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Si les footballeurs étaient des cuites…

Par Gabriel Cnudde et Raphael Gaftarnik
8 minutes
Si les footballeurs étaient des cuites…

On a beau les regretter chaque lendemain matin, on continue inlassablement à se les infliger chaque semaine, voire même chaque jour pour les plus téméraires (ou alcooliques). Une cuite, c'est souvent rigolo, parfois terrible et quelques fois, c'est propre. Au fond, une cuite, c'est comme le jeu d'un footballeur.

La Cyril Rool

Habitué des soirées depuis votre plus jeune âge, vous connaissez bien les exigences du monde professionnel. Vous avez vos adresses, et tout le monde vous connaît. Malheureusement, si les gérants des bars et des établissements de nuit vous connaissent si bien, c’est que vous leur faites terriblement peur. Vous enchaînez les pintes de bière et les verres d’alcool fort avec un engagement incroyable. Souvent, au milieu de votre folle soirée, le barman vient vous avertir : « Attention Cyril, tu y vas un peu fort, tu sais comment ça va se terminer pour toi… » Mais vous n’en avez que faire et continuez. Au final, vous finissez dans les bras des agents de sécurité, expulsé de la boîte après avoir vomi sur le comptoir. Le pire dans tout ça, c’est que vous recommencez chaque semaine.

La Freddy Adu

Des semaines qu’elle hante l’esprit, qu’elle déchaîne l’imaginaire. Cette cuite est même une fin en soi. Parce qu’elle promet d’être grandiose, entre orgie de vodka et défilé de petits postérieurs rebondis. Pire, des efforts ont été faits pour la préparer : repos la nuit précédente, gros repas le midi, achat des stocks la veille. Non, cette race tant attendue ne doit pas souffrir du hasard. Et c’est peut-être bien là le problème. Car à force de faire et refaire le match avant même de l’avoir joué, elle s’avère décevante. L’ambiance n’y est pas, la soirée décolle à peine, et les verres qui s’accumulent dans le gosier ont tout au plus un effet anesthésiant. Pire, un sentiment envahit l’assemblée : et si, finalement, la murge annoncée comme mémorable avait perdu de son charme, car porteuse de trop d’espoir ? D’ailleurs, un homme de goût vous le dira sans détour : la meilleure biture est celle qui n’est pas planifiée.

La Cristiano Lucarelli

Chaque pays connaît une variante de sa tournée des bars. Les jeunes Anglais raffolent des pubs golf, pendant lesquels de joyeux pocherons ont des objectifs à remplir en dessous d’un par. Les Québécois ont bien évidemment leur mot pour définir cette soirée qui ne déplairait pas à Cristiano Lucarelli : le barathon. L’attaquant italien a effectivement arpenté les différents clubs (douze au total) comme un étudiant en manque arpente les bars (douze au total) et a enchaîné les matchs (519 au total) comme un groupe d’enterrement de vie de garçon enchaîne les shots (519 au total). Bien évidemment, comme l’attaquant s’est plus attardé dans certains clubs où il se sentait bien, les compagnies en quête du bar parfait peuvent marquer un arrêt plus long dans un bar où de braves compagnons se ressourcent eux aussi. De toute façon, à la fin de la soirée, tout le monde se retrouve toujours dans le même caniveau.

La Solskjær (ou Nicolas super Seube)

Jusque-là, tout allait bien. Quelques pintes descendues pour chauffer la gorge, un petit verre d’alcool fort pour lâcher les chevaux : rien de bien dangereux pour le réveil du lendemain. Sauf qu’il a fallu en passer par un dernier bar. Et là, derrière le comptoir, ce barman aux cheveux mi-longs et gras, ami de l’un des convives, s’est lancé dans une expédition punitive à coups de shots. Lui pensait simplement faire plaisir, offrant ses délices vomitifs et aromatisés au sirop bon marché pour terminer le service en beauté. Sauf qu’au bout de cinq vodka/jet, l’assistance vacille autant que ce taux d’alcoolémie, pourtant maîtrisé avec force tout au long de la soirée. Dès lors, le retour jusqu’au domicile va s’avérer plus ardu. La tête chavire, les jambes se cotonnent, tandis que la menthe revient chatouiller la glotte. Une sensation désagréable d’autant qu’il n’aura fallu que cinq minutes à l’alcool pour anéantir les efforts d’une équipe adverse ayant joué la sobriété. Allez, un vomi, et Ole !

La Grégoire Puel

Qu’elle soit grande, petite, unie ou éparpillée aux quatre coins du monde, une famille est amenée à se réunir plusieurs fois dans l’année. Que ce soit pour un anniversaire, Noël ou le Nouvel an, ces réunions donnent souvent lieu à de grands repas, avec beaucoup de mets délicats, mais aussi beaucoup d’alcool. Et dans ces moments-là, il n’est pas rare que le petit jeune de 17 ans, Grégoire, bien aidé par son grand-père qui lui ressert discrètement un verre quand papa a le dos tourné, abuse un peu des délices de Bacchus. Le digestif passé, le novice commence souvent à flirter avec sa cousine éloignée, persuadée que tout ira bien. Généralement, le lendemain matin, les conséquences des repas de famille sont lourdes : un énorme mal de crâne, une cousine traumatisée et une titularisation en Ligue 1 à 17 heures.

