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Si les jeux de société étaient des équipes de foot
Ils en ont traumatisé certains, passionné d’autres, mais n’ont jamais laissé personne indifférent. Sortis des placards et des greniers depuis le début du confinement, les jeux de société ont créé autant de guerres familiales que les matchs de foot. Peut-être plus. Mais à quelles équipes de foot ressemblent les plus iconiques d’entre eux ?
Monopoly = Le Real Madrid V1 de Zinédine Zidane
Pas de grande équipe de foot sans taulier. Pas de partie de Monopoly sans banquier. Généralement, celui qui prend possession de la banque est le plus fort/la plus forte de la maison. Au hasard un grand frère préférant la castagne au dialogue ou une grande sœur adepte de la manipulation psychologique. Est-ce qu’on connaît personnellement Sergio Ramos ? Non. Est-ce qu’on est sûr qu’il faisait la banque au Monopoly ? Oui. Classique parmi les classiques, connu et apprécié dans le monde entier, le Monopoly n’est peut-être pas le meilleur en valeur absolue, mais il est celui qui a réussi la meilleure équation qualité + renommée + mondialisation. Un jeu où on s’embrouille pour un oui ou pour un non, lors duquel il n’est pas rare de mettre un petit coup de pression à l’arbitre ou à l’adversaire, mais aussi et surtout des parties épiques qui bâtissent des victoires qui marquent une famille pour l’éternité. L’histoire, en somme.
UNO = L’Atlético de Madrid de Diego Simeone
La quintessence de la violence du jeu de société. Une création du diable qui annihile toute notion d’amitié, de lien du sang ou d’amour. Un jeu qui n’en a que le nom où une célébration de victoire les mains sur les testicules serait presque jugée fébrile. Le Uno, c’est de l’intensité et de la bagarre de la première à la dernière minute de jeu. Le Uno, c’est deux objectifs : gagner peu importe la manière et détruire son adversaire, moralement ou physiquement, les deux étant le mieux. Spectaculaire pour certains, répétitif pour d’autres, ce jeu ne laisse personne indifférent et a le respect de tous. Surtout de ceux qui posent la dernière carte.
Risk = L’OM de Marcelo Bielsa
Le meilleur jeu pour les romantiques et intellectuels. Le jeu de plateau surcoté par excellence pour les pragmatiques. Il y a dans le Risk un rituel qui va presque au-delà du combo café-glacière de Marcelo Bielsa. Un rite de famille dominical où déjà, entre le plat et le dessert, on sent que ça chauffe un peu comme au stade Vélodrome quelques heures avant un match dirigé par le technicien argentin. Puis il y a de la réflexion. Beaucoup de réflexion. Le Risk, c’est la philosophie même du jeu de société, un truc de puriste, où la victoire se mérite et, surtout, où la défaite peut être belle. Malheureusement, il arrive qu’on n’aille pas au bout de la partie de Risk. Et même si l’heure du goûter est une meilleure sortie qu’une conférence de presse post-match face à Caen, ça laisse un sale goût d’inachevé en bouche.
Qui est-ce ? = Le Toulouse de Pascal Dupraz
Des visages familiers qui deviennent une source de motivation. Un trombinoscope aberrant, mais un casting réussi. Comment oublier Joe et ses lunettes rouges ? Sam, sosie officiel de Michel Sapin ? Comment oublier Ali Ahamada ? Pantxi Sirieix ? Le Qui est-ce ? est avant tout un jeu psychologique. Une guerre mentale face à son adversaire où l’unique but est de rentrer dans son cerveau pour savoir ce qu’il compte faire. Un jeu grisant quand on y joue une fois, mais qui devient vite répétitif. Un jeu peu spectaculaire où seul un véritable coup d’éclat sur une question folle ou un coup franc de Yann Bodiger peut véritablement procurer l’once d’un frisson. Clairement, le Qui est-ce ? est un classique, mais pas le classique que l’on redécouvre avec plaisir. Où alors juste pour faire une partie, histoire de.
Cluedo = Les Bleus de Didier Deschamps
On reconnaît ceux qui marquent l’histoire à leur présence dans les conversations banales les plus loufoques. À ce petit jeu, Benjamin Pavard, devenu élément du langage populaire, côtoie aisément le colonel Moutarde, et sa demi-volée sera, à vie, son chandelier. Jeu iconique, mais pas spectaculaire, le Cluedo est une ode à l’analyse de l’adversaire, la patience et la capacité à s’adapter. Un jeu que l’on ne gagne pas sans prendre de notes ou sans être capable de rebondir. Un jeu dont le côté plaisant réside essentiellement dans le fait de gagner et d’être détesté des autres. Un jeu auquel Didier Deschamps doit être excellent.
Hippo Gloutons = Le Stoke City de Tony Pulis
Tout pour le spectacle. Hippo Gloutons est le jeu du peuple par excellence. Celui auquel tous les membres de la famille peuvent participer, peu importe leur âge, leur sexe et leur intelligence. Un jeu avec pour seule conception tactique la folie, les efforts et l’impact. Un jeu où le ressenti prime sur la réflexion. Un divertissant vite lassant, mais un véritable défouloir qui a le mérite d’exister.
Mille bornes = Le Wimbledon de Bobby Gould
Il y a, dans l’amour du Mille Bornes comme dans celui du Wimbledon de la fin des 80s, un côté vieux jeu et une addiction au vintage. Le Mille Bornes, c’est un moment où des participants ont décidé de se regarder les yeux dans les yeux sans se mentir. Un instant où on ne vit que pour et par la petite saloperie – un tacle glissé ou une crevaison. Un divertissement pas franchement tactique où l’on se contente de poser les cartes les unes après les autres à partir du moment où l’arbitre a donné le feu vert. Un jeu qui vit par l’anti-jeu quand on sait que les plus Vinnie Jones d’entre vous n’hésitent pas à garder toutes les cartes réparations ou les feux verts après avoir créé l’accident. Oui, le Mille Bornes, c’est une belle histoire à raconter à ses enfants. Celle où on leur dit pour la première fois que la vie a l’air simple, mais qu’elle n’est pas toujours très juste.
Docteur Maboul = Le FC Barcelone de Pep Guardiola
Un grand classique. Détesté des parents, apprécié des enfants, le Docteur Maboul, c’est avant du bruit et des gestes dans tous les sens. Un jeu dans lequel on hésite pas à prélever des parties du corps même si ça fait parler et où la force est dans la répétition des gestes et la technique au-dessus de la moyenne. Si la force du Docteur Maboul est reconnue par tous les aficionados des jeux de société, ils sont unanimes sur sa principale faiblesse : plus on perd de pièces du jeu (on dira qu’Iniesta est l’élastique super dur à enlever et Xavi le papillon dans le ventre), plus celui-ci perd en intérêt, jusqu’à en devenir injouable. Léo, tu sais ce qu’il te reste à faire.
La Bonne Paye = Le PSG post 2012
Nombreux sont les hatersde La Bonne Paye. Pour beaucoup, il s’agit d’un « sous-Monopoly ». Qualifié par Wikipédia de « mélange entre le jeu de l’oie et le Monopoly », La Bonne Paye se voit souvent reprocher son manque d’identité. Et pourtant, ce jeu a un style bien à lui. Un calendrier surchargé, des questions d’argent systématiques et des cartes et interactions dont le talent et le caractère sont souvent au-dessus de celles que l’on trouve dans le Monopoly ou les autres jeux de société. Alors oui, il manquera toujours quelque chose à La Bonne Paye pour qu’on le considère comme l’un des meilleurs jeux du monde, mais on ne l’empêchera jamais d’être dans la conversation. Et c’est là sa victoire fondatrice.
Scrabble = La France de Michel Hidalgo
« Mais pourquoi ils font ça ? » Quel enfant ne s’est pas un jour demandé ce que faisaient les adultes au moment où ils posaient sur ce plateau vert ces carrés frappés d’une lettre et d’un petit chiffre comme si c’était sympa ? Quel adulte ne s’est pas rendu compte des vertus de sagesse, de richesse et surtout de technicité qui font le sel du Scrabble ? Un jeu qui s’apprécie comme le bon vin, avec le temps, et dont on se dit qu’il était peut-être fondateur pour la suite du game des jeux de société. À ce divertissement qui permet de faire du lien entre les générations, on ne peut que dire merci.
Par Swann Borsellino