jay-Z. Ce qu’on appelle « vivre sur ses acquis » , pour un mec qui n’a pas sorti un album depuis 1999 et son classique 2001. Alors certes, l’ancien membre de NWA doit une bonne part de sa fortune à Beats, sa marque de casques audio, en partie vendue à Apple. Mais ces appareils auraient-ils autant de succès s’il n’était pas signé par Dre ? Pas sûr. De la même manière, Hatem Ben Arfa aurait-il eu une telle carrière sans le buzz créé par son passage dans le doc À la Clairefontaine et le transfert ultra médiatisé à Lyon qui a suivi ? Aujourd’hui encore, et malgré un paquet de saisons anonymes, l’homme de Clamart suscite l’attente. À l’OGC Nice d’en profiter.
Mobb Deep
Il y a déjà vingt ans, The Infamous, le second LP du duo de Queensbridge, venait traumatiser les oreilles de toutes les hip-hop heads du globe. Productions aussi sombres que lourdes, flows hypnotiques et textes qui sont tout sauf une invitation à visiter les bas-fonds dans lesquels évoluent Havoc et Prodigy, l’album ne s’écoute pas avec le sourire. Ce qui devrait convenir à Stéphane Ruffier, le portier des Verts, dont personne n’a jamais vu la dentition.
Par Mathias Edwards