La Rivaldo

Quelle soirée ! Après un début en douceur, tout s’est déroulé comme sur des roulettes. Quelques verres enchaînés chez des amis, trois autres dans le bar du coin où cette jolie blonde a dégainé son numéro, une conso gratuite offerte avec l’entrée en boîte de nuit où cette brune potable t’a offert un baiser langoureux : l’éclate est à son firmament Tellement que lorsque les lumières se rallument, l’envie de continuer se fait ressentir. Pourtant, la montre affiche 5h30 du matin, le corps est flétri par les vapeurs d’alcool. Mais les bonnes choses se doivent d’être poussées jusqu’à leur maximum. Alors, au milieu de piliers de bar qui sifflent un Ricard en grattant la grille d’Amigo, un dernier verre tombe. En le regardant, une étrange sensation de plénitude mêlée de nostalgie envahit le fêtard. Oui, le meilleur est passé. Mais dans cette dernière goutte, il reste un peu de la saveur d’une longue nuit passée à danser, amuser, fasciner. 6h20, le soleil se lève. Et si les plus belles heures sont derrière, le plaisir de l’enivrement peut bien durer encore une heure.

La Abou Diaby

Un dossier de compta qui oblige à rester après 19h, un cours de djembé péruvien qui se prolonge, une flemme d’adolescent captivé par internet, et voilà que la soirée commence plus tard que prévue. Les potes sont déjà alignés en rang d’oignon, la bouteille de sortie, les rires aussi. Pour se mettre dans l’ambiance, il faut donc commencer sans plus attendre. Et qu’importe le ventre qui gargouille : manger à cette heure et risquer une digestion somnolente, c’est renoncer. Dès les premières doses de liqueur qui s’infiltrent jusqu’à l’estomac, la sensation de faim n’existe d’ailleurs plus. Mieux, il ne suffit que de deux verres pour rallier l’euphorie générale. Rapide, économique, sympathique. Mais 2h30 plus tard, c’est la débandade. Le regard se fait trouble, les yeux vitreux, la tête lourde : oui, le dieu de la faim exprime son courroux en passant par toutes les entrailles de votre corps. Avant de provoquer la chute. Dégobillage, rapatriement sur civière (très fréquent chez les frêles jeunes filles en mal de sensations) et indisponibilité de quelques semaines. Car oui, la cuite provoquée par un manque de préparation est l’une des plus douloureuses.

La Jérémy Morel

Il est 17 heures et le téléphone de Jérémy sonne pour la dixième fois en dix minutes. De l’autre côté du fil, son pote, qui le harcèle pour sortir. « Allez quoi, ça va être bien, déconne pas ! » , lui dit-il. Seulement voilà, Jérémy ne veut pas sortir. Cette soirée, il ne la sent pas. Mais au bout de la 368e requête de son ami, Jérémy craque et signe pour une nouvelle sortie. Deux heures avant de sortir, Jérémy s’auto-persuade que la soirée sera bonne, comme les Lyonnais se sont convaincus que Morel était un grand joueur, bien aidés par les Marseillais. Convaincu de passer une bonne soirée, Jérémy savoure son premier verre. Avant que la réalité ne le heurte de plein fouet : bar vide, bière Kronenbourg, copain un peu chiant. Cette soirée est nulle. Consterné, Jérémy continue à lentement se détruire gosier et foie avec cette « pisse de chat » . Le lendemain, tout n’est que regrets et déception. Et le pire, c’est qu’il le savait bien avant de partir de chez lui.

La Anthony Martial

Celle-ci, personne ne l’a vue venir. Il s’agissait juste d’aller prendre un verre, en sortie de boulot, en sortie de cours, histoire de se détendre après une journée de dur labeur. Mais il faut croire que tout le monde a été pris de la même envie. Le premier verre en a appelé un deuxième, puis le nouvel arrivant à la table en a convoqué un troisième. Et l’envie de transgresser les règles s’est fait sentir. Pourquoi ne pas s’en coller une en pleine semaine alors que personne ne l’avait prévu ? De bar en bar, de rires en rires, la fête fut splendide, voyant chacun de ses participants atteindre le top de sa forme et même oser s’attaquer aux plus belles nanas postées dans l’arrière salle. Désinhibé, il n’aura fallu que quelques mots et une dose de ce talent jusqu’alors bien caché pour atteindre les sommets en ramenant la splendide à la maison. Oui, la cuite inattendue est bien celle qui réserve les surprises les plus charmantes.

La Ajax 74

D’après une légende vieille comme le monde, il arrive qu’une soirée soit touchée par la grâce. Une fois par an, parfois plus, des personnes se réunissent dans un seul et unique but : faire la fête sans modération. Alors tout le monde boit, tout le monde rigole et tout le monde finit dans le même état. Personne pour dire « désolé je ne bois pas » ou encore « non, mais vraiment boire pour s’amuser, c’est stupide » . Non, tout se passe pour le mieux et le lendemain matin, même si la totalité des ouvriers des entreprises de construction de la région ont sorti les marteaux piqueurs dans la tête des convives, ces derniers n’ont en mémoire que des souvenirs exceptionnels qui traverseront les âges et entreront dans la légende.

